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Double bévue monstre en perspective : l’accord UE-Mercosur pourrait ouvrir toute grande la porte de l’éthanol amazonien

Récolte de canne à sucre, photo FAO

Le revirement du Gouvernement français, qui souhaite désormais la signature rapide d’un accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, entraîne un risque de nouvelles concessions pour conclure ces négociations. La filière française du bioéthanol réaffirme, avec force, l’absolue nécessité de limiter ces concessions à l’Amérique du Sud, en particulier au Brésil qui est le leader mondial de l’éthanol. Pour la filière française, la dernière offre de la Commission européenne au Mercosur va déjà au-delà de ce qui est supportable. En effet, le quota de 600 000 tonnes de bioéthanol à droits réduits proposé au Mercosur représente déjà 12% de la demande européenne qui n’augmentera globalement plus puisque le projet de nouvelle directive sur les énergies renouvelables prévoit de limiter la demande pour les biocarburants de première génération.

Une bévue pour l’agriculture française et européenne

Ceci est d’autant plus grave pour les agriculteurs français et européens que le gouvernement brésilien va mettre en place avec son dispositif RENOVABIO un soutien massif à l’investissement dans le secteur de l’éthanol, pour lui permettre de doubler sa production en atteignant huit fois celle de l’Europe et ceci pour devenir encore plus compétitif et conquérant à l’exportation. Dans le même temps, en Europe, rapelle la filière française, il n’existe pas de dispositif de soutien à l’investissement pour cette industrie.

Pour la Collective française du bioéthanol, le gouvernement français doit prendre en compte la situation de son secteur de l’éthanol, le premier en Europe avec 25% des volumes, intégré aux productions sucrières et amidonnières où la France est leader, car c’est lui qui subira le plus toute concession supplémentaire !

La collective ajoute : « Les agriculteurs, producteurs de betteraves et de céréales, attendent le maintien de leurs débouchés, et les industriels également car ils sont dans une phase de recherche de plus grande compétitivité, notamment avec la fin des quotas sucriers. Le gouvernement français ne peut l’ignorer. Nous comptons sur sa détermination à défendre notre filière dans cette phase finale de la négociation. »

Une bévue pour l’environnement mondial

Et ce qu’oublient de rappeler les agriculteurs français, et qui est encore plus grave encore, c’est que l’appel d’air qui serait ainsi créée par cette ouverture contribuerait à encourager encore plus la déforestation de l’Amazonie pour accroire les capacités de production de sucre de canne, tout comme cela s’est déjà produit en Asie du sud avec l’huile de palme.

Les conséquences environnementales seraient tout aussi désastreuses qu’en Asie avec destruction massive de la biodiversité, et iraient même complètement à l’encontre de l’objectif recherché par les biocarburants en matière d’effet de serre, puisque cette déforestation occasionnerait un déstockage massif de carbone.

Tout ceci constituerait deux bévues géantes simultanées de l’Union Européenne, incapable de se limiter à favoriser uniquement une production responsable de biocarburants sur son sol, et là personne ne pourra dire qu’on ne savait pas ! 

Frédéric Douard