Lien de bannissement

Chauffer son habitation au miscanthus

Infos clés Fiche de cas Chauffage habitat individuel – Combustible : plantation d’1/2 ha d’herbe à éléphants (miscanthus) – Chaudière automatique polycombustible Hargassner de 40 kW – Mise en service en 2010. Article de Gilles Gauthier, ValBiom Asbl, paru dans le magazine Bioénergie International n°17 de février 2012
Olivier Ghesquière dans sa chaufferie, photo Gilles Gauthier

Olivier Ghesquière dans sa chaufferie, photo Gilles Gauthier

Olivier Ghesquière est fils d’agriculteur, à Boussu en Wallonie, et chauffe son habitation de façon autonome à l’aide de sa propre production de miscanthus. Gilles Gauthier de l’association ValBiom l’a rencontré.

Olivier Ghesquière est depuis toujours passionné par les énergies renouvelables. Pendant de nombreuses années, ce dernier a étudié l’intérêt de s’équiper d’une chaudière biomasse dans un souci d’une plus grande autonomie énergétique. En 2007, il décide de planter du miscanthus à titre d’essai sur une parcelle. Ravi des résultats obtenus, il en plante ensuite sur une surface d’un demi-hectare. Le miscanthus, récolté à la fin de l’hiver, est stocké à la ferme familiale située à quelques kilomètres de son domicile. Aujourd’hui, cette parcelle produit l’équivalent de 3 500 litres de mazout lui permettant de chauffer toute l’année sa maison de façon autonome !

La maison de Olivier est une maison unifamiliale traditionnelle construite en 2004 et consommant annuellement l’équivalent de 3 000 litres de mazout. Ce bâtiment était initialement équipé d’une chaudière au gaz. Après de nombreuses recherches, Olivier a porté son choix sur une chaudière polycombustibles de 40 kW, de marque Hargassner. Le modèle choisi, l’Agrofire, est spécialement équipée pour la combustion des produits agricoles. Elle possède une grille mobile afin de lutter contre la formation de mâchefer (fusion puis solidification des cendres en blocs) et des chemises interchangeables pour éviter la corrosion due aux possibles émissions acides issues de la combustion des plantes herbacées. En effet, selon les espèces herbacées et leur mode de culture, les plantes emmagasinent certains éléments chimiques qui peuvent produire des acides à la combustion. Dans le cas du miscanthus, l’absence de besoin de traitement pour cette culture pourrait limiter ce problème.

Le silo alimenté en miscanthus broyé, photo Gilles Gauthier

La chaudière est connectée à un silo de 18 m³, et permet de chauffer la maison familiale, de produire l’eau chaude sanitaire mais également d’alimenter le sèche-linge en air chaud ! L’investissement total est évalué à 25 000 €. Ce montant important est à mettre en perspective avec le coût très modéré du biocombustible. En effet, selon Olivier, le coût de production de son miscanthus correspondrait à payer le mazout 8 ce le litre ! Ainsi, avec une consommation annuelle équivalente à 3 000 litres de mazout, le retour sur investissement serait de 6 ans par rapport à une chaudière conventionnelle au mazout en tenant compte de l’aide régionale pour l’acquisition d’une chaudière biomasse automatique.

Autre avantage, en produisant lui-même son combustible, Olivier s’est affranchi de toute augmentation du prix de son combustible ! La rentabilité d’un tel projet doit toutefois être analysée au cas par cas. En effet, celle-ci est fonction du coût d’implantation de la culture (environ 4 000 €/ha), du coût de la récolte, du rendement de production obtenu, de la distance entre la parcelle et le lieu d’utilisation et des coûts de stockage du miscanthus. L’ensemble de ces postes peut impacter fortement le prix de revient du miscanthus et donc la rentabilité d’un tel investissement. Doivent également être pris en compte, le coût de la chaudière, son installation et les primes disponibles pour les technologies renouvelables.

À l’usage, l’installation donne entière satisfaction à son propriétaire : l’alimentation de la chaudière ne pose pas de problème, la formation de mâchefer est réduite, l’encrassement de la chaudière est raisonnable et aucune dégradation due à la corrosion n’a été observée pour l’instant. Ce bilan positif est à mettre en relation avec le choix d’une chaudière adaptée à ce type de combustible. L’utilisation du miscanthus génère toutefois quelques contraintes. En hiver, Olivier doit remplir son silo une à deux fois par mois (voire trois dans les conditions de froid extrêmes) et doit vider le cendrier de la chaudière une fois par mois. Le volume de stockage de la récolte est très important. En effet, le miscanthus  vrac, obtenu par une ensileuse à maïs, présente une densité est de l’ordre de 140 kg/m³. Ce volume est 16 fois plus important que celui du mazout pour une quantité d’énergie équivalente.

Olivier, fort de son expérience, ne souhaite pas en rester là. Il étudie à présent la possibilité de créer un réseau de chaleur afin d’alimenter les maisons voisines et même développer des projets de chaufferies biomasse utilisant du miscanthus. Ce type de projet serait en effet particulièrement bien adapté aux collectivités. Il envisage également l’utilisation de sa production à d’autres fins, telles que l’isolation de sa maison à l’aide d’un mélange miscanthus-chaux projeté directement sur parois.

Le champ de miscanthus, photo Olivier Ghesquière

Le comportement en combustion de la biomasse herbacée et précautions d’utilisation

La biomasse herbacée est un biocombustible au même titre que le bois. En effet, à humidité équivalente, leurs pouvoirs calorifiques sont proches. Toutefois, la combustion de biomasse herbacée génère plus de contraintes que le bois. Les inconvénients sont les suivants :

  • Un taux de cendres parfois important (jusqu’à 10% pour certaines plantes, et de 0,5 à 3 % pour le bois), dû à une teneur en minéraux plus élevée, pouvant entraîner une obstruction du foyer.
  • Une température de fusion des cendres plus basse pouvant entraîner la formation de mâchefers. En effet, les cendres peuvent fondre au cœur du foyer, ensuite s’agglomérer et se solidifier après avoir quitté le point chaud du foyer. Ces blocs solides peuvent créer une obstruction et dégrader la qualité de la combustion.
  • Un risque d’émissions corrosives et polluantes dues à des teneurs plus importantes en azote, soufre, chlore et minéraux. Ces émissions corrosives peuvent endommager

Détails de la chaudière AGROFIRE

Les chaudières adaptées à la combustion de biomasse herbacées sont des chaudières polycombustibles. Elles sont conçues pour tolérer les contraintes liées au comportement en combustion des produits d’origine agricole. Ces installations doivent disposer des équipements suivants :

  • Un foyer adapté au taux de cendres important et à la formation de mâchefer. Ce foyer doit être muni de grilles mobiles et/ou d’un système de refroidissement.
  • Un système automatique de décendrage et de nettoyage.
  • Des éléments résistants à la corrosion ou remplaçables dans la chaudière et le conduit de cheminée.

Cette chaudière polycombustible doit être également correctement régulée afin de limiter notamment les pollutions liées à une combustion incomplète.

Contacts :

>> Découvrir les autres reportages chez des clients Hargassner, avec un classement par région.


1 réponse
  1. 7 février 2014

    […] Chauffer son habitation au miscanthus […]