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Biogaz, un tour d’horizon français

Le plein à la station biogaz de Lille

Article paru dans le Bioénergie International d’avril 2007

Du côté de la méthanisation des déchets ménagers; le développement s’est enclenché il y a quelques années. Du côté de la « co-digestion », du biogaz agricole, et du gaz de décharge, les tarifs d’achat de l’énergie ex-biogaz, rehaussés en juillet 06 font brûler de la matière grise. Dans les industries, les stations d’épuration, on investit ou réinvestit dans la co-génération.

Dans le domaine des déchets ménagers, cinq usines fonctionnent après deux décennies de sommeil. Amiens a ouvert la voie en 1988. Varennes-Jarcy, Calais, Le Robert à la Martinique et Lille ont suivi depuis peu. Montpellier, Clermont- Ferrand, Saint Lô, Marseille et Forbach – seront mises en service entre 2008-2012. D’autres collectivités – Angers, Metz, Romainville, Le Blanc- Mesnil, le département de l’Ain, … ont également fait le choix d’insérer la méthanisation dans leur politique déchets. Les raisons de cette reconnaissance, somme toute tardive ?

Pour les projets récents, la nouvelle grille tarifaire n’y est pas étrangère. Mais ce développement doit beaucoup à d’autres facteurs.

Primo : les collectivités ont du mal à « recycler toujours plus » tandis que les quantités ne cessent de croître. La méthanisation apparaît comme une des solutions intéressantes. Variante haut de gamme du compostage, elle concerne potentiellement deux tiers du contenu des poubelles des ménages ! Lequel est ensuite transformé pour une moitié en énergie, pour l’autre, en amendement. Ça tombe bien : les énergies renouvelables ont (enfin) la cote tandis que le retour au sol de matières organiques est une nécessité mieux admise maintenant que l’amélioration des tris en amont des usines permet d’obtenir des digestats de qualité.

Secundo : les technologies ont fait leur preuve. Le retour d’expérience de nombreux pays – plus de 100 usines en Europe – rassure les donneurs d’ordre, alors que l’incinération et la mise en décharge suscitent toujours défiances et polémiques.

Tertio : la méthanisation est désormais reconnue pour ce qu’elle est : non pas une solution miracle à 100 %, mais une maillon tantôt substituable, tantôt complémentaire des autres technologies. La méthanisation, c’est enfin, une modularité et une souplesse qui séduisent. La future unité du Blanc-Mesnil va traiter des boues d’épuration de l’agglomération parisienne. De telles complémentarités s’étudient à la campagne, ou en zones périurbaines. Communautés de communes, Pays, Régions, engagent des études de gisement et élaborent des schémas d’implantation d’unités capables de traiter en mélange, fumiers et lisiers, déchets agroalimentaires, déchets verts, boues et graisses de stations… Les motivations sont environnementales – les plans climat fleurissent – mais aussi énergétiques et économiques avec la création d’activités non délocalisables. Si les nouveaux tarifs « biogaz » ajoutent à la faisabilité des projets, la prime à l’efficacité énergétique pousse à la valorisation de la chaleur. Autrement dit, à l’implantation des installations à proximité d’entreprises ou d’industries « consommatrices » ainsi qu’à la création de petits réseaux de chaleur. Quatre projets de ce genre sont à l’étude en France, pour une soixantaine d’unités opérationnelles en Europe.

A titre individuel ou dans le cadre de projets collectifs de biogaz à la ferme, les éleveurs s’interrogent eux aussi. Avec trois installations en fonctionnement, deux en rodage, la filière, balbutiante, devrait décoller. A quel rythme ? Difficile à prédire. La France n’a pas suivi la voie allemande et sa surprime à la digestion des cultures énergétiques (prime NaWaRo). La priorité compte-tenu de notre « capital » de 300 millions de tonnes de lisiers et fumiers par an – est de réduire les émissions de gaz à effet de serre associés pour une large part à leur stockage à l’air libre. L’Allemagne – 3500 installations, 40 000 unités en prévision en 2020, affiche d’énormes ambitions. Une stratégie qui à nos yeux n’est pas sans risque. Celui de voir l’énergiculture prendre le pas sur l’agriculture, avec des digesteurs dopés au maïs, en lieu et place de vaches et cochons. A suivre donc…

Isabelle Meiffren, SOLAGRO


1 réponse
  1. En projet sur la ferme expérimentale d’ AgroParisTech à Grignon (78), une unité de méthanisation en co-digestion… à voir sur le site web:
    http://www.inpag.fr/energiepositive/spip/

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