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Pour Agrivalor, la méthanisation agricole est un acteur structurant de son territoire

Article paru dans le Bioénergie International n°48 de mars-avril 2017

Les digesteurs d'Agrivalor à Ribeauvillé, photo Frédéric Douard

Les digesteurs d’Agrivalor à Ribeauvillé, photo Frédéric Douard

Agrivalor est un réseau régional composé de cinq plateformes de compostage, d’une unité de méthanisation et d’une société de transport. Son histoire commence en 2003 avec le regroupement de cinq agriculteurs céréaliers de la plaine d’Alsace dans les environs de Colmar, autour d’une problématique : remettre dans leurs sols la matière organique qui leur manque et dont ils ne disposent plus. Le groupement, qui avait pris la forme d’une société, a donc commencé à produire du compost, notamment à partir de déchets verts et de boues de stations d’épuration, pour les besoins de leurs exploitations. Puis, les volumes de matières disponibles se révélant importants, et l’initiative intéressant d’autres agriculteurs, ils se sont mis à produire la précieuse matière pour des confrères, pour des paysagistes puis pour tout un chacun, structurant une offre très variée de produits dérivés de la biomasse.

Répondre aux besoins du territoire

Par la suite, afin de valoriser au mieux tous les produits collectés, un tri a été opéré et le bois fut rapidement sorti de la filière compostage pour alimenter les nombreuses chaufferies automatiques de la région. La démarche fut la même pour les produits humides et compliqués à composter qui conduisirent au projet de méthanisation.

Les caisses de collecte Agrivalor pour les biodéchets dans les cantines et restaurants, photo Frédéric Douard

Les caisses de collecte pour les biodéchets dans les cantines et restaurants, photo Frédéric Douard

Notons, qu’outre l’intérêt économique direct de cette nouvelle activité, les agriculteurs du réseau Agrivalor poursuivent également des objectifs environnementaux et sociaux plus larges. Être acteur local de la transition énergétique, remplacer les engrais de synthèse, créer des emplois durables, s’orienter vers l’agriculture biologique sont autant de buts également recherchés par nos gentlemen farmers.

La trémie de réception des biodéchets à déconditionner chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

La trémie de réception des biodéchets à déconditionner chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

Aujourd’hui, le réseau Agrivalor c’est 100 000 tonnes de produits bruts entrants (55 % de déchets verts, 15 % de boues d’épuration et 30 % de produits à méthaniser), c’est 60 000 tonnes de capacité de production de plaquettes forestières, 20 000 tonnes de capacité de production de bois déchiquetés divers, plus de 70 000 tonnes de déchets organiques compostés ou méthanisés par an (¼ des volumes alsaciens valorisés), le tout fonctionnant avec 5 agriculteurs et 40 emplois salariés créés.

Un partenariat très original

La création de l’unité de méthanisation de Ribeauvillé est à mettre au crédit de trois des agriculteurs du réseau Agrivalor : René Van der Meijden, Philippe Meinrad et Noël Adam. Dès 2007, ils ont monté le projet sous l’égide d’une société filiale d’Agrivalor : Agrivalor Énergie. Ceci s’est fait au moment précis où le groupe Barrière était en train d’agrandir son casino de Ribeauvillé, à 1 km de l’exploitation agricole de René, la Ferme de l’Hirondelle, et surtout d’y créer un centre balnéo-ludique. Contact fut pris entre les protagonistes des deux projets, et un contrat de fourniture de chaleur sur 15 ans fut conclu. Notons que ce partenariat très original entre une activité haut de gamme en centre-bourg et le projet rural, contribua à une très bonne acceptabilité du projet de méthanisation par la population locale.

L'incorporateur des intrants solides chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

L’incorporateur des intrants solides chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

Une unité très orientée vers les biodéchets

Si les protagonistes du projet sont tous agriculteurs, seul René disposait d’un troupeau et donc de quelques matières organiques. Le principal du dimensionnement de l’unité de méthanisation devait donc se faire sur la base des matières collectées ou collectables par le réseau Agrivalor, et ne pouvant ou ne devant pas intégrer la filière compost. Les biodéchets d’origines industrielles et citadines allaient ainsi fortement peser sur la conception de l’unité qui allait d’emblée intégrer un atelier important de déconditionnement et d’hygiénisation.

L'installation de déconditionnement d'Agrivalor, photo Frédéric Douard

L’installation de déconditionnement d’Agrivalor, photo Frédéric Douard

Les équipements qui furent installés ont représenté un investissement de 9 M€
Un terrain de 2 ha
Une plateforme bétonnée de stockage de matières végétales solides de 5 000 m²
Des citernes de réception de matières liquides pour 350 m³
Un mélangeur vertical de 80 m³ pouvant recevoir des intrants hétérogènes
Une unité d’hygiénisation des sous-produits animaux
Une unité de déconditionnement des biodéchets de magasins
Un bâtiment de 750 m²
Deux digesteurs de 4 000 m³
Une première fosse couverte et étanche au gaz de 5 500 m³, puis deux autres fosses de 7 000 m³ et 3 500 m³ pour le stockage du digestat
Une centrale de cogénération de 1 415 kWé
1 km de réseau de chaleur avec sous-station de 900 kW au casino de Ribeauvillé
400 m de réseau de chaleur avec sous-station de 400 kW à la Ferme de l’Hirondelle
La sortie des emballages des produits déconditionnés chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

