Lien de bannissement

2018, l’Allemagne dépasse les 41 % de production électrique renouvelable … et la France ?

Alors que les Français critiquent l’Allemagne pour son recours transitoire au charbon pour avoir évacué le péril nucléaire de sa production, ce pays travaille d’arrache-pied et grignote chaque année des parts de marché à l’électricité fossile, maintenant que la fissile est hors-service. En France par contre, EDF et l’Etat s’arc-boutent sur un système nucléaire à bout de souffle qui risque à tout moment l’accident majeur, par négligence (sous-traitance massive), par vétusté ou par action terroriste, comme en témoigne le rapport de la commission d’enquête parlementaire rendu public le 5 juillet 2018.

En Allemagne, l’Institut Fraunhofer ISE, a publié les derniers chiffres de la production d’électricité pour le premier semestre 2018 : 113 TWh. Durant cette période, l’électricité d’origine renouvelable vient donc d’assurer 41,5 % de la production totale d’électricité, le meilleur score de son histoire en Allemagne.

Part des énergies renouvelables injectées sur le réseau électrique public allemand, Fraunhofer ISE

Cette performance est à mettre en parallèle de celle de la France, deux fois moins bonne que celle de l’Allemagne : 97,3 TWh sur une année glissante, soit un taux de couverture par les renouvelables de 20,1 %, selon les derniers chiffres publiés par RTE.

Répartition des sources d’énergie pour la production électrique en Allemagne au premier semestre 2018, source Fraunhofer ISE

En Allemagne, l’éolien arrive en tête des sources renouvelables avec 55,2 TWh, la biomasse en seconde position avec 23 TWh alors que le pays est plus petit que la France et dispose donc de moins de ressources, puis le photovoltaïque avec 22,3 TWh et l’hydroélectricité avec 12,5 TWh.

En France, sur une année glissante, l’hydraulique arrive en tête avec 11,2 %, suivie par l’éolien à 5,5 %, par le solaire à 1,9 %, et par la bioénergie à 1,5 % alors que la France dispose de la plus grande ressource en biomasse de l’Union Européenne. Notons que ces chiffres recouvrent aussi des niveaux d’investissement et d’efficacité très contrastés : ainsi par exemple, le solaire qui a mobilisé l’investissement de 7900 MW ne produit que 9,3 TWh sur un an, alors que la filière bioénergies française qui n’a bénéficié que de 1900 MW installés en produit presque autant avec  7,2 TWh sur un an.

Ainsi, comme en Allemagne qui a fortement poussé la bioénergie et qui en récolte aujourd’hui les fruits, il conviendrait aussi en France d’investir de manière judicieuse, en ne négligeant pas les systèmes de production à forte disponibilité comme la biomasse. En France, la biomasse a en effet produit sur la dernière année glissante 3800 MWh par MW installé, soit plus de trois fois plus que le solaire avec seulement 1177 MWh par MW installé.

Espérons que la programmation pluriannuelle de l’énergie en préparation en France saura en tenir compte.

Frédéric Douard

2 réponses
  1. GUERY dit :

    Excellent article de F. Douard,

    Oui, on se trompe de cible !

    Alors que notre électricité est décarbonée à 90 %, on a déjà englouti plus de 100 milliards d’euros dans l’éolien et le solaire, en pure perte pour la diminution des émissions de GES et donc pour la Climat!
    (Source : Carbone 4)
    D’ailleurs, loin de diminuer pour tendre vers l’objectif affiché officiel de diviser par 4 nos émissions de GES d’ici 2050, celles-ci augmentent à nouveau depuis 3 ans et atteignent des records!

    Quels sont les secteurs les plus émissifs de GES en France en 2016 ?
    1. Les Transports 29 %
    2. L’Agriculture : 20 %
    3. Les Bâtiments : 19 %
    4. L’Industrie: 18 %
    5. La production d’énergie électrique vient loin derrière avec seulement 11 %

    (Il ne nous reste que 4 centrales à charbon qu’il faudrait convertir au bois / biocoal et quelques centrales à gaz qu’il faudrait alimenter en Biogaz, Et c’est possible, hors région Landaise : 60 % de la production biologique de nos forêts pourrit sur pied !)

    La priorité devrait donc être à la production d’énergie thermique qui représentent plus de 90 % des émissions de GES en France !

    Alors qu’elles représentent 60 % de la production Française d’EnR, les thermiques n’ont bénéficié que du dixième des subventions distribuées quand l’électricité en mobilisait les neuf-dixièmes.
    Les Bioénergies ne sont pas considérées à leur juste potentiel. Nous avons pris un gros retard dans le biogaz, le biocoal, les réseaux de chaleur, l’isolation des bâtiments…

    A quand le doublement du fonds chaleur promis par les différents Présidents de la République?

    Il serait temps que l’on suive enfin, un jour, les conseils de la Cour des Comptes :
    « En continuant ainsi, la France risque de rester engluée dans le piège nucléaire et de rater l’opportunité d’une réelle transition énergétique porteuse de valeurs économique, environnementale et sociale.»

  2. Menoud dit :

    Bonjour à tous…
    Produire n est pas tout…Il s agit de répondre à la demande .Produire du courant quand personne n’en a besoin entraîne des contraintes de stockage et des effets pervers sur le marché de l électricité dont les prix négatifs…
    L’article n’évoque pas les tractations avec la Norvège et la concurrence avec le Danemark pays qui ne fait plus grand chose dans l’éolien.
    L’industrie allemande continue à faire ce qu’elle réussit le mieux : perturber les voisins et…produire à leur place.
    Finalement pourquoi construire des éoliennes en France puisque l’on peut avoir… de temps en temps du courant d’origine éolienne sans investir ?
    L’article ne saurait évoquer les perturbations que causent les éoliennes sur les réseaux dont le déphasage et la fatigue sur les éoliennes espagnoles.
    L’article ne traite qu’en négatif ce qui se fait en France alors qu’avec prudence le pays s’équipe de ce qui marche et délaissera ce qui n’est pas rentable .
    Qui peut croire que ceux qui ont construit des éoliennes à coup de subventions mettront la main au porte feuille pour les remplacer quand le temps sera venu et avec des tarifs de rachats qui relèvent du marché et non de la subvention…?
    L’article ne traite pas de l’évolution de la consommation en Allemagne et des économies d’énergie … bref s’il y a moins de demande… les éoliennes tournent et le reste s’adapte …mais si la demande explose ce sera le classique qui répondra…
    C’est une erreur de faire croire qu’une performance est une …constante de production…En 2005 l’Espagne a connu une absence de vent en été…