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Exploitons les sources de chaleur locales plutôt que des sources fossiles importées

Le réseau de chaleur de Gennevilliers est majoritairement alimenté en bois, photo ENGIE Réseaux

Le plan de relance suite à la crise du Covid-19 donnera-t-il la priorité aux investissements dans le climat ? Si tel est le cas, un secteur en retard sur ses objectifs pourrait bien en profiter : la chaleur renouvelable. Le cabinet de conseil en management Colombus Consulting publie à ce titre les résultats de son étude consacrée à la décarbonation des réseaux de chaleur ainsi que leurs transformations, véritables leviers en faveur de la transition énergétique.

Cinq fois plus : c’est l’objectif PPE concernant la part des énergies renouvelables et de récupération dans les réseaux de chaleur d’ici 2030 par rapport à 2012, ce qui implique une transformation nécessaire pour le secteur.

460 villes de plus de 10 000 habitants, soit environ la moitié des villes, ne disposent pas aujourd’hui de réseau de chaleur, ce qui laisse une marge de progression importante.

La chaleur renouvelable est avantageuse pour l’abonné : 65 % des coûts sont fixes pour l’abonné d’un réseau de chaleur.

Le dispositif favorise l’emploi local : au moins 78 % des emplois générés par l’exploitation et la maintenance des réseaux de chaleur sont locaux et non délocalisables.

Renforcer les réseaux de chaleur : une nécessité pour atteindre les objectifs de chaleur bas carbone

« Une accélération est nécessaire pour atteindre les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) à l’horizon 2030 », observe Jannis Bürger, consultant chez Colombus Consulting.

Quatre leviers sont essentiels pour atteindre les objectifs 2030 de la PPE :

  1. Continuer à soutenir l’intégration des énergies renouvelables et de récupération dans les réseaux existants. Ce levier a d’ailleurs porté l’essentiel de la croissance des énergies renouvelables et de récupération dans les réseaux de chaleur ces dernières années ;
  2. Sensibiliser et convaincre les collectivités territoriales d’initier des projets de construction de nouveaux réseaux ;
  3. Inciter les promoteurs et les collectivités à raccorder de nouveaux bâtiments pour densifier les réseaux de chaleur historiques (taux de raccordement de 6 % en France contre 13 % en moyenne en Europe) ;
  4. Renforcer les aides au développement de réseaux de chaleur pour développer leur compétitivité, face au gaz notamment.

Les réseaux de chaleur alimentés par les énergies renouvelables et de récupération sont moins chers que les autres modes de chauffage

« Se chauffer via un réseau de chaleur permet de limiter l’exposition de la facture à la volatilité des prix de marché, constate Gaël Gautier, consultant chez Colombus Consulting. Le chauffage par réseau de chaleur s’avère le plus économique, lorsqu’il est alimenté majoritairement par des énergies renouvelables et de récupération ».

Une part majoritaire de la facture est fixe (65 %).

La fluctuation du cours des énergies impacte seulement la part variable de la facture (35 %) : plus la composante énergies renouvelables et de récupération est importante, plus l’impact sera faible sur la facture des clients.

Exploitons les sources de chaleur locales plutôt que des sources fossiles importées

Les acteurs locaux doivent faire évoluer et développer les réseaux de chaleur pour valoriser les gisements locaux d’énergies renouvelables et de récupération.

Les projets de développement de réseaux de chaleur démontrent la variété des sources d’énergies locales disponibles : chaleur fatale (issue des datacenters, d’unité de valorisation énergétique, de station d’épuration, etc.), géothermie, biomasse, gaz renouvelable, etc.

Exemples de mix énergétiques de réseaux, d’après les données des exploitants – Colombus Consulting

« Lorsque le gaz reste nécessaire pour garantir l’appoint et le secours en complément des énergies renouvelables et de récupération, substituer le gaz fossile par du gaz renouvelable permettra d’avoir une continuité de service », observe Michael Repiso, manager chez Colombus Consulting.

Développer les réseaux de chaleur et intégrer des énergies renouvelables et de récupération contribue à l’économie locale

Les réseaux de chaleur sont par nature intégrés au cœur des territoires et représentent des sources d’emplois non délocalisables.

Répartition des emplois liés aux réseaux de chaleur en France – ADEME

La production et la distribution de chaleur contribuent directement à la création d’emplois et au développement de filières locales, notamment lorsque les sources d’énergie sont d’origine renouvelable ou de récupération.

Pour accompagner les objectifs ambitieux de développement des réseaux de chaleur, un effort sur le développement de parcours de formations adaptés est indispensable pour anticiper la pénurie de profils.

Les acteurs de la filière doivent évoluer vers le smart pour intégrer les énergies renouvelables et de récupération

« Le réseau physique se double d’un réseau d’information avec de nouveaux modes de conduite et des enjeux organisationnels et humains », commente Isaure Manchon, consultante chez Colombus Consulting.

Evolution type d’une réseau de chaleur à chaufferie unique vers un réseau décentralisé pilotable – Colombus Consulting

Vers une production décentralisée

Avec l’intégration de sources de chaleur énergies renouvelables et de récupération, la décentralisation de la production de chaleur devient la norme. En 2012, 80 % des réseaux disposaient d’une seule chaufferie et 5 % avaient quatre chaufferies ou plus. Avec le raccordement d’unités de production énergies renouvelables et de production, disséminées sur le territoire, la chaufferie centrale, auparavant seul lieu de production, doit devenir un outil de pilotage et la source d’ajustement du réseau.

Vers des réseaux communicants

Le réseau de chaleur de demain devra être en capacité de collecter toutes les sources et de redistribuer l’énergie. Il est équipé de capteurs en divers points du réseau pour permettre d’en optimiser l’exploitation en fonction des conditions de marché, de la météo ou de la demande en temps réel, ou encore de lancer des alertes en cas de dysfonctionnement.

Adapter les compétences de la filière aux nouveaux enjeux

  • Plusieurs technologies doivent à présent être maîtrisées sur un même réseau, désormais multi-énergies.
  • Le pilotage des moyens de production devient plus précis et dynamique pour gérer la demande d’énergie en temps réel.
  • Les équipes doivent gérer et maintenir des infrastructures de production et distribution de chaleur couplées à un réseau communicant.
  • De nouvelles expertises au cours de la data science sont nécessaires pour construire des outils de conduite, se basant sur des modèles prédictifs et réactifs, et garantir l’optimisation des réseaux.

L’organisation des équipes devra évoluer en conséquence. Certaines compétences comme la data science pourront par exemple être structurées au sein d’équipes nationales expertes, en appui aux équipes locales.

Les acteurs des réseaux de chaleur opèrent une mutation profonde de leurs métiers

Ces entreprises doivent prendre le tournant du digital, notamment en saisissant les opportunités offertes par la valorisation des données, pour :

  • Maîtriser les consommations énergétiques sur les réseaux.
  • Optimiser la maintenance et limiter les frais d’interventions en
  • Offrir une expérience client optimale (assurer la bonne température, limiter les coupures) et garantir le chiffre d’affaires.

>> Télécharger l’étude

Contact : colombus-consulting.com

Frédéric Douard