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Les fines particules doivent disparaître des combustibles bois

Editorial du Bioénergie International n°48 de mars-avril 2017

Criblage de plaquettes avec un crible rotatif, photo Komptech

Criblage de plaquettes avec un crible rotatif, photo Komptech


Depuis 25 ans, la combustion du bois a fait des progrès considérables. La séparation des phases de combustion, la maîtrise de températures suffisamment élevées, le contrôle du taux d’oxygène, le bon mélange comburant & carburant, le respect du temps de combustion sont autant de mesures qui aujourd’hui permettent de réaliser une combustion complète, de réduire les consommations de bois et de ne plus polluer outre mesure.

Cette amélioration de la qualité de la combustion sur la réduction des polluants est telle que l’on peut observer un facteur 300 entre les niveaux d’émission des meilleurs appareils (émettant moins de 25 mg de poussière par Nm³) et ceux des appareils moyenâgeux, qui heureusement sont en voie de raréfaction.

Mais une bonne combustion ne règle pas tous les problèmes. Elle va certes réduire très fortement les émissions d’imbrûlés, et notamment d’hydrocarbures, communément appelés goudrons, mais elle ne va pas forcément supprimer les émissions de particules brûlées, volantes et constituées de sels minéraux.

Alors, même si les particules sodiques sont infiniment moins néfastes pour les poumons que les hydrocarbures, elles ne sont pas totalement inoffensives et, inhalées en grandes quantités, peuvent provoquer des troubles respiratoires tel que l’asthme.

D’où viennent les cendres volantes ?

Elles peuvent provenir d’un mauvais réglage de l’appareil de combustion, du fait d’un excès d’air primaire par exemple. Mais le plus souvent, c’est le fait du combustible lui-même qui contient des fines particules, qui de par leur petite taille, vont être entraînées dans les gaz de combustion. Ces fines particules de bois, définies par la norme sur les biocombustibles (ISO 17225) comme mesurant moins de 3,15 mm, peuvent effectivement être complètement brûlées, dans le cadre d’une combustion complète, mais leur cendre restera en suspension et sera émise dans l’atmosphère … à moins que, et là nous avons deux solutions :

  1. l’équipement de combustion soit muni d’un filtre performant (filtre cyclonique optimisé, électrofiltre, filtre à manche).
  2. la quantité de fines particules ait été fortement réduite à la source, par un criblage.

La répartition entre ces deux cas de figure se fera selon la puissance de l’équipement et le niveau d’investissement choisi. Pour les installations industrielles, collectives ou urbaines, les filtres sont soit obligatoires, soit vivement recommandés. Pour les installations de faibles puissances, domestiques en particulier, on recommandera en priorité aux consommateurs d’exiger un combustible criblé et exempt, autant que faire se peut, de fines particules.

Un impératif

Le secteur qui applique le mieux cette dernière stratégie est celui du granulé de bois. Aujourd’hui, l’immense majorité des granulés de chauffage commercialisés en Europe est certifiée et contient moins de 1 % de fines, un critère suffisant pour que les appareils émettent moins de 25 mg/Nm³ de poussière, et ce sans filtre.

Pour améliorer encore, les niveaux de particules fines dans l’atmosphère, mais aussi l’image et le sérieux environnemental du chauffage au bois, il va falloir que les autres combustibles bois, susceptibles d’être consommés dans des installations non filtrées, soient eux aussi exempts de fines particules, au même niveau que les granulés, je veux parler ici des bûches et les plaquettes.

Cette exigence, qui doit être celle du consommateur, aura certes une petite répercussion sur le prix des produits, mais elle aura surtout une immense répercussion sur l’acceptabilité environnementale de ces combustibles, par ailleurs renouvelables, et donc sur leur avenir. Et je n’ai pas parlé ici de tous les problèmes mécaniques que les fines particules de combustibles posent dans les silos et dans les systèmes de convoyage des chaufferies automatiques et qui seraient, par le respect de cette exigence, également réglés !

Frédéric Douard