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La production de chaleur-biomasse dans l’agro-industrie coopérative

Foyer polycombustibles de la Coopédom à Domagné, photo Gilles Gauthier, ValBiom

Foyer polycombustibles de la Coopédom à Domagné, photo Gilles Gauthier, ValBiom

L’ADEME vient de mettre en ligne une de ses étude réalisée par COOP de France pour ses adhérents sur le potentiel de substitution d’énergie fossile dans les procédés de stockage et transformation agro-industriels. 

L’augmentation du coût de l’énergie étant une tendance structurelle, la maîtrise énergétique en entreprise devient un véritable facteur de compétitivité dans l’industrie. La réduction de la dépense sur le poste énergie est un enjeu fort d’un point de vue économique comme environnemental. La substitution d’énergie fossile par la biomasse peut être un levier d’amélioration, une fois le plan d’actions de sobriété ou efficacité énergétique mis en oeuvre.

L‘objectif quantitatif français de développement de la production de chaleur à partir de biomasse dans le secteur de l’industrie, pour 2020, s’élève à 3 200 ktep. Les coopératives représentent 40% de l’industrie agro-alimentaire française, qui est elle-même majoritaire parmi l’industrie (14 % en valeur ajoutée).

Les coopératives agricoles et forestières ont donc une place charnière pour répondre aux nouveaux enjeux biomasse et énergie, de l’amont, en tant qu’acteur de collecte, de vente et de valorisation de produits agricoles et forestiers, jusqu’à l’aval, en tant qu’agro-industries productrices de co-produits et déchets organiques et aussi, consommatrices potentielles d’énergies renouvelables.

L’étude s’est déroulée en quatre temps :  

  • 1. une enquête auprès d’un échantillon de 80 coopératives (30 retours) pour mieux cerner les usages et prix de la biomasse (cultures, co-produits agricoles et agroalimentaires), actuels et à venir ;
  • 2. la collecte de données bibliographiques et d’experts des différentes filières des coopératives pour dresser l’état des lieux et de l’art : experts du réseau des fédérations de coopératives dans un premier temps (fédérations nationales spécialisées et régionales), puis experts d’autres organismes (instituts et centres techniques, institutions publiques, interprofessions, équipementiers, entreprises agro-alimentaires,…) ; des entretiens semi-directifs (parfois sur site pour l’état de l’art) ont permis de consolider le panorama en établissant des fiches de synthèse par filière et des fiches exemples de cas d’utilisation de biomasse ;
  • 3. la détermination et utilisation d’une grille d’évaluation, en accord avec les membres du Comité de Pilotage, pour hiérarchiser les types de sites industriels en fonction du potentiel de réussite d’une solution biomasse et de l’intérêt en terme d’impact et de reproductibilité à l’échelle nationale.  Citons quelques critères utilisés : poids dans la consommation d’énergie globale des industries coopératives, poids de la consommation d’énergie dans l’activité des entreprises, facilités technico-économiques du procédé offertes à la biomasse, facilités d’approvisionnement en biomasse, facilités règlementaires, capacité à investir des entreprises, potentiel théorique de démultiplication (sites potentiellement demandeurs), disponibilité de retours d’expérience,….
  • 4. La réalisation d’une étude d’opportunité sur trois sites de coopératives, pour mieux appréhender la faisabilité de solutions biomasse sur des cas de figure a priori stratégiques mais encore peu développés, ainsi que les facteurs de reproductibilité : à partir des données communiquées par les coopératives en question et en s’appuyant sur l’expertise des animateurs des fédérations de coopératives correspondantes et d’équipementiers.  

