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Une gestion forestière adaptée à un monde en évolution

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Le propriétaire devrait disposer de plusieurs espèces d'arbres dans son peuplement, photo Frédéric Douard

Lorsqu’il s’agit de définir une stratégie de gestion forestière, les recommandations concernant les durées de rotation, la périodicité et l’intensité des éclaircies sont généralement établies. Toutefois, une nouvelle étude de chercheurs finlandais financés par l’UE démontre qu’à la lumière de conditions économiques et de croissance incertaines, ces méthodes ne seraient plus tout aussi efficaces.

Dans leur article pour la revue Forestry, Timo Pukkala et Seppo Kellomäki de l’université de Finlande de l’Est expliquent que la gestion forestière devrait être adaptée aux situations fluctuantes, notamment aux incertitudes concernant la croissance des arbres et le prix du bois.

L’étude était soutenue par le projet («Models for Adaptive forest Management»), qui bénéficie d’un financement de 7 millions d’euros au titre du thème Environnement du septième programme-cadre (7e PC) de l’UE.

Les chercheurs ont réalisé leurs calculs sur base des «approches d’optimisation» pour la gestion d’un peuplement mixte de pins sylvestre, d’épicéas et de bouleaux dans une région forestière boréale. Un peuplement mixte est un ensemble d’arbres dans lequel moins de 80% des arbres formant le couvert principal sont de la même espèce.

L’équipe a décrit une approche d’optimisation préventive caractérisée par des années de coupe fixes, de coupe de surfaces terrières ou de diamètres, et une approche d’optimisation adaptative établissant des règles sur le mode de réaction face à l’état réel de la nature. Ces deux approches d’optimisation menaient à une même stratégie de gestion dans laquelle la croissance et tous les autres facteurs sont déterminants; toutefois, les différences en termes de croissance ou de prix varient.

Les résultats indiquent qu’une augmentation du rythme de croissance des arbres dans un climat en fluctuation n’affecte pas fortement une gestion optimale si le prix du bois est fixe. Toutefois, lorsque ce dernier est fluctuant, il est utile de retarder les coupes rases, sans tenir compte de la présence ou de l’absence d’une tendance climatique affectant la croissance des arbres. Il est également avantageux de distribuer les revenus de manière plus équitable selon les différents processus de coupe lorsque les risques et l’aversion au risque augmentent. Dans les peuplements mixtes, plusieurs alternatives pour l’adaptation de la gestion, étant donné que la préférence pour les espèces peut changer au cours du temps en fonction de leur croissance et des prix des différents assortiments.

«L’étude a démontré ce que les sylviculteurs éclairés connaissaient déjà. Lorsque les prix du bois et leur utilisation sont inconnus, le propriétaire devrait disposer de plusieurs espèces d’arbres et différents assortiments de bois dans son peuplement. En effet, la culture exclusive d’épicéas est une affaire risquée. Nous espérons que notre étude encouragera la gestion forestière diversifiée, pour mener à des structures forestières diversifiées», commente Timo Pukkala.

L’étude est publiée parallèlement à une autre étude, également soutenue par le projet MOTIVE, qui annonce que les forêts suédoises n’ont pas encore totalement récupéré d’une tempête qui a ravagé le pays en 2005.

La tempête, baptisée Gudrun en Suède, a provoqué 2,4 milliards € de dégâts dans les forêts suédoises. La nouvelle étude, réalisée par Rupert Seidl et Kristina Blennow de l’université des sciences agricoles à Alnarp, en Suède, montre qu’en plus des dégâts immédiats comme le déracinement et la casse de branches, des effets à long terme ont également été observés notamment en ce qui concerne le fonctionnement des arbres survivants, leur productivité et leur allocation.

L’étude montre que la réduction de croissance suite à la tempête était omniprésente et avait une ampleur considérable. La réduction de croissance relative aux vents dans les forêts d’épicéas a dépassé les 10% dans les régions les plus touchées par la tempête, et représentait 3 millions de mètres cube pendant les trois ans suivant la catastrophe, ce qui dépasse la moyenne annuelle de dégâts forestiers à long terme dus au déracinement et à la casse de branches dans tout le pays.

Les chercheurs veulent faire passer le message que l’impact de vents puissants et impétueux sur les écosystèmes forestiers ne se limite donc pas aux régions immédiatement visibles de dégâts structuraux. Une meilleure considération des effets perturbateurs sur l’écosystème forestier et son fonctionnement dans le contexte de la gestion forestière et de l’atténuation du changement climatique est nécessaire.

Pour de plus amples informations, consulter l’Institut Forestier Européen