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Le gouvernement a décidé de ne pas atteindre l’objectif d’énergie renouvelable de la France à 2020

Editorial du Bioénergie International n°63 d’octobre 2019

Part en pourcentage des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie en France. Source Service de la donnée et des études statistiques.

La nouvelle loi française sur l’énergie et le climat, fixe des objectifs très ambitieux, mais surtout lointains. En l’occurrence, elle fixe un objectif de diminution de 40 % de la consommation d’énergie fossile en 2030 et une neutralité carbone en 2050. Par contre sur le court et moyen terme, la loi reporte les objectifs : la part du nucléaire à 50 % dans la production d’électricité à 2035, un dispositif contre les passoires énergétiques à partir de 2022, et la fermeture des dernières centrales à charbon également en 2022, pour le prochain quinquennat … en gros ce gouvernement a prévu de ne rien faire de plus jusqu’à son départ.

Car si nous regardons précisément ses objectifs, sans même parler de l’accord de Paris, la France a, dans le cadre de la directive européenne sur les énergies renouvelables 2009/28/CE, un objectif de 23 % d’énergie renouvelable dans sa consommation d’énergie à 2020, puis de 27 % à 2030 ! Or, le rapport, publié en mai 2019 par le Commissariat général au développement durable sur les derniers chiffres des énergies renouvelables, montre une consommation à 16,3 %, largement en deçà de la trajectoire définie pour atteindre l’objectif 2020. La France devrait ainsi, pour respecter son engagement européen à 23 %, réaliser un effort de croissance de près de 7 %, désormais en seulement une année, alors qu’elle a mis plus de 10 ans pour réaliser le même effort de 7 %, et passer de 9 à 16 % !

À la lecture de la nouvelle loi, bien moins ambitieuse à court terme que la loi de transition énergétique de 2015, on ne peut donc que se persuader que la non-atteinte prévisible des objectifs l’an prochain ne sera nullement le fruit d’une conjoncture, mais bien celui d’une volonté politique délibérée, sans nul doute pour ne pas nuire aux espoirs d’un renouvellement prochain du parc nucléaire, cet objectif d’un autre âge, hors de prix, dangereux, dépendant d’un uranium étranger, et pour lequel on n’a pas trouvé en 50 ans, la moindre solution pérenne pour en gérer les déchets. Consternant.

Source : Suivi de la directive 2009/28/CE relative à la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables

Frédéric Douard, rédacteur en chef