La politique énergétique entre les mains des collectivités territoriales
L’incident nucléaire de la centrale Japonaise de Fukushima-Daiichi a relancé le débat sur la sécurité énergétique. En France, les collectivités territoriales doivent s’impliquer et apporter leur contribution au changement de politique énergétique. Ce sujet est devenu incontournable à un an de la campagne présidentielle. Il déchaine les passions et multiplie les débats d’experts, alors que les Français attendent des réponses précises. La sortie du nucléaire reste au cœur de la polémique, mais au-delà des clivages pour ou contre le nucléaire, cet évènement montre que notre modèle de production centralisé est extrêmement vulnérable alors qu’il constitue la norme dans la plupart des pays développés. En France, les collectivités territoriales doivent s’impliquer et apporter leur contribution au changement de politique énergétique.
La production d’énergie centralisée, un modèle qui a soutenu la croissance des 30 glorieuses
Le dysfonctionnement des centrales de forte puissance, comme l’illustre l’accident de Fukushima, a un impact économique et humain extrêmement important. Lors du séisme Japonais du 11 mars, plus de 10 réacteurs nucléaires ont été stoppés ou endommagés, privant Tepco et Tohoku Electric Power, deux des plus importantes compagnies d’électricité au Japon, de près de 25% de leur capacité de production. Immédiatement plus du quart du pays, bien qu’en majorité épargné par le séisme s’est trouvé sans ressources énergétiques. Aujourd’hui, malgré une remise en route progressive de certains de ces réacteurs, une partie du Japon se trouve encore soumise à des coupures de courant pour une durée indéterminée. Pour faire face, l’agglomération de Tokyo est notamment contrainte d’organiser des rotations de coupures dans ses différents quartiers.
En France, la production électrique est assurée à plus de 75% par 58 tranches nucléaires qui sont groupés sur 19 sites seulement. Si la reproduction du scénario de Fukushima est peu vraisemblable, d’autres en revanche le sont beaucoup plus. Le changement climatique provoque en France la multiplication d’épisodes extrêmes et les risques de sécheresse ou d’inondation sont d’ors et déjà étudiés de près par les autorités de sureté. Dans ces scénarii, l’arrêt d’une ou plusieurs centrales de façon concomitante est alors tout à fait envisageable. La France, ne peut faire l’économie d’une réflexion sur la nécessaire adaptation de son modèle énergétique. Quels sont les leviers disponibles ? Quels acteurs peuvent les actionner ?
Les collectivités territoriales, un rôle central dans le développement de la production « diffuse »
Signe évident d’une véritable prise de conscience du pouvoir citoyen, les votes du conseil régional de Franche-Comté le 29 mars 2011 et du conseil municipal de Strasbourg le 11 avril 2011 ont décidé à une écrasante majorité la demande de fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Ainsi, si le rôle de l’Etat reste prédominant dans la définition des grandes orientations énergétiques de demain, l’implication des collectivités territoriales et des citoyens est décisive. Depuis la loi de décentralisation en 2004 et grâce aux Plan Climat Energie Territoriaux, l’avenir énergétique de la France est en grande partie entre les mains des collectivités.
L’échec du plan climat national a montré que des courroies de transmission, et la décentralisation des décisions à l’échelon local sont indispensables. Les collectivités ont des moyens assez larges qu’elles peuvent décliner à tous les niveaux de territoire pour sensibiliser le plus grand nombre et lancer les actions nécessaires. Le passage d’un modèle de production centralisé à un modèle de production diffuse est entre leurs mains, car ce sont elles qui maitrisent le développement de leurs territoires. Cependant, la réponse est complexe, et au-delà du développement des Energies Renouvelables, les collectivités devront également travailler sur l’efficacité énergétique et l’intelligence des réseaux pour soutenir le modèle diffus.
Les engagements sont pris pour 2012 : le rôle de concertation accordé aux collectivités et la réalisation des Plans Climat Energie Territoriaux constituent les prochaines étapes cruciales. Les enjeux sont clairs : l’indépendance énergétique territoriale et individuelle, ainsi que le respect des objectifs environnementaux.
J. Richard, 27 avril 2011, SIA Partners
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