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L’Industrie cimentière française s’engage à utiliser 90% de déchets de bois en plus

Bois de démolition après une première réduction de volume, photo Frédéric Douard

Bénédicte de Bonnechose, présidente du Syndicat Français de l’Industrie Cimentière (SFIC), vient de signer l’Engagement pour la croissance verte (ECV) relatif à la valorisation des déchets de bois issus du bâtiment en cimenterie aux côtés de Nicolas Hulot et Bruno Le Maire. Accompagnée par le Syndicat National des Entreprises de Démolition (SNED), le Syndicat des Recycleurs du BTP (SRBTP) et la Fédération des Entreprises du Recyclage, secteur Bois (FEDEREC Palettes & Bois), l’industrie cimentière française s’engage pour une croissance verte, créatrice de richesses dans les territoires. Cet engagement a comme objectif d’augmenter de 90% la quantité de déchets de bois utilisés dans les processus de production du ciment à l’horizon 2020 par rapport à 2015.

Pour Pascal Léon, président de la filière Palettes et Bois de FEDEREC, cet engagement « va permettre d’apporter une solution à la filière bois de recyclage, qui fait face à une situation critique et souffre aujourd’hui d’un manque de débouchés. La valorisation en cimenterie des déchets de bois est une des solutions pertinentes à apporter. Cette démarche partenariale et multi-acteurs est un signal réellement positif. »

Didier Michel, président du SRBTP et administrateur du SNED ajoute  : « À travers cet engagement, nous espérons pouvoir lancer une nouvelle dynamique de valorisation de ces déchets du BTP pour rendre le tri sur chantier et sur les plateformes de recyclage plus performant. »

Une double valorisation des déchets en cimenterie : énergétique et matière

En France, 3,5 millions de tonnes de déchets sont valorisés chaque année de deux façons :

  1. en remplacement partiel des constituants de base (le calcaire et l’argile) : c’est la valorisation matière. Les cimentiers utilisent depuis longtemps des sous-produits issus d’autres industries comme des résidus de la sidérurgie, de la production d’aluminium, ou les cendres volantes en remplacement de certains constituants du ciment sans en modifier la qualité. Ainsi, ces déchets n’ont pas à être éliminés par d’autres moyens.
  2. en remplacement des combustibles fossiles (coke de pétrole, charbon, fioul lourd…) : c’est la valorisation énergétique. Alors que l’industrie cimentière parvient déjà à un taux de substitution de 41% en 2016, la filière s’est engagée à atteindre un taux de 50% dans les prochaines années.

Alors qu’elle parvient déjà à un taux de substitution de 41% pour produire les 17,5 millions de tonnes annuelles de ciment (données 2016) nécessaires aux besoins de consommation, l’industrie cimentière française s’est fixée comme objectif d’atteindre un taux de 50% à l’horizon 2025.

Ce développement important sera réalisé essentiellement par l’augmentation des flux de Combustibles Solides de Récupération (CSR), et notamment de déchets de bois. Au-delà de la seule valorisation énergétique, les cimenteries offrent également aux déchets une valorisation matière puisque l’ensemble de la fraction minérale des déchets entre dans la composition du clinker et du ciment.

Dans cette optique, la gestion des déchets de bois, objets de cet ECV, représente aujourd’hui un réel enjeu pour le secteur cimentier. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) vise, en particulier, à assurer la valorisation énergétique des déchets qui ne peuvent être recyclés en l’état des techniques disponibles et qui résultent d’une collecte séparée ou d’une opération de tri réalisée dans une installation prévue à cet effet. Les cimentiers sont à même de répondre à cet objectif de la loi en développant la valorisation en cimenterie des déchets de bois du bâtiment, dans leurs fractions les plus fines, plus difficiles à valoriser en matériau ou en combustion.

L’utilisation du bois comme combustible en cimenterie présente différents bénéfices environnementaux :

  • le bois est utilisé comme combustible en substitution du coke de pétrole, qui est une énergie fossile non renouvelable ;
  • les déchets de bois qui seront valorisés, seront issus de la région de la cimenterie, contrairement au coke de pétrole qui provient d’Amérique du Nord ou d’Amérique centrale et génère des émissions liées à son transport. Ces dernières seront donc évitées ;
  • elle permet de limiter les quantités de bois enfouies et en conséquence, le méthane induit ;
  • la combustion du bois, en tant que biomasse est neutre en CO2.

Dans ce contexte, et pour faciliter la mise en oeuvre de ces actions, l’État s’est engagé de son côté à notamment :

  • faciliter la mise en place d’une filière de mise à disposition de déchets de bois ou de déchets en mélange contenant du bois,
  • sensibiliser les maîtres d’ouvrage, notamment publics, aux bonnes pratiques en matière d’économie circulaire et de gestion des déchets du bâtiment, dans toutes les phases d’un chantier (passation de marché, planification, gestion de chantier et valorisation).