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Plus de 70 millions de barils de pétrole pourrissent encore chaque année dans les forêts françaises

Éditorial de Bioénergie International n°20 de juillet 2012

40 % du bois qui pousse chaque année dans les forêts françaises est perdu, photo F. Douard

En cette période estivale, prenons le temps de faire quelques devoirs de vacances et de prendre la calculatrice. L’heure était au bilan pour le Président de la République François Hollande au sortir du défilé du 14 juillet et celui-ci rappelait le déficit record du commerce extérieur de la France à 70 milliards € pour 2011, dont 45 milliards juste pour le pétrole et le gaz.

Depuis 1978, date à laquelle la France à commencé à installer des chaufferies collectives à bois, des opinions n’ont cessé de mettre en garde les politiques sur une surexploitation possible de la forêt française, et fort ridiculement alors même qu’il n’y avait alors en France que quelques dizaines de chaufferies. Pourtant tout le monde sait aujourd’hui que la forêt française croit depuis plus de deux siècles, et que son accroissement biologique est aujourd’hui à peine exploité à hauteur de 60%. Alors pourquoi attendre encore ?

Des études récentes et fort détaillées*, réalisées en 2005, 2007 et 2009, mandatées par l’ADEME ou par le Ministère de l’agriculture, montrent aujourd’hui clairement que les quantités de biomasse forestière techniquement disponibles dépasseront les 10 millions de tonnes équivalent pétrole par an, même en ne comptant que les petits bois, c’est-à-dire sans faire aucune ombre au bois d’œuvre, et ceci sans compter d’éventuelles plantations, et sans compter les sous-produits agricoles ligneux. Bien sûr cette ressource ne peut sortir toute seule de la forêt et il faut bien entendu pour cela rémunérer les entrepreneurs qui travaillent pour la sortir et ne pas oublier de rémunérer les propriétaires pour qu’ils y trouvent quelconque intérêt. Sans entrer dans les détails, ces 10 millions de Tep seront mécaniquement disponibles progressivement en suivant l’ascension des prix du pétrole dans les 10 à 20 prochaines années (ce qui est très court).

Prenons maintenant la calculatrice : 10 millions de tep/an x 7,33 barils par tep = 73.3 millions d’équivalents barils de pétrole que l’on pourrait sortir en plus chaque année des forêts françaises.

73.3 millions de barils par an, à 100 US$ le baril actuellement, cela fait 7,33 milliards US$ ou encore environ 6 milliards €. A plus de 150 US$ le baril, cela représentera ainsi dans quelques années près de 10 milliards €/an …. un enjeu suffisant semble-t’il pour ne pas perdre de temps !

C’est pour cela que le discours de la ministre de l’écologie, Delphine Batho, le 3 juillet au colloque bois-énergie à Paris, a rassuré toutes les personnes de bonne volonté qui œuvrent depuis des décennies pour relever ce défit. La ministre a en effet déclaré : « la biomasse représente près de 50% de la production française d’énergies renouvelables, c’est donc la première filière d’énergies renouvelables de notre pays. Je souhaite que cette filière, qui a le potentiel de développement le plus immédiat, le plus important, prenne toute sa place dans le débat national sur la transition énergétique que le Président de la République a annoncé et qui s’ouvrira prochainement. Notre objectif doit maintenant être d’en faire une énergie majeure du mix énergétique ».

Nous n’en attendons pas moins.

Frédéric Douard

* : Etudes Solagro-IFN-Cemagref 2005 et 2009 pour l’ADEME, études sur la disponibilité en biomasse forestière (MAAP 2007 et 2009) – www.dispo-boisenergie.fr

 


1 réponse
  1. 7 février 2014

    […] Plus de 70 millions de barils de pétrole pourrissent encore chaque année dans les forêts françai… […]

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