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Le sucre profite aux voitures et aux investisseurs

Challenge Bibendum 2010

Cherchez les biocarburants à la source
Pour Lula, un seul salut pour l’automobile : devenir écolo. Il semble que ses paroles commencent à trouver un écho dans le monde, ce qui laisse présager un marché de plus en plus large pour les biocarburants. En effet, pour l’instant, les Européens ne sont que de faibles consommateurs, avec 3 litres de biocarburant achetés en moyenne pour 97 litres d’essence classique. Pourtant, l’Union a fixé comme objectif 10 litres d’essence propre par consommateur d’ici à 2020.

De plus, certains experts estiment également que cette voie pourrait être empruntée par les Etats-Unis, la Chine ou encore l’Inde. Sans compter que, d’ici à 2030, 1,5 milliard de véhicules devraient rouler dans le monde, trouver des solutions contre leur pollution est indispensable.

Les paroles du président brésilien ont d’autant plus de poids que son pays est en passe de devenir le quatrième marché mondial de véhicules, prenant la place de l’Allemagne. Depuis le début de l’année, les ventes de voitures ont déjà bondi de 17%. Or les voitures brésiliennes ont une particularité : elles sont “flex-fuel”. Comprenez qu’elles roulent aussi bien avec de l’essence qu’avec des biocarburants. “Aujourd’hui, près de 100% des voitures produites ici sont flex-fuel. Il n’y a plus un seul Brésilien qui ne soit satisfait de ce système. Cela prouve que la mise en place des politiques de mobilité routière durables est essentielle”, a martelé Lula.

Un biocarburant s’est déjà imposé chez le géant brésilien, l’éthanol, fabriqué à partir de la canne à sucre. Selon le centre de recherche et de documentation Cartographier le présent, le Brésil produit 16 milliards de litres d’éthanol, dont 2,6 sont destinés à l’export. Aujourd’hui, le Brésil produit 40% de l’éthanol mondial. Le pays présente une large avance dans ce secteur, grâce à ses vastes plantations de cannes à sucre – 55% d’entre elles servent à la fabrication de l’éthanol – mais aussi grâce à cinquante ans de politique soutenue d’investissements dans la recherche.

Le leader se trouve au Brésil
Le secteur de la canne à sucre brésilienne est encore assez éclaté, mais la crise a forcé une ébauche de consolidation. Le principal acteur est Cosan (BMG253431073 – CZZ), qui impose de plus en plus sa domination grâce à des acquisitions stratégiques.

Les groupes français, qui ne s’y sont pas trompés, sont également partis chercher le succès au Brésil. Tereos est un exemple emblématique. La coopérative française, deuxième sucrier européen, s’est implantée au Brésil sur le marché de la canne à sucre. Devenu un acteur d’importance dans ce pays, il a attiré l’attention de Petrobras. Le géant du pétrole a signé un accord avec Tereos afin d’investir dans Guarani, sa filliale brésilienne. Un investissement qui devrait se monter à 686 millions d’euros et qui marque l’intérêt des grands groupes pour l’éthanol. Fin juillet, Tereos devrait entrer en Bourse au Brésil. La France pourrait suivre.

Quant à ceux qui s’inquiètent de la chute récente des cours du sucre, voici quelques éléments pour les rassurer : la demande devrait continuer à grimper dans les années à venir (voir MoneyWeek numéro85). En Asie, la consommation de sucre n’est que de 18 kilos par an et par personne, contre 52 kilos par tête en Amérique du Sud. Entre sucre pur et éthanol, les fabricants brésiliens ont le choix des débouchés.

Par Ingrid Labuzan, le 27 juillet 2010 sur www.moneyweek.fr