La sortie des emballages des produits déconditionnés chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

Le tonnage des matières entrantes se monte à 30 000 tonnes par an
15 000 tonnes de biodéchets (déchets alimentaires triés issus des collectivités, restaurateurs, cantines ; déchets alimentaires et invendus des grandes et moyennes surfaces ; rebuts de fabrication et déchets organiques des industries agroalimentaires)
7 000 tonnes de lisier des vaches laitières et de petit lait de la fromagerie de la Ferme l’Hirondelle, qui transforme 100 % de son lait en fromage
8 000 tonnes de sous-produits de la viticulture, de l’agriculture et de l’agroalimentaire locale

Notons que la collecte des intrants est traitée en interne par l’entreprise qui souhaite ainsi sécuriser son approvisionnement. Ainsi, sur les 9 postes équivalents temps pleins travaillant à l’unité, cinq sont chauffeurs et réalisent la collecte, et trois sont au déconditionnement.

Le bâtiment de la cogénération chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

Le bâtiment de la cogénération chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

Le plan d’épandage quant à lui, validé sur 2 000 ha dans 15 communes, n’est réalisé aujourd’hui que sur 750 ha. L’épandage est pour l’instant assuré en totalité en digestat brut par tonnes à pendillards ou par rampe branchée sur un caisson mobile de 50 m³, et rempli sur place avec des tonnes.

La vente de l’énergie

La production d’électricité a démarré le 26 janvier 2012, les 12 GWh produits annuellement étant vendus à EDF pour 2 M€/an.

Le moteur de cogénération d'Agrivalor, photo Frédéric Douard

Le moteur de cogénération d’Agrivalor, photo Frédéric Douard

La chaleur de cogénération est quant à elle utilisée pour chauffer et maintenir la température interne des digesteurs à 38 – 40 °C, chauffer certaines cuves de stockage de produits graisseux, alimenter l’unité d’hygiénisation à 70 °C, fournir le chauffage au casino de Ribeauvillé, mais aussi alimenter les besoins thermiques de la Ferme de l’Hirondelle pour sa laiterie, sa fromagerie et son séchoir de foin en bottes.

La ferme de l'Hirondelle à côté de l'unité de méthanisation Agrivalor à Ribeauvillé, photo Frédéric Douard

La ferme de l’Hirondelle à côté de l’unité de méthanisation Agrivalor, photo Frédéric Douard

Aujourd’hui, le casino valorise 50 % de l’énergie thermique produite par le moteur, Agrivalor ne s’étant pas engagé sur une puissance, ne s’obligeant ainsi pas à prévoir un chauffage de secours, et le casino gardant ses capacités de production propres.

Le séchoir de fourrages en bottes à la Ferme de l'Hirondelle, photo Frédéric Douard

Le séchoir de fourrages en bottes à la Ferme de l’Hirondelle, photo Frédéric Douard

La ferme de René consomme quant à elle 30 % de la chaleur, le reste étant autoconsommé dans l’usine, avec un taux global de valorisation exceptionnel frôlant les 90 % à l’année.

Évolutions et projets

Parmi les aménagements apportés ces dernières années au projet, en 2016 l’entreprise a investi dans un deuxième moteur de cogénération, identique au premier, pour venir en secours du premier, celui-ci prenant de l’âge. Ce nouveau moteur permet aussi de réaliser la maintenance du premier sans arrêter la production, et à terme d’en assurer la relève lorsqu’il sera hors d’usage.

Les gazomètres chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

Les gazomètres chez Agrivalor, photo Frédéric Douard

Sinon, avec le développement continu de la collecte des biodéchets à travers toute l’Alsace, Agrivalor Énergie a désormais comme objectif de porter son volume collecté de 15 à 25 000 tonnes par an. Ceci permettra de porter la production d’électricité à 2 MW avec un moteur supplémentaire en service simultané, la taille des digesteurs actuels et les surfaces d’épandage le permettant sans modification.

Philippe Meinrad dans la station des départs de chaleur, photo Frédéric Douard

Philippe Meinrad dans la station des départs de chaleur, photo Frédéric Douard

Par contre, dans le cadre de cette croissance des volumes, le poste d’épandage s’alourdira de plus en plus, avec l’augmentation du rayon d’épandage et donc le coût de celui-ci. Dans cette configuration de croissance, l’épandage étant déjà actuellement une charge importante pour l’entreprise, les agriculteurs bénéficiaires ne participant qu’à hauteur de 60 % à ce coût, Agrivalor Énergie envisage de concentrer les digestats ou alors d’augmenter le taux de matière sèche des intrants, par exemple en déconditionnant sans eau… des évolutions à suivre !

Contacts :

Frédéric Douard, en reportage à Ribeauvillé


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→ Voir les références en méthanisation (données issues de l'atlas Bioénergie international)
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