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La centrale Albioma Caraïbes va enfin pouvoir passer à la biomasse

La centrale à charbon du Mole en Guadeloupe, photo Albioma

Mise en service en 2011, la centrale à charbon Albioma Caraïbes, désormais dénommée ALM 3, et voisine de la centrale thermique historique du Moule, composée de deux unités désormais dénommées ALM1 et ALM2, et qui fonctionnent avec un mix bagasse-charbon depuis 1998, va pouvoir passer en 100% biomasse fin 2020 et enfin contribuer de manière significative à la décarbonisation de la production électrique en Guadeloupe, dépendant encore à près de 80% des énergies fossiles.

EDF et Albioma ont pour cela signé dès le 18 décembre 2018, un avenant au contrat de vente d’électricité, permettant la conversion à la biomasse de cette centrale jusqu’ici 100 % charbon. Les travaux de conversion ont débuté en 2019 pour que la centrale fonctionne 100% à la biomasse avant fin 2020. Cette biomasse sera constituée d’environ 150 000 tonnes par an de granulés de bois en provenance de l’Amérique du Nord toute proche.

Pour supporter ces investissements, Albioma a souscrit un prêt long terme de 68 millions d’euros. Ce prêt servira à financer la réalisation des nouvelles infrastructures et des modifications des installations de la centrale, en vue de son fonctionnement à 100 % à la biomasse. L’enveloppe servira également à financer les travaux nécessaires à la mise en conformité de la centrale avec la directive IED applicable à compter du 1er janvier 2020.

Un bout de chemin vers les objectifs de la LTECV

Ce projet doit contribuer partiellement aux objectifs de la loi de transition énergétique pour la croissance verte qui prévoyait, pour les territoires français d’outre-mer, 50 % d’énergie renouvelable dans la consommation finale d’énergie dès 2020. La conversion de cette centrale à la biomasse permettra ainsi d’élever la part des énergies renouvelable dans le mix électrique de la Guadeloupe à environ 35 %. Une fois convertie à la biomasse, la centrale devrait réduire ses émissions de plus de 265 000 tonnes équivalent CO2 par an sur l’ensemble de la chaîne, soit une baisse de l’ordre de 87 % par rapport à son fonctionnement actuel au charbon.

Cette centrale, d’une puissance installée de 34 MWé, produit environ 260 GWh d’électricité par an, soit 15 % environ de la consommation du territoire.

À l’issue de la réalisation de ces investissements, le Groupe Albioma exploitera dans la zone Caraïbes deux centrales thermiques fonctionnant exclusivement à la biomasse. En septembre 2018, Albioma avait en effet annoncé la mise en service industriel de la première centrale 100 % bagasse/biomasse d’Outre-mer, Galion 2, située en Martinique.

Frédéric Douard

6 réponses
  1. Bonjour à tous et merci de vos commentaires.

    Tout d’abord pour répondre à Pierre, j’ai écrit cet article et je l’assume pour saluer un effort de transition énergétique là où dans la plupart des iles il ne se passe rien.
    Alors certes, ce n’est pas la meilleure transition possible (sachant que transition veut dire aussi que c’est une étape vers encore mieux) car faire de l’électricité pure sans cogénérer n’est jamais satisfaisant et avec des granulés d’import encore moins. Cependant, c’est une étape qui fait progresser considérablement une solution charbon hyper émissive, d’autant que le charbon vient généralement de bien plus loin que 1000 km, vers une solution beaucoup moins émissive. Je rappelle que le mieux est souvent le pire ennemi du bien et conduit souvent à ne rien faire du tout.

    Pour répondre à M. Klipfel, juste un petit calcul selon son chiffre : 350 kWé / (4 tonnes de granulés par heure à 4800 kWh/t), cela fait 1,8 % d’énergie consommée pour presser le granulé, ce qui ne me semble pas une dépense extraordinaire.