Si l’information quantitative fiable n’est pas toujours disponible, elle a été approchée systématiquement. Une analyse soignée des freins et opportunités de chacun des couples « procédé identifié * matières premières produites sur site » a été conduite, en identifiant les technologies de valorisation énergétique adaptée. Cette approche a permis une vision transversale, toutes filières confondues, originale et porteuse de nouvelles évolutions :

Pour lever les freins rencontrés par les acteurs dans le développement de la substitution des énergies fossiles par la biomasse, concernant notamment : 

  • les coûts des investissements et technologies, et donc rentabilité des investissements à consentir dans un contexte où le coût de l’énergie reste encore relativement stable,
  • les blocages de type réglementaire (combustibles et digestat principalement),
  • les risques de conflits d’usages et de forte variabilité des disponibilités en matières premières (causes naturelles de variation des récoltes et causes économiques de volatilité des cours) ; ici soulignons que seule une vision transversale des synergies possibles entre filières de production (incluant la filière forestière) et des solutions alternatives de réorientation des flux, permettra de fiabiliser les investissements de production d’énergie biomasse ;

Pour mettre en place des actions d’accompagnement sur des types de sites industriels dits « prioritaires » ou « stratégiques », pouvant être classés en deux catégories : 

  • les sites / procédés « stratégiques » disposant déjà de retours d’expérience fournis sur l’utilisation de la biomasse et/ou de facilités à dupliquer les expériences d’un site à l’autre (une poignée d’entreprises contrôle l’ensemble des sites), à savoir : les distilleries vinicoles, les sucreries, les sites de déshydratation de luzerne, les amidonneries et malteries ; 
  • les sites / procédés « stratégiques » pour lesquels les expériences en utilisation de la biomasse sont encore inexistantes ou trop partielles, à savoir : les laiteries / fromageries (notamment en ce qui concerne la méthanisation), les séchoirs à semences, la fabrication d’aliment du bétail ; et dans une moindre mesure (car cela concerne quelques sites seulement, mais à forte intensité énergétique), les conserveries de fruits ou légumes / transformation 4ème – 5ème gammes, le séchage des noix et pruneaux, et les distilleries de plantes aromatiques et à parfum ;

N.B. : Les sites / procédés jugés « non stratégiques » sont les caves vinicoles, les stations de tri et conditionnement de fruits et légumes, les séchoirs à grains (de consommation), les séchoirs à tabac, les plateformes de bois, les ateliers de teillage de lin, les sites de production de miel, les stations d’insémination animale.

Parmi les types de sites stratégiques à faible expérience, trois ont fait l’objet d’une étude d’opportunité qui a montré l’intérêt de poursuivre dans le sens de la réalisation de l’investissement :

  • un abattoir : en utilisant une partie des graisses comme biocombustible dans un équipement innovant (incluant un fondoir),
  • une laiterie / fromagerie : en méthanisant les eaux usées pour les traiter (problématique de travaux à réaliser sur la station d’épuration) tout en produisant de l’énergie, et en valorisant le lactosérum dans le cas où le site ne permet pas son séchage,
  •  un séchoir à semences : en utilisant les rafles ou du bois comme biocombustible dans une chaudière polycombustible avec échangeur.

Dans l’ensemble de l’étude, un besoin d’accompagnement intensif et volontariste a été identifié, les questions de substitution des énergies fossiles n’étant pas encore au coeur des préoccupations des dirigeants décideurs des entreprises du secteur. Ainsi, au-delà du nécessaire appui dans le temps à la mise en place des trois projets pilotes qui permettront de capitaliser et transférer au réseau, l’étude ouvre désormais la voie au déploiement d’un plan d’actions pour favoriser la maîtrise énergétique dans les coopératives des filières « prioritaires », en développant :

  • Des outils et évènements de sensibilisation et de vulgarisation des bonnes pratiques,
  • Des outils d’observation pertinents favorisant l’intercomparaison et les échanges entre entreprises,
  • Des prestations d’accompagnement individuel de la réflexion énergétique en amont des études de faisabilité (audit énergétique, note d’opportunité sur une installation biomasse).

La mise en place d’une solution biomasse est en effet complexe et mérite particulièrement attention ; les compétences sont encore rares sur ces questions, sur le plan technologique, mais aussi sur le plan économique et surtout, sur le plan des interactions entre filières évoquées ci-dessus. 

L’agro-alimentaire, fleuron de l’industrie française, se doit d’être à la pointe de l’amélioration de l’efficacité énergétique et du développement des énergies renouvelables ; mais la marche à franchir reste importante, et l’investissement de la puissance

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