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Des perspectives gaz 2024 en France compatibles avec l’atteinte de la neutralité carbone en 2050

Dans le cadre de l’article L141-10 du code français de l’énergie, les gestionnaires de réseaux de gaz GRDF, GRTgaz et Teréga publient en 2024 des prévisions de consommation de gaz et de production de gaz renouvelables et bas carbone à l’horizon 2035. En effet, ces prévisions alimentent le bilan prévisionnel pluriannuel, établi chaque année par les gestionnaires de réseaux de transport de gaz, pour compléter leurs prévisions saisonnières, conformément à l’obligation réglementaire. Cette publication s’inscrit dans un contexte particulier, notamment en raison des efforts de sobriété sans précédent mis en œuvre au niveau français et européen pour limiter les impacts des pics de prix de l’énergie inédits à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine.

L’ambition de ce document est d’enrichir le débat public sur l’évolution du mix énergétique français : il s’agit de contribuer à décrire les chemins possibles de décarbonation de ce mix, en proposant un scénario d’évolution des consommations de gaz. Bien que consacré à la période 2024-2035, le scénario présenté est compatible avec l’atteinte de la neutralité carbone en 2050, c’est-à-dire que les consommations de gaz en 2050 pourront être couvertes en totalité par des gaz renouvelables et bas carbone. Cet objectif pourrait même être atteint par anticipation, compte tenu de l’accélération de la décarbonation du gaz anticipée dans les Perspectives Gaz 2024 à court et moyen terme. Comme dans les éditions précédentes, les opérateurs d’infrastructures ont enrichi le scénario Perspectives Gaz 2024 par des études de sensibilité à certains paramètres, présentant des incertitudes notables et reconnues. Ces variantes permettent d’apprécier les conséquences potentielles de ces incertitudes sur les consommations de gaz, sans que la sensibilité haute ne représente un plafond dimensionnant de ces consommations.

Parcourant les différents secteurs d’activité de l’économie française, cette étude met en évidence les enjeux majeurs dans l’évolution du rôle de la filière gazière au service de la transition énergétique. Afin de garantir la compatibilité du scénario de référence présenté avec l’objectif de la réduction des émissions de l’Union Européenne d’au moins 55% d’ici à 2030 (paquet climat Fit-for-55) par rapport au niveau de 1990, le scénario présenté a fait l’objet d’un audit externe par le cabinet indépendant spécialisé Enerdata.

La trajectoire de consommation finale totale de gaz du scénario Perspectives Gaz 2024 poursuit les tendances de réduction de consommation récente pour atteindre 321 TWh PCS en 2030 et 282 TWh PCS en 2035. Après une baisse de -3,6% par an en moyenne de 2018 à 2023, et particulièrement forte en 2022 et 2023, les baisses se poursuivent à ce rythme (-2,9% par an en moyenne) sur la période 2023-2035. La consommation de gaz fossile suit, elle, une baisse plus forte encore, puisque remplacée progressivement par l’usage de gaz renouvelables et bas carbone produits localement. Ainsi, l’injection de gaz renouvelables et bas carbone sur le réseau augmente pour représenter environ 20% du gaz consommé en 2030 et plus de 40% en 2035. En conséquence, les émissions de CO2 liées aux consommations de gaz baissent de 7% par an en moyenne entre 2024 et 2035 dans le scénario Perspectives Gaz 2024 (PG24).

Levier incontournable dans la réussite de la transition écologique, la sobriété déployée dans les secteurs résidentiel et tertiaire est étudiée au regard du contexte économique des dernières années. En 10 ans, les consommations de gaz des bâtiments ont baissé de 30% sans que cela ne s’accompagne d’une baisse significative du nombre de logements raccordés aux réseaux de gaz. Cette tendance devrait se poursuivre sur la période 2024-2035 : malgré une baisse marginale du nombre de raccordements, le découplage entre baisse de la consommation et nombre d’usagers se confirme. De son côté, le secteur industriel a subi récemment d’importantes baisses de consommation essentiellement conjoncturelles du fait du coût des énergies. La prochaine décennie devrait voir une reprise économique dont les effets sur la consommation de gaz seraient contrebalancés par des efforts accrus sur l’efficacité énergétique et la bascule vers d’autres vecteurs énergétiques, en complément du passage aux gaz renouvelables et bas carbone. La décarbonation du transport devrait nécessairement impliquer l’accentuation de l’usage du biogaz. La consommation de GNV et bioGNV continue donc de croître dans le scénario PG24.

Enfin, l’équilibre du système électrique nécessitera encore durablement des quantités importantes de gaz, ce vecteur restant à moyen terme la variable d’ajustement du système électrique, y compris dans un contexte où les objectifs de développement des énergies renouvelables et de flexibilité de la demande sont atteints. Ce rôle d’équilibrage du système électrique pourrait être encore renforcé dans l’hypothèse où la production d’électricité EnR et nucléaire progresserait moins vite que l’électrification des usages (retard des chantiers EnR ou baisse de la disponibilité du parc nucléaire existant par exemple).

À l’heure actuelle, la filière de production de gaz renouvelables et bas carbone est la seule filière des énergies renouvelables à avoir atteint à ce jour ses objectifs de développement fixés dans la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) : 14 TWh de production totale de biogaz, dont 6 TWh injectés dans les réseaux en 2023. En réalité, 9 TWh de biométhane ont été injectés dans les réseaux en 2023 et cette avance prise par le gaz de réseau sur sa trajectoire de décarbonation peut offrir des marges de manœuvre pour permettre d’atteindre les ambitions climatiques de la France dans le cas où d’autres chantiers de la transition énergétique rencontreraient des retards.

>> Télécharger le scénario Perspectives Gaz 2024

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