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German Pellets trébuche, victime de boulimie et d’imprudences

Camion_German_PelletsLe géant allemand du granulé de bois, créé en 2005 par Peter Leibold,  vient d’être mis sous administration judiciaire le 11 février 2016 par le tribunal de Schwerin : en cause une trésorerie asséchée par des hivers doux, des cours de l’énergie au plus bas mais surtout par une frénésie d’investissements. 

German Pellets c’est 650 employés, 15 sites de production implantés en Allemagne, en Autriche et aux États-Unis.

Les 15 sites de production de German Pellets

Les 15 sites de production de German Pellets

Concernant les hivers doux, dont tous les producteurs de combustibles souffrent, ce n’est pas un phénomène nouveau, et les industriels prudents cherchent à anticiper ces phénomènes dangereux pour la trésorerie et la bonne santé des entreprises en ne produisant pas trop à l’avance et en ne surdimensionnant pas leurs capacités de production. Chez German Pellets, c’est une confiance aveugle en une croissance à deux chiffres ultra-régulière, mais surtout une boulimie économique qui a précipité l’entreprise cotée en bourse vers la cessation de paiement.

Depuis 2011, grisée par l’ambition de devenir et de rester le premier producteur mondial, l’entreprise n’a en effet eu de cesse d’investir dans de nouveaux outils de production, même gigantesques comme aux États-Unis (deux unités de 500 000 tonnes à Woodville au Texas et à Urania en Louisiane, dont une qui est en train d’être doublée en capacité à 1 million de tonnes ! ), et de rachats de concurrents ou de partenaires (FireStixx, Hot’ts, Münchenpellets, Kago, Nord Energie , …). Pour cela l’entreprise s’est fortement endettée.

L'usine de production de granulés de bois de Woodville au Texas, photo German Pellets

L’usine de production de granulés de bois de Woodville au Texas, photo German Pellets

German Pellets a pris d’énormes risques : tabler sur une croissance continue du marché, alors que nous vivons le troisième hiver doux consécutif, et investir sur des marchés volatils comme l’électricité verte subventionnée au Royaume-Uni ou en Belgique. Pour l’instant c’est plutôt la conjoncture climatique et les cours des énergies qui ont fait mettre le genou à terre à German Pellets, mais l’histoire a aussi montré que baser une part considérable de ses investissements, ici aux États-Unis, sur des marchés soutenus par l’unique politique d’un ou quelques Etats, c’est prendre des risques inconsidérés. Et ce risque du marché des centrales électriques est double : le risque que les politiques ne suppriment leurs subsides du jour au lendemain, et d’autre part que les producteurs d’électricité ne soient aussi tentés d’interrompre ces approvisionnements dans des périodes comme celles que nous vivons actuellement, avec un prix des combustibles excessivement bas !

Le rêve américain coûte cher à German Pellets, ici le terminal de Port Arthur, photo German Pellets

Le rêve américain coûte cher à German Pellets, ici le terminal de Port Arthur, photo German Pellets

Des milliers de petits investisseurs, européens et américains, se réveillent aujourd’hui avec la gueule de bois, ayant cru avec enthousiasme dans les renouvelables, ce qui n’est pas en défaut aujourd’hui, mais surtout ayant abandonné toute leur confiance, ou leur méfiance, dans l’inébranlable économie allemande, sauf que le surcroît de confiance ou d’ambition conduit toujours à la ruine !

Et je terminerai en rappelant que le seul marché solide pour la filière granulé de bois, c’est le chauffage, car le granulé de bois reste le combustible raffiné le moins cher du marché et car cette application bénéficie d’une efficacité énergétique proche de un, ce qui n’est pas le cas de la filière électrique.

Frédéric Douard