Transition en bonne voie : plus de 27% de la chaleur consommée en France est déjà renouvelable

Même les secteurs les plus complexes se décarbonent, comme ici le quartier d’affaires de la Défense, photo Aurore Baron pour Idex
A l’occasion de la publication de la huitième édition du Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération en France, l’AFPG, le CIBE, la FEDENE, le SER et UNICLIMA révèlent que la consommation de chaleur dans le pays était assurée en 2023 à 27,8 % par des sources locales renouvelables et de récupération (biomasse, chaleur du sous-sol, chaleur fatale, déchets ménagers, chaleur de l’air ambiant, etc.). Ceci montre bien, que malgré des efforts qui sont encore insuffisants, la France a tout pour réussir cette transition énergétique, pour le climat et sa souveraineté économique. Pour cela, elle doit s’appuyer sur des décisions politiques fortes plaçant les territoires au cœur de l’équation.
Il faut amplifier et accélérer la décarbonation de la chaleur
En France, environ la moitié de l’énergie sert à produire de la chaleur, loin devant devant la production d’électricité ou les transports. Cette chaleur, essentielle pour le chauffage des bâtiments, la production d’eau sanitaire ou les procédés industriels, est cependant encore majoritairement produite à partir d’énergies fossiles et importées, fortement émettrices de gaz à effet de serre. Afin d’éviter de s’enfermer dans des situations de dépendances stratégiques vis-à-vis d’autres Etats et de préserver sa souveraineté énergétique, le pays doit accélérer la décarbonation de sa chaleur.
Investir dans la chaleur renouvelable, c’est profitable !
Dans un contexte d’instabilité des prix des énergies fossiles, les systèmes individuels et collectifs de chaleur renouvelable et de récupération sont basés sur des équipements et des réseaux à longue durée de vie qui valorisent des ressources locales à des prix maîtrisés. Ces solutions éprouvées constituent des leviers puissants et immédiats de création d’emplois non délocalisables, de vitalité des territoires et de protection du pouvoir d’achat s’appuyant sur le savoir-faire de filières industrielles au service de la transition énergétique.
Le Fonds Chaleur a permis depuis 2009 d’aider plus de 8500 installations totalisant une capacité de production de 45,4 TWh/an de chaleur renouvelable et de récupération. Le Fonds Chaleur affiche une efficacité économique et écologique exceptionnelle : 36 euros seulement de soutien public par tonne de CO₂ évitée en incluant les dispositifs pour la production de chaleur à partir de biomasse pour l’industrie (Appels à projets BCIAT et BCIB de France 2030). La production de chaleur constitue un formidable levier d’investissement pour le développement économique des territoires : 14 milliards d’euros ont été investis depuis la création du Fonds Chaleur en 2009, soit près de 4 fois le montant total des aides distribuées.

Evolution de la part renouvelable de la production de chaleur en France, source SER d’après SDES
Faire du développement de la chaleur renouvelable et de récupération une composante centrale de la politique énergétique de la France
Le projet de troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 3) mis en consultation par le Gouvernement à la fin de l’année 2024 a correctement identifié l’enjeu de la décarbonation de la chaleur, en proposant d’augmenter fortement la production de chaleur renouvelable et d’accélérer le développement des réseaux de chaleur pour se passer rapidement des énergies fossiles. Les objectifs de la PPE 3 doivent ainsi permettre d’atteindre une consommation de chaleur renouvelable d’au moins 276 TWh en 2030, et d’au moins 330 TWh en 2035. À moins de 6 ans de la première échéance, la France doit urgemment dimensionner les moyens financiers et humains en cohérence avec ces objectifs de développement en s’appuyant sur des solutions éprouvées.
À l’heure où le projet de PPE 3 appelle à pérenniser et à accroître le soutien au Fonds Chaleur, son enveloppe 2025 a été stabilisée à hauteur du budget 2024, déjà insuffisant face à la dynamique des projets collectifs et industriels. Il est essentiel de définir une trajectoire pluriannuelle du Fonds Chaleur pour éviter le report ou l’annulation des projets à soutenir. Les usages domestiques liés à des équipements individuels (appareils de chauffage au bois, pompes à chaleur aérothermiques et géothermiques, chauffe-eaux solaires) représentent près de 63% de la production de chaleur renouvelable en 2023. Le dispositif MaPrimeRénov’, essentiel pour l’accompagnement des particuliers dans leurs travaux de rénovation et de transition énergétique, a également connu des instabilités et des baisses de forfait pour le chauffage au bois en 2024. Une nouvelle baisse a été votée pour 2025. Il est primordial que les dispositifs d’aide soient stables et pérennes afin de soutenir la production de chaleur renouvelable dans le secteur domestique.

Sources de production de chaleur en France métropolitaine en 2023, source SER
Concernant la biomasse, première énergie renouvelable du pays, sa contribution au mix énergétique est essentielle. Les arbitrages actuels sur les moyens interviennent alors même que le débat sur la disponibilité de la biomasse forestière n’a pas encore livré ses conclusions. Il est donc primordial que l’ensemble des acteurs concernés par la production et les usages de la biomasse partagent leurs données et leurs analyses de la situation. Le groupement d’intérêt scientifique créé en 2024 sur cet enjeu aura un rôle important pour construire un diagnostic partagé avec l’ensemble des parties prenantes.
>> Télécharger le Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération 2024 en Francehttps://www.bioenergie-promotion.fr/wp-content/uploads/2025/02/ser-panoramachaleur2024-web-rvb.pdf
Frédéric Douard