Energia Thiérache vise à augmenter de 50% sa production de biométhane par méthanation de son bioCO₂

Le site pilote Denobio à Lesquielles-Saint-Germain, photo Enosis
La société toulousaine Enosis a inauguré le 20 mars 2025 le démonstrateur industriel Denobio, une installation pionnière réalisée chez un producteur de biométhane des Hauts-de-France, la société Energie Thiérache située sur la commune de Lesquielles-Saint-Germain, dans le département de l’Aisne. Alimentée à partir de matières organiques d’origines agricoles (ensilage de cultures intermédiaires à vocation énergétique, cultures énergétiques et pulpes de betteraves), l’unité de méthanisation produit 570 Nm³/h de biogaz composé à 55% en moyenne de biométhane. Le projet de méthanation vise à accroitre la production de méthane en valorisant le CO₂ issu de la purification du biogaz produit sur le site. Cette mise en service est un jalon important dans l’industrialisation du procédé de méthanation biologique conçu par Enosis. Ce pionnier français du recyclage du CO₂ en gaz et carburants renouvelables a mené plus de dix années de recherche et de développement technologique pour aboutir à la mise en service de la première installation de ce type en France.
Une technologie de production de gaz vert et de stockage d’électricité
La méthanation consiste à combiner de l’hydrogène et du CO₂ dans des conditions de température et de pression élevées pour produire du méthane. Cette solution n’est pas nouvelle puisqu’elle a été découverte par deux chimistes français, Paul Sabatier et Jean-Baptiste Senderens, sous le nom de réaction de Sabatier, ou procédé Sabatier, en 1897 ! Ce processus a depuis également été appelé hydrogénation du CO₂ en méthane ou méthanation du CO₂.
CO₂ + 4 H₂ –> CH₄ + 2 H₂O
L’intérêt du procédé à notre époque est le stockage de l’électricité dans les périodes où elle est trop abondante pour le réseau, à savoir l’électricité nucléaire de nuit, l’électricité photovoltaïque de milieu de journée ou encore l’électricité éolienne. Le principe est d’utiliser ces surplus d’électricité pour électrolyser de l’eau et la stocker dans l’hydrogène produit. Cet hydrogène peut ensuite être utilisé brut dans des installations spécifiques ou être transformé en méthane, également appelé e-methane, pour des usages multiples et conventionnels. Il existe aujourd’hui plusieurs méthodes de méthanation et celle développée par Enosis, appelé méthanation biologique, est basé sur l’usage de micro-organismes.

La méthanation de bioCO₂ pour le stockage d’électricité en gaz
Le procédé Enosis capte le CO₂ rejeté lors de l’épuration du biogaz de méthanisation et permet d’augmenter la production de méthane de plus de 50 %, sans consommation supplémentaire de biomasse. Il peut également traiter le CO₂ provenant d’installations de gazéification ou de procédés industriels. En complément du CO₂, le procédé de méthanation nécessite donc bien sûr un achat d’hydrogène.
Le démonstrateur Denobio
Le projet Denobio se veut à la fois un outil d’industrialisation et une vitrine. Enosis prévoit, dans un premier temps, le traitement du CO₂ biogénique rejeté par l’épurateur de l’unité de méthanisation de son partenaire Energia Thiérache, auquel il est intégré, puis celui du biogaz produit par celle-ci. Ainsi, il s’agit pour Enosis de montrer les différentes possibilités d’intégration à un site de méthanisation : en complément de l’épurateur de biogaz, ou en substitution. Dans tous les cas, l’hydrogène nécessaire est fourni par la société Lhyfe, qui le produit sur un site distant, grâce à un procédé d’électrolyse à partir d’électricité renouvelable, et le gaz produit par Denobio doit être injecté dans le réseau de gaz naturel.
Le projet a aussi pour objectif d’optimiser les conditions et méthodes d’exploitation, en coopération avec les exploitants du site de méthanisation, et d’évaluer l’empreinte environnementale du procédé. Il inclut également un partenariat étroit avec GRDF pour tous les sujets relatifs au comptage et à l’injection dans le réseau du gaz produit par méthanation. Enfin, il comporte un volet scientifique qui associe Enosis au laboratoire TBI de l’INSA Toulouse, partenaire historique d’Enosis. Ce volet porte notamment sur la modélisation avancée du procédé avec la réalisation d’un jumeau numérique.
Contact : enosis-energies.com
Frédéric Douard