La production française de biométhane pourrait couvrir plus de 15% des besoins en gaz du pays en 2030
Dans la huitième édition de son observatoire français du biométhane, le cabinet Sia Partners a réalisé un état des lieux précis de la filière et un décryptage des évolutions réglementaires marquantes sur la base des chiffres et décisions de 2023. Au 31 décembre 2023, ce rapport montre ainsi un parc de 652 installations en service et une capacité totale de production raccordée de presque 12 TWh/an, ce qui signifie que la filière française du biométhane a largement dépassé l’objectif fixé par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie qui fixait un objectif de 6 TWh injectés dans les réseaux en 2023 : c’est en effet plus de 9 TWh qui ont ainsi été injectés cette même année ! Avec ces chiffres, la filière française du biométhane maintient sa position de leader mondial en nombre d’unités de production et est en passe de prendre la première position européenne en termes de capacité installée.
Une ambition très forte de la filière
Le projet de mise à jour de la PPE paru en novembre 2024 revoit à la hausse les objectifs de production française de biométhane avec une cible à 44 TWh injectés en 2030, ce qui représenterait environ 15% de la consommation totale de gaz. Bien que cet objectif soit inférieur aux souhaits de la filière qui vise 20% de gaz renouvelable en 2030, elle demeure néanmoins ambitieuse.
Un dynamique qui cherche des relais de croissance
L’évolution du nombre total de projets ayant réservé des capacités d’injection – incluant les projets en service et ceux en développement – a légèrement augmenté en 2023, avec 1243 projets pour une capacité totale de 27,2 TWh/an. Cependant, le stock de nouveaux projets – projets en développement dans le registre – a diminué sur l’année : il ne compte plus qu’environ 590 unités pour une capacité totale de 15,3 TWh. Ce chiffre comprend également les développements de nouvelles capacités pour les projets déjà en service. Ce ralentissement annonce une diminution du nombre de nouvelles unités pour les prochaines années.
Le rapport du cabinet Sia Partners met néanmoins en évidence des signaux positifs sur le deuxième semestre 2023 avec, pour la première fois depuis deux ans, une stagnation du nombre de projet en développement dans le registre sur cette période, ce qui pourrait être une conséquence de la révision du tarif d’achat de juin 2023 pour les projets de moins de 25 GWh/an.
Par ailleurs, la diversification des modes de soutien à la filière est un enjeu fort pour la relance d’une dynamique de croissance soutenue de la filière, ainsi que la mobilisation de nouvelles sources de revenus en valorisant les externalités et co-produits de la méthanisation, comme le CO₂ biogénique issu de l’épuration du biogaz.
L’usage du biométhane pour la mobilité continue également de progresser, avec une part de 40% de bioGNV dans la consommation de GNV en 2023. Avec 40 nouvelles stations GNV ouvertes en 2032, le maillage en points d’avitaillement GNV et GNL du territoire se poursuit, les segments de la mobilité lourde étant les plus demandeurs.
L’année 2023 est également marquée par la reconnaissance du bioGNV dans le dispositif de la TIRUERT (effective à partir de 2026) : c’est une nouvelle opportunité pour la production de biométhane non subventionnée.
Concernant les usages du biométhane comme gaz combustible, le volume de GO valorisées dans des offres de gaz vert a à nouveau augmenté en 2023, et ce sur tous les segments. Le stock de GO non utilisées a également diminué.
Notons enfin que l’éligibilité d’une partie des GO des installations françaises à l’EU ETS – sous réserve du respect des critères de durabilité – peut également inciter certains industriels soumis au marché des quotas carbone à se tourner vers l’achat de biométhane afin d’effacer leurs consommations de gaz naturel.
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