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Les réseaux de chaleur français sont alimentés à 57% en énergie renouvelable ou de récupération

Chaufferie bois de la ZAC du Crozatier à Saint-Flour dans le Cantal, photo Frédéric Douard

Le réseau de chaleur est un excellent outil pour décarboner le chauffage des bâtiments ou des activités économiques. Il joue un rôle central dans la mise en œuvre de la transition énergétique et la dynamique des territoires : c’est ce que démontre l’édition 2019 de l’enquête sur les réseaux de chaleur et de froid, réalisée par le Syndicat national du chauffage urbain et de la climatisation urbaine (SNCU) avec le concours de l’association AMORCE, sous la tutelle du Service de la donnée et des études statistiques (SDeS), du ministère de la Transition écologique et solidaire.

Point saillant de l’enquête : malgré un verdissement continu des réseaux français, un retard inquiétant est constaté sur les objectifs de 2023 fixés par la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

5,7 millions de tonnes de COévitées en 2018 grâce aux réseaux, soit l’équivalent de 2,7 millions de voitures retirées de la circulation

Les résultats 2018 confirment le rôle central des réseaux de chaleur comme vecteur reconnu de la décarbonation. Ils contribuent activement aux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en mobilisant des sources d’énergies renouvelables et de récupération locales. En dix ans, les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) sont passées de 27% à 57,1% des énergies utilisées par les réseaux de chaleur. Pour la cinquième année consécutive, les EnR&R comptent pour plus de la moitié dans le bouquet énergétique : en premier lieu la chaleur de récupération provenant des UVE (unités de valorisation énergétique des déchets) à hauteur de 25%, puis la biomasse 22% (malgré un ralentissement du développement) et la géothermie 5%.

Le verdissement des livraisons a permis de réduire fortement l’empreinte carbone : aujourd’hui, le contenu moyen en CO2 s’élève à 0,116 kg /kWh, soit 36% de moins que l’électricité, 50% de moins que le gaz naturel et 61% de moins que le fioul[3]. Il a donc été réduit de 45% en 12 ans. Cette réduction significative est principalement liée à l’introduction progressive de la biomasse dans le mix énergétique.

En 2018, les 781 réseaux de chaleur français enquêtés assuraient donc le confort thermique de plus en plus d’abonnés puisque 40 116 bâtiments sont raccordés (38 212 en 2017), soit 2,42 millions d’équivalents logements.

En 2018, les réseaux de chaleur restent compétitifs par rapport aux autres modes de chauffage avec un coût global annuel pour un logement moyen, c’est-à-dire fourniture d’énergie, maintenance et amortissements compris, inférieur à celui du gaz collectif et de l’électricité[4]. Par rapport à 2017, le chauffage au gaz a connu une augmentation de son prix liée à l’augmentation des prix de marché du gaz naturel. Les réseaux de chaleur ont permis de limiter cet effet grâce à leur alimentation d’origine majoritairement renouvelable, déconnectée de la variation des cours mondiaux, qui assure la stabilité du coût de l’énergie livrée.

Les réseaux de chaleur dans chaque région française. Cliquer sur la carte pour l’agrandir.

2018 : un décrochage important par rapport aux ambitions de la France sur le climat et aux objectifs fixés par la PPE

Malgré une trajectoire positive du taux de verdissement des réseaux, l‘augmentation de 0,4 TWh de la chaleur verte livrée en 2018 n’est pas suffisante pour atteindre les objectifs fixés.

Objectifs de livraisons vertes (EnR&R) : 24,4 TWh en 2023 (PPE) / 39,5 TWh en 2030 (LTECV)

Il est urgent d’accélérer le rythme actuel de développement des réseaux (création, extension) et de poursuivre leur verdissement afin d’atteindre l’objectif de 2023, soit une multiplication par 5 du rythme de développement de 2018 (soit +2 TWh/an pour atteindre les objectifs de la PPE pour 2023 et de la LTECV pour 2030).

Une filière d’avenir soutenue par des décisions ministérielles et des acteurs mobilisés

En tant qu’interlocuteurs privilégiés des pouvoirs publics, et représentants des porteurs de projets, AMORCE et le SNCU soulignent l’impact positif des 25 mesures annoncées par le ministère de la Transition écologique et solidaire dans le cadre du groupe de travail ministériel qui s’est réuni cette année.

Ces mesures, couplées à l’augmentation du Fonds chaleur ADEME doivent permettre :

  • le rétablissement d’un niveau d’attractivité et de compétitivité nécessaire à la relance des réseaux dans tous les  territoires ;
  • le lancement de nouveaux projets de chauffage urbain, notamment dans les villes de plus de 10 000 habitants ;
  • l’extension, la densification et le verdissement des réseaux existants ;
  • l’innovation en faveur de solutions multi-énergies
Les chiffres clés

Réseaux de chaleur

  • 781 réseaux enquêtés
  • 5 781 km de longueur desservie
  • 25,4 TWh de chaleur livrée
  • 40 116 bâtiments raccordés
  • 2, 42 millions d’équivalents logements raccordés
  • 57,1 % d’EnR&R dans le mix énergétique
  • 82 % des réseaux fonctionnent grâce aux énergies vertes

Réseaux de froid

  • 23 réseaux
  • 1 ,05 TWh de froid livré
  • 202 km de longueur desservie
  • 1 381 bâtiments raccordés

>> Télécharger la synthèse du rapport 2019 sur les réseaux de chaleur en France

Frédéric Douard