Et si on supprimait les subventions aux énergies fossiles ?
Avec un baril qui a atteint 90 dollars le 5 janvier 2011, les cours du pétrole sont repartis à la hausse avec une répercussion sur les prix à la pompe. Dans les pays développés comme dans ceux en développement, le tarif de l’énergie est une question politique très sensible. Même si le consommateur ne le perçoit pas suffisamment, les Etats subventionnent largement les énergies fossiles.
Au Cameroun par exemple pour maintenir les prix inchangés, le gouvernement a décaissé près de 140 milliards de FCFA (soit 215 384 615 euros). D’après l’Agence Internationale de l’Energie, au niveau mondial, les subventions aux énergies fossiles ont représenté 312 milliards de dollars en 2009. Le paradoxe est que le montant des aides est plus élevé dans les pays exportateurs de pétrole. Ceci s’explique par la volonté politique de maintenir les prix bas malgré l’évolution des cours du brut. Il est en effet difficile pour les citoyens des pays producteurs de l’or noir d’acheter des énergies fossiles très chers alors qu’elles sont produites dans sur leurs territoires. Mais est-ce vraiment une bonne solution que les prix à la pompe ne reflètent pas le prix réel du marché.
Subvention des énergies fossiles = aide aux plus pauvres : tordre le cou à une fausse bonne idée
Presque tous les décideurs en sont convaincus : la subvention aux énergies fossiles est une aide indispensable à l’accessibilité énergétique des populations les plus démunies. Malheureusement la situation est plus complexe et crée parfois l’effet contraire recherché. Prenons le cas du Tchad qui dépense près de 100 000 euros par jour pour ses besoins énergétiques alors même qu’il est producteur de pétrole. Ceux qui profitent le plus des subventions sont logiquement les mêmes qui consomment le plus d’énergie. Il s’agit en général des citoyens qui ont un pouvoir d’achat et les revenus les plus élevés : détenteur de véhicule 4×4, maisons climatisés, consommateurs de matériels électriques et électromagnétiques. On notera que ces derniers se trouvent principalement dans les grandes villes comme N’Djamena. Pour les populations rurales qui consomment peu d’énergie, elles bénéficient donc moins des subventions.
De Plus, à cause du transport du carburant des centres urbains vers les zones reculées et enclavées, les ruraux achèteront le pétrole lampant plus cher que des urbains qui n’ont pas accès à l’électricité. Même les pauvres des villes sont plus avantagés que les habitants des villages. La production électrique à partir des groupes électrogènes présenterait les inégalités similaires selon qu’on soit en ville ou en campagne à cause des raisons évoquées. Les chiffres confirment ces observations. D’après le FMI, en Afrique, 65 % des subventions énergétiques profitent aux 40 % les plus aisés de la population. Mais les avantages procurés par les subventions varient aussi sensiblement d’un produit à l’autre. Les subventions à l’essence sont les plus régressives : plus de 80 % de l’aide qu’elles apportent bénéficient aux 40 % de la population les plus riches.
Les inconvénients de la subvention
En plus de l’inéquité pauvre/riche fasse aux aides, les subventions aux énergies fossiles présentent de nombreux autres inconvénients…..
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