    Et pour répondre à M. Favard, je suis d’accord sur le fait que la biomasse locale est toujours préférable et j’invite donc les iliens à travailler le sujet pour proposer à Albioma de la biomasse locale et à défendre politiquement leur projet … et je sais parfaitement ce que représente ce type de travail car ja l’ai pratiqué durant 20 ans avant de faire le « journaliste ».
    Concernant les vraquiers, bien entendu que je suis d’accord avec lui, ce sont des pratiques à faire changer radicalement, mais malgré cela pour 1000 km cela n’induit pas un bilan carbone abominable, juste un peu moins bon…. on peut aussi faire le calcul.
    Concernant les « forêts rasées avec de grosses machines diesel », là aussi il faut être sérieux. Chacun sait que plus une machine est grosse, meilleure est sa productivité. Pour citer Guy avec son broyeur de 1000 CV, c’est une consommation de maximum 100 litres de gazole par heure, mais qui va produire 100 tonnes de plaquettes fraiches dans le même temps. Calcul : (100 l x 10 kWh) / (100 tonnes x 2500 kWh) nous donne 0,4% d’énergie investie pour broyer le bois vert : no comment !!
    Et je termine par un dernier petit calcul avec le chiffre de Guy « 300kg de copeaux sont nécessaires par tonne de pellet » : (0,3 t de copeaux x 2500 kWh) / 1 tonne de granulé à 4800 kWh nous donne 16% d’énergie de séchage. Alors certes on dépense 16% pour sécher le produit, mais pour quiconque connait la combustion du bois, ou même la combustion en général, la combustion ne sera exothermique que lorsque toute l’eau aura quitté le bois. Et comme le bois est toujours humide au départ, je dis bien toujours (on ne récolte pas du bois mort), à un moment ou à un autre de la chaine d’approvisionnement il faut évaporer cette eau et donc dépenser de l’énergie : soit on le fait dans la chaudière en brûlant directement le bois humide et la perte d’évaporation est déduite du rendement de la chaudière, soit on sèche avant et on bénéficie ensuite d’un rendement de combustion bien meilleur. Dans le deux cas, le bilan énergétique est strictement le même !

    Par conséquent je ne vois pas où se trouve la gabegie intrinsèque à la production de granulé ! Si vous en voyez une, démontrez-la moi en calcul !

    Et bien sûr je reste très intéressé de connaitre les « solutions alternatives locales »  dont parle Guy et dont je me ferai le plus plaisir de parler sur ce média.

  2. BOLLE André dit :

    Merci à Guy Favand. Logique implacable, ça tombe sous le sens !

  3. Pierre labeyrie dit :

    Pourquoi frederic Douard, signe tu ce papier sur la centrale Albioma? Relis le commentaire de Guy Favand et va faire un vrai travail de journaliste. Je ne comprend pas que tu ai pu faire cet article. Très triste. Pierre labeyrie

  4. KLIPFEL dit :

    Sans compter les dépenses énergétique s de la machine à pellets. 4t/h 350kw !!!?
    Ah si seulement les Sargasses qui nous envahissent pouvaient brûler , ce serait alors une solution valable.!!!

  5. michel ROUSSON dit :

    très juste le « verdissage » des activitées polluantes doit subir un controle sérieux de chacun car l’empreinte carbone n’est pas flagrante dans cette affaire; même si le remplacement du charbon est un léger mieux, la production de bagasse locale en quantité pour tenir une année de production d’électricité serait mieux sur le plan environnemental.
    Par contre l’économie sur la consommation serait l’optimum car combien de maison utilisant la climatisation est isolée? LesAntillais dans leur grande majorité pensent que l’isolation c’est uniquement contre le froid de la métropole ,mais rarement que l’électricité utilisée pour produire les frigories serait 3 fois moindre si les batiments étaient isolées. La majorité utilise leur climatisation comme si on utilisait un réfrigérateur avec la porte ouverte

  6. Favand Guy dit :

    Bonjour,
    Il faut dénoncer ce projet  »utopique » de passage aux pellets de bois importés d’Amérique. Le passage à la biomasse n’a de sens et d’intérêt écologique que si la biomasse contrôlée est produite sur place… ou très proche! Pas à plus de 1000km nécessitant des navires vraquiers très polluants devant augmenter leurs nombres de rotations car moins d’énergie dans les pellets, densité aussi plus faible… une catastrophe ces vraquiers consomment du fuel lourd très chargé en souffre. De plus à l’arrivée en Guadeloupe, il faut ensuite débarquer ces pellets les stocker puis envisager des transports en semi remorque du port de Jarry vers la commune du Moule, là aussi bien plus de rotations qu’avec le satané charbon!
    Ce n’est pas fini, sur place en Amérique, des forêts entières sont rasées avec des grosses machines diesel, aucune politique de reboisement, uniquement des profits financiers! Les arbres sont abbatus, souvent broyés sur place avec des engins thermiques de plus de 1000cv, les copeaux sont transportés par semi remorques surélevés pour vomir ces copeaux à l’usine. Pour aller plus vite dans les déchargements, c’est carrément tout le semi remorque qui est soulevé pour le vider… Pour fabriquer les pellets il faut sécher le bois frais, 300kg de copeaux sont nécessaires par tonne de pellet… nouveau voyage de ces pellets vers le terminal maritime! Une gabegie énergétique et environnementale sans nom! Un conseil, adressez-vous à des scientifiques, pas à des actionnaires pour s’orienter vers une véritable transition énergétique soutenable! Des solutions alternatives locales existent!