Le réseau de chaleur au bois d’Aumont-Aubrac en Lozère
Mise en service en 2009, la chaufferie automatique à bois d’Aumont-Aubrac en Lozère, 950 kW, chauffe, par l’intermédiaire d’un réseau de chaleur enterré, les bâtiments de la SA Gémarin, les séchoirs de l’entreprise Gaillard Rondino, la salle polyvalente, les bureaux de la Communauté de Communes, la gendarmerie, ainsi que deux habitations principales.
Interview réalisé par la Mission Bois Energie de la CCI de Lozère sur la mise en place de ce projet avec Claude De Sousa, le plombier-chauffagiste qui a réalisé l’installation.
Qu’est-ce qui est à l’origine de ce projet ?
Claude De Sousa : « Ce projet est né suite à la demande de réfection du système de chauffage des ateliers et locaux administratifs des entreprises Gémarin et Gaillard-Rondino. Celles-ci voulaient un système de chauffage à énergie renouvelable. Je leur ai donc proposé une chaufferie bois commune d’où l’idée de création d’une chaufferie centrale avec un réseau de chaleur utilisant comme combustible leurs déchets de bois. C’est en demandant les autorisations de voiries pour les travaux que le projet a suscité l’intérêt des élus. Il a alors pris une autre dimension en intégrant les collectivités au projet. »
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots le réseau de chaleur que vous avez mis en place en 2009 ?
« Le réseau de chaleur est séparé en deux parties, une partie très haute température pour l’alimentation des séchoirs bois et la deuxième partie pour l’alimentation en chauffage des bâtiments raccordés. »
Quelle puissance représente cette chaufferie ? Fonctionne-elle aujourd’hui à pleine cadence ?
« La puissance de la chaufferie bois et de 1 MW, à ce jour elle tourne à 80 % de sa capacité, car la gendarmerie n’est pas encore raccordée. Dès le raccordement de cette dernière, elle fonctionnera à pleine puissance. »
Comment est organisé l’approvisionnement ?
« L’approvisionnement et assuré par les connexes de bois des entreprises Gaillard-Rondino et Hermabessière. Une plate forme d’approvisionnement a été créée à proximité de la chaufferie. Elle se compose d’un hangar de stockage qui permet d’avoir un combustible sec et de qualité afin d’optimiser au mieux l’installation, et d’une aire goudronnée permettant le stockage de bois prêt à être broyé. La plateforme est par ailleurs couverte de 1500 m2 de panneaux photovoltaïques. »
« Y-a-t-il un risque de rupture d’approvisionnement en matière première ? »
« Non car les besoins de la chaufferie sont de 1000 tonnes par an, alors que les entreprises Hermabessière et Gaillard-Rondino produisent respectivement 3000 et 6000 tonnes de résidus et chutes de bois par an. Une autre scierie alimente également la plateforme, il s’agit de la Sarl BDL de Serverette. Il y a donc un potentiel de production encore inexploité. »
La plateforme d’approvisionnement peut donc avoir vocation à vendre de la plaquette forestière ?
« Tout à fait, c’est d’ailleurs déjà le cas. La plateforme produit actuellement 3000 tonnes de plaquettes bois (en plus des besoins de la chaufferie installée). Ces 3000 tonnes sont broyées par l’entreprise de bois-énergie de La Canourgue, dont le dirigeant est Régis Clavel. Les plaquettes sont calibrées, séchées et dépoussiérées, ce qui permet d’obtenir un combustible qui peut être vendu aux particuliers possédant de petites chaufferies. »
Quelles sont les difficultés auxquelles il faut faire face pour mettre en place un tel projet ? Quels en sont les avantages ?
« La principale difficulté est l’approvisionnement en ressources énergétiques de qualité. Il est également indispensable qu’il y ait une proximité entre la chaufferie et les bâtiments chauffés, sans quoi le projet peut être plus complexe à mettre en œuvre, énergivore et peu pertinent sur le plan écologique et économique. Les avantages sont la stabilité du coût de l’énergie, à long terme, et l’existence d’aides financières pour la réalisation de projets de chaufferies automatiques à bois. »
Vous avez donc bénéficié de concours publics. Quels sont-ils ?
« Nous avons bénéficié d’une aide financière des Collectivités (Europe, Etat, Région Languedoc Roussillon). »
Au final, cette réalisation est-elle transférable ailleurs ?
« Oui bien sûr. Une étude de faisabilité est tout de même fortement conseillée pour les projets d’une telle ampleur, celle-ci indiquera si la réalisation est nécessaire et surtout rentable pour le ou les clients potentiels. »
Source : CCI de la Lozère