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Nouveaux procédés de transformation du bois en biocarburant

Finn Lillelund Aachmann

Finn Lillelund Aachmann

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Se posant des questions éthiques concernant l’origine des biocarburants, Finn Lillelund Aachmann pense qu’une consommation écologique ne doit pas se faire au détriment de l’accessibilité à la nourriture pour les populations concernées par cette agriculture. Il s’est alors posé ces questions : que faire des copeaux et sciures de bois, dont la demande dans l’industrie papetière ne cesse de diminuer avec le ralentissement de leur activité ? Comment créer de nouvelles opportunités d’affaires pour l’industrie forestière norvégienne ?

Depuis la découverte d’un super enzyme par les chercheurs de l’Université des Sciences de la Vie (UMB Aas), Finn Lillelund Aachmann et ses collègues chercheurs en biotechnologie de l’Université Norvégienne des Sciences et Technologies (NTNU Trondheim) ont voulu savoir comment ce super enzyme fonctionnait.

Grâce à la technologie NMR (Nuclear Magnetic Resonance) utilisée en spectroscopie, ils ont pu étudier chaque molécule en détails ainsi que leurs structures. Jusqu’à aujourd’hui, le temps nécessaire pour obtenir de l’éthanol à partir du bois prenait plusieurs semaines, ce qui était un frein à toute perspective commerciale. Grâce à une meilleure connaissance de ce nouvel enzyme, il sera maintenant possible d’obtenir du biocarburant en seulement quelques heures. C’est ce qui a poussé les trois plus grandes universités de Norvège à s’engager dans un projet de recherche collaborative basée sur cette technologie NMR. Ce qui répond par ailleurs aux objectifs du gouvernement pour les prochaines décennies en termes de bioprospection, nanotechnologie et biotechnologie. Les deux nouveaux programmes du Conseil Norvégien de la Recherche (RCN), BIOTEK2021 et NANO2021, en sont la preuve.

Du carburant pour l’aviation à partir des forêts norvégiennes pour 2020-2025

Avec l’aide de la compagnie Ramboll, SINTEF Energy a fait un inventaire des technologies les plus prometteuses pour produire du biocarburant pour l’aviation norvégienne. Parmi elles, un procédé chimique transforme le monoxyde de carbone et l’hydrogène en hydrocarbone liquide. De la sorte, on peut donc obtenir un biocarburant à partir du bois, le tout grâce au procédé Fischer Tropsch.

Avinor (compagnie de l’Etat Norvégien, en charge des opérations et du développement de 46 aéroports en Norvège) a pris l’initiative, il y a deux ans, de lancer un appel d’offre que Ramboll a remporté. Le travail a été divisé en plusieurs work-packages, dont l’inventaire des technologies en est un. Les autres traitent des ressources forestières, de l’importation de la biomasse, de la logistique / infrastructure et finalement des algues.

Les trois technologies retenues

Dans la première technologie en question, le bois, une fois chauffé à très haute température, est transformé en biocarburant liquide (procédé Fischer Tropsch). La seconde méthode, appelée Alcohol-to-Jet, consiste à transformer le glucose tiré du bois en carburant pour l’aviation. L’industrie pétrochimique transforme déjà l’alcool en carburant à grande échelle. Le défi actuel résidant dans la production d’alcool issu du bois. La dernière technologie évaluée traite de l’usage d’oléagineux (amandes, noix,…) comme matière première. Le problème de cette technologie est qu’elle accapare le fruit d’une agriculture nourricière, ce qui va à l’encontre d’une politique durable d’après Berta Matas Guell.

Malgré ces avancements, il ne faut pas perdre de vue que pour être utilisé en tant que carburant dans l’aviation, les carburants doivent être certifiés. A ce jour, deux d’entre eux le sont : via le procédé Fischer-Tropsch et celui d’extraction de l’huile des oléagineux. Ce qui n’empêche pas ces carburants d’avoir besoin d’être mélangés avec 50% de carburant conventionnel (de source fossile). Seul l’Alcohol-to-Jet est encore en cours de certification. Berta Matas Guell avance le fait que cette certification ne devrait pas nécessiter de mélanger l’Alcohol-to-Jet avec du carburant conventionnel pour l’aviation, ce qui lui donne un avantage sur le plan de la durabilité environnementale.

La compagnie Ramboll, pour qui le développement durable est une priorité, conclut qu’il serait techniquement et économiquement faisable de produire un carburant pour l’aviation à partir des forêts norvégiennes à l’horizon 2020-2025. Elle parle de la technologie Fischer-Tropsch et de l’Alcohol-to-Jet comme les plus appropriées, ce qui corrobore les conclusions de SINTEF Energy.

Origine : BE Norvège numéro 117 (5/11/2013) – ADIT – www.bulletins-electroniques.com