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Au cœur de la forêt Guyanaise, EDF compte investir 500 M€ dans une centrale à … fioul

Forêt guyanaise, photo CRE

Sur le littoral guyanais, près de 40% de la production électrique est réalisée à partir de groupes diesel, notamment sur le site de la centrale de Degrad des Cannes à Remire-Montjoly. Le reste de la production est assuré par des énergies renouvelables notamment par le barrage de Petit-Saut et par d’autres petits barrages, sites en biomasse (Kourou) et solaire. Or, la centrale thermique de Dégrad des Cannes est aujourd’hui obsolète.

Du fait de son vieillissement et de l’impossibilité de la maintenir conforme aux normes règlementaires d’émission, la centrale de Dégrad des Cannes devra être mise définitivement à l’arrêt le 31 décembre 2023. La programmation pluriannuelle de l’énergie de Guyane, adoptée le 30 mars 2017, a d’ores et déjà décidé son remplacement par une centrale thermique d’une puissance de 120 MWé fonctionnant au fioul léger et convertible au gaz naturel. Il est aussi prévu qu’elle soit adossée à une centrale photovoltaïque de 10 MWc mais qui ne couvrira que quelques petits % des besoins.

Le maître d’ouvrage, EDF-PEI (Production Électrique Insulaire), a d’ores et déjà obtenu par arrêté du Ministère de la Transition écologique et solidaire du 13 juin 2017, l’autorisation d’exploiter ce projet sur le terrain du Larivot, une localisation choisie par l’Assemblée Territoriale de Guyane.

Or, dans le contexte de la Loi de transition énergétique pour le climat, alors que le Conseil régional a souhaité que le mix énergétique évolue avec beaucoup plus d’énergies renouvelables, alors que l’ADEME a rappelé que l’objectif de la loi sur la transition énergétique pour les DOMS est de produire une électricité à 100 % à partir d’énergies renouvelables en 2030, alors qu’un accord a été signé par la Ministre de l’environnement à Cayenne le 17 mars 2017 avec la Collectivité territoriale de Guyane pour dépasser les 85% d’électricité renouvelable en 2023, alors que la balance commerciale de la France est déficitaire chaque année de 40 à 75 milliards d’euros, alors que ce projet avait très clairement vocation à contribuer au développement des énergies renouvelables en Guyane, si ce projet voit le jour, ce seront 500 millions d’euros de fonds publics qui seront gaspillés pour que la Guyane continue durant au moins 25 ans à produire son électricité à partir d’énergie fossile et sans cogénération.

Pourtant ce projet se situe au coeur de la plus grande forêt française, couvrant 8 millions d’hectares quasiment pas exploités, représentant 95 % du territoire guyanais, et il est donc tout a fait consternant que de tels choix, totalement contreproductifs pour le climat et l’économie du pays, puissent encore être envisagés à notre époque.

Heureusement, compte tenu de l’importance des enjeux sociaux et économiques du projet, et de ses impacts sur l’environnement et l’aménagement du territoire, la Commission nationale du débat public (www.debatpublic.fr) a décidé d’organiser une concertation préalable, dont elle définira les modalités, sous l’égide d’un garant, Monsieur Philippe MARLAND. Il conviendra bien sûr de saisir cette opportunité pour faire savoir toute l’incompréhension qui est celle des gens responsables face à un projet aussi scandaleux et qui en dépit du contexte ignore les ressources renouvelables locales !

Frédéric Douard

Voir le reportage de la chaine de télévision Guyane Première publié le 2 octobre 2015

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