Idex se positionne pour décarboner de grandes chaufferies de l’Hexagone avec du granulé
Article paru dans le Bioénergie International n°95 de février 2025

La plateforme de Gellainville est sur les rails pour un grand avenir, photo Idex
Fondée en 1963, Idex est une entreprise française de services qui intervient dans le domaine de l’énergie pour les bâtiments, les collectivités et l’industrie. Forte de près de 6300 collaborateurs, en 2024, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 2,16 milliards €. Depuis longtemps, la biomasse fait partie de ses priorités de développement dans le cadre des objectifs de décarbonation de l’économie. Depuis 1990, elle exploite l’usine de méthanisation de la ville d’Amiens. Depuis 2000, elle développe activement la première des énergies renouvelables : la biomasse. Aujourd’hui, le Groupe valorise plus de 1,5 million de tonnes de biomasse par an, sous la forme de plaquettes forestières principalement. Son portefeuille biomasse et déchets compte aujourd’hui dans l’Hexagone, 14 Unités de Valorisation Energétique de déchets, 4 centrales de cogénération bois, une dizaine de chaufferies industrielles à bois, une cinquantaine de réseaux de chaleur biomasse et quelques centaines de petites chaufferie à bois ou granulés. Citons parmi les plus emblématiques les centrales de Brignoles dans le Var, Kogeban et CBEM dans la Somme, et les chaufferies de Givors, Rezé, Annecy, Soissons, Bischwiller ou encore Mailly-le-Camp. C’est sa filiale Idex BioRessources, IBR, qui s’occupe de l’approvisionnement et de la recherche et développement biomasse. IBR a passé son audit ISCC / SGS en février 2024, ce qui atteste de la durabilité de ses approvisionnements biomasse conformément aux obligations de la directive européenne RED II. Et ces toutes dernières années, un combustible biomasse progresse dans le mix énergétique d’Idex : ce sont les granulés.

La plateforme logistique de Gellainville by night, photo Idex
Une référence majeure à La Défense
En 2023, Idex, concessionnaire du réseau de chauffage urbain de La Défense, a mis en service deux chaudières de 22,5 MW fonctionnant aux agropellets, pour la décarbonation du réseau, à la demande formulée en 2018 par son autorité concédante, le syndicat Generia. Ces installations consommeront à terme 30 000 tonnes de granulés par an.

Chargement d’agropellets à Gellainville pour la chaufferie de le Défense, photo Idex
C’est pour répondre aux contraintes de forte densité urbaine, d’acheminement par le rail et de réutilisation de chaudières existantes, que le granulé a été choisi. La nature agricole des granulés a quant à elle été dictée par le souhait de la collectivité de favoriser les circuits courts pour réduire au maximum l’empreinte carbone de l’énergie produite. Or, c’est la biomasse agricole qui était la plus disponible dans le périmètre de la chaufferie.
L’une des entreprises retenues pour produire les agropellets, la Sodem, est située près de Dreux, à 60 km à vol d’oiseau de la chaufferie. Et pour stocker, conserver ses qualités et acheminer par train ce combustible, Idex a investi 10 M€ pour l’acquisition et la transformation d’une plateforme logistique à Gellainville près de Chartres à 90 km de La Défense.

Poste de chargement d’agropellets à Gellainville, photo Idex
À Gellainville, une logistique à forte capacité et fort potentiel sur les rails
Afin de garantir un approvisionnement sans faille de la chaufferie de la Défense, en 2022, les équipes d’Idex, supervisées par Xavier Collin et Paul-Antoine Bigot, ont a mis en place son site logistique de Gellainville. Avec une forte capacité initiale de stockage, il est à la fois proche de l’usine de production des agropellets, proche de la chaufferie de la Défense et connecté au rail. Un plan de trasnport (nombre de wagons, dimensions, horaires…) a été élaboré avec la SNCF et l’opérateur Captrain sur l’un des réseaux ferroviaires les plus fréquentés de France puisqu’il accueille les trains de voyages.

Les 10 silos de Gellainville peuvent contenir 60 000 tonnes de granulés, photo Idex
La plateforme multimodale s’étend sur 9,2 hectares, dispose de 10 silos de 9 600 m3 chacun, chaque silo pouvant contenir 6000 tonnes de granulés. Idex et l’équipementier SET France y ont mené des travaux imposants de mise en sécurité, d’amélioration des performances de manutention et de maintien de la qualité des produits en termes d’humidité et de poussière, la plupart du temps sous conditions AtEx. Au-delà même des besoins de la chaufferie de La Défense, cet investissement est très largement dimensionné et dispose d’un foncier important et donc de grandes possibilités d’agrandissement. Il a été pensé comme un outil stratégique à même de concentrer des biomasses agricoles, à faible coût d’acheminement, à bilan carbone faible, car situé au cœur d’une grande région céréalière. Et de par sa liaison ferroviaire, il est aussi en capacité d’accueillir à bon compte d’autres granulés, y compris de bois, ou d’en produire lui-même sur place. Car l’objectif d’Idex est de faire du site de Gellainville une plaque tournante pour les granulés biocombustibles, avec la capacité de les acheminer facilement par rail vers des chaufferies sur tout le bassin parisien, la Normandie, les Hauts-de-France et le Centre-Val-de-Loire.

Depuis la gauche, Jean-Philippe de Sainte-Maresville, AMO entreprise SET, Xavier Collin et Paul-Antoine Bigot, responsables Biomasse Idex, photo Idex
Dans les starting-blocks pour alimenter le réseau de chaleur de Paris
La chaufferie de La Défense n’est pas la seule grande chaufferie d’Île-de-France à consommer du granulé. Dès 2016, la chaufferie de Saint-Ouen-sur-Seine, qui avec ses plus de 500 km de réseau alimente la Ville de Paris, incorpore des granulés de bois dans deux grandes chaudières de 225 MW chacune, soit dix fois la puissance des chaudières à agropellets de La Défense ! Et à Saint-Ouen, la consommation de granulés ne se compte pas en dizaines de milliers, mais en centaines de milliers de tonnes par an, avec une logistique également ferroviaire.

Chargement de granulés à Gellainville, photo Idex
Dans la poursuite de la décarbonation de cette chaufferie de 1200 MW, pour laquelle la Ville de Paris vise le 75% EnR&R dès 2030, tout l’enjeu pour les exploitants de chauffage, est que le contrat de concession, conclu en 1927, il y a presque 100 ans, et modifié 14 fois par avenants, arrive à son terme le 31 décembre 2026. Et cela sachant par ailleurs que pour la prochaine concession, le Conseil de Paris de décembre 2021 a approuvé le principe, de recourir à une société d’économie mixte à opération unique, une SEMOP, une entité juridique où le maître d’ouvrage public garde accès aux décisions tout au long du contrat. Ce système de gestion partagée a été inauguré pour la première fois par la ville de Dole dans le Jura en 2015 dans le domaine de l’eau. Et la première SEMOP dans le domaine du chauffage a été conclue avec la ville d’Amiens pour la gestion de sa chaufferie biomasse en 2017. La plateforme de Gellainville, et ses granulés Made in France aux portes de Paris, constituent donc une pièce maîtresse dans la grande partie d’échecs qui se joue désormais depuis quelques années pour décrocher le contrat de chauffage décarboné du siècle !
Contact : Idex BioRessources : 01 47 12 42 12 – bioenergies@idex.fr – www.idex.fr
Frédéric Douard, en reportage à Gellainville
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