Lien de bannissement

La coopérative forestière Provence forêt valorise les bois incendiés

Article paru dans le Bioénergie International n°53 de janvier-février 2018

L’année 2017 fut une année particulièrement chaude et ingrate dans de nombreuses régions du monde, occasionnant un grand nombre de désastres qualifiés de naturels. Le 16 juillet 2017, à quelques kilomètres au nord-ouest d’Aix-en-Provence, la commune forestière d’Éguilles n’a pas été épargnée par le feu. Attisé par un vent violent à plus de 100 km/h, le feu a parcouru de nombreuses parcelles forestières, notamment un domaine privé géré par la coopérative Provence Forêt. D’une surface totale de 130 ha, la forêt gérée par la coopérative sylvicole a été incendiée à plus de 60 %. Ce sont ainsi 80 ha de bois incendiés qui ont dû être traités en vue de leur réaménagement ou tout simplement de leur mise en sécurité.

Rejets de chênes verts au domaine Le Baron à Eguilles en octobre 2017, trois mois après le passage du feu, photo Frédéric Douard

La Coopérative Provence Forêt a été fondée en 1997 par des propriétaires forestiers de chaque département de la région Provence Alpes Côte d’Azur. Aujourd’hui, la Coopérative compte plus de 2 800 adhérents et gère une surface de plus de 124 000 hectares de forêts privées.

Sur le chantier d’Eguilles, la première mission a été d’évaluer les dégâts et notamment de faire la part entre les arbres qui étaient trop brûlés, c’est-à-dire dont le feuillage était détruit à plus des deux tiers et qui étaient condamnés à être coupés, et ceux qui avaient une réelle chance de survie.

Découpe et tri des bois incendiés en fonction de leur destination, photo Frédéric Douard

Ensuite parmi les bois à couper, en l’occurrence majoritairement du pin d’Alep et des chênes verts et pubescents, il fallait déterminer, pour les résineux, ceux qui pouvaient être orientés et valorisés vers le sciage, les autres étant destinés au bois-énergie. Seuls les pins présentant un ou plusieurs tronçons droits et sans défaut de minimum 2,5 m de longueur peuvent prétendre à la qualité sciage. Car le grand malheur de ces bois, c’est qu’après avoir connu l’enfer, ils n’intéressent plus les scieurs. Mais après de nombreuses recherches, et après plusieurs campagnes de tests, Provence Forêt a fini par trouver un scieur italien acceptant d’acheter, au coup par coup, du bois incendié de belle conformation pour en faire de la palette.

Plaquettes forestières de bois incendiés à Eguilles, photo Frédéric Douard

Pour tous les autres bois, c’est au mieux le déchiquetage en plaquettes qui les attend, et au pire, si la densité à l’hectare est trop faible, l’abandon du bois en attendant la repousse naturelle. Et cette repousse naturelle est rapide, quasiment dans l’année pour le chêne et les arbustes, et dans les années suivantes pour les pins, qui en brûlant ont expulsé leurs graines. Il faudra par contre attendre quelques dizaines d’années pour retrouver un couvert ressemblant à celui d’avant le feu.

Chênes verts et pins d’Alep calcinés à Eguilles, photo Frédéric Douard

Sur cette forêt dont la densité était de 60 à 150 m³ de bois sur pied à l’hectare selon les secteurs, ce sont 1 000 à 1 200 tonnes de plaquettes qui auront été sorties des zones incendiées, et quelques centaines de m³ de grumes.

En parallèle à cela, une opération d’animation et de regroupement de tous petits propriétaires, dont les parcelles sont en moyenne de 1 000 à 3 000 m², a été menée par la coopérative pour permettre la réalisation d’opérations sylvicoles, impossibles à réaliser pour le propriétaire seul avec si peu de surface.Notons enfin la difficulté pour la coopérative, comme partout en France, de trouver des bûcherons pour faire ce nécessaire travail de valorisation, un travail qui depuis des années est en manque cruel de vocations !

Contact : Sébastien Drochon – sebastien.drochon@provenceforet.fr +33 442 90 73 37 – www.provenceforet.fr

Frédéric Douard, en reportage à Eguilles