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Les Etats-Unis soutiennent la culture de la cameline et sa transformation en biokérozène

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Champ de Cameline

Le département américain de l’agriculture  (USDA) s’est fixé comme priorité la création d’emplois au sein du milieu agricole ainsi que le soutien de l’économie rurale. L’USDA vient de mettre en place un programme d’assurance pour la culture de la cameline; une nouvelle mesure qui fait partie des différentes initiatives mises en place pour atteindre les objectifs fixés par l’administration d’Obama, à savoir la création de nouvelles opportunités de revenus pour les exploitants agricoles, ainsi que le développement de la production de biocarburants à partir de biomasse.

Parmi ces sources de biomasse, la cameline est une plante oléagineuse dont on extrait l’huile, utilisée en industrie agroalimentaire, cosmétique et pharmaceutique, et le tourteau, réservé à l’alimentation du bétail ou encore transformé en engrais. Elle est étudiée aujourd’hui comme agro-carburant notamment pour le secteur aéronautique.

Le processus de transformation en biocarburant utilise le grain de la cameline qui est transformé par broyage en huile végétale préraffinée. Cette huile de cameline brute est ensuite raffinée en « carburant renouvelable hydrotraité pour avion », (HRJ). Le HRJ à base de cameline est avantageux par rapport au carburant classique à base de pétrole, car il permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 80% et de faire baisser les émissions de dioxyde de soufre (SO2). De plus, il ne concurrence pas la production alimentaire, pouvant être cultivé en alternance avec le blé sur des terres marginales.

Cameline en fleurs, photo Robert Evans, ARS

L’USDA met en place un programme d’assurance pour soutenir la culture de la cameline
En novembre dernier, l’agence du management des risques de l’USDA a annoncé la création d’un nouveau programme pilote d’assurance pour la culture de la cameline et sa transformation en biocarburant.

A l’initiative de Great Plains Oil and Exploration, LLC, the Camelina Company et Crop Insurance Systems, Inc, ce programme d’assurance sera mis en place par l’USDA dans les états du Montana et du Dakota du Nord sur les cultures réalisées à partir de 2012. Le programme entre dans le plan Actual Production History (APH) qui est un programme d’assurance couvrant les pertes de rendement d’une exploitation agricole. Connu précédemment sous le nom de Multiple Peril Crop Insurance, l’APH effectue des versements lorsque le rendement réel est inférieur à une garantie de rendement établie lors de la signature du contrat.

Le contrat du nouveau programme signé avant la récolte de la cameline et liant l’exploitant à l’acheteur est composé en trois parties :

  • l’engagement de l’exploitant à fournir sa récolte ;
  • l’engagement de l’acheteur à acheter la récolte ;
  • la fixation du prix de base.

Une clause émanant du contrat protège les agriculteurs en cas de perte de leur récolte dû à des événements extérieurs tels que les incendies, les tremblements de terre ou encore les conditions climatiques. Le taux de couverture pour les exploitants avoisine les 65%, taux calculé par rapport à la moyenne des rendements des 4 dernières années de récolte.

Ce programme d’assurance vise à inciter les agriculteurs à cultiver de la cameline. Dans le cas où les rendements ne seraient pas atteints, en raison de circonstances extérieures, l’exploitant percevra une indemnisation compensatrice de l’Etat.

En parallèle, en juillet 2011, l’USDA a développé deux projets d’aide pour la culture de la cameline dans les états de la Californie, du Montana et de Washington, nommé Biomass Crop Assistance Program (BCAP). Ce programme incite les exploitants à cultiver de la cameline et à en transformer au moins 1/3 pour la fabrication de biocarburants.

Des travaux de recherche sur la cameline sont menés par l’ARS
L’Agricultural Research Service (ARS) conduit, depuis 2006, des travaux de recherche sur la culture de la cameline. Les résultats, dont ceux de Chengci Chen, professeur à l’université du Montana sur les systèmes de culture, montrent que la cameline peut être cultivée sur des terres peu productives ou en jachère. La cameline a l’avantage de se développer en 3 à 4 mois, et elle peut être cultivée avec d’autres céréales car son effet allélopathique permet d’éviter la croissance d’autres adventices dans les champs.

Graines de Cameline, photo Shelbourne

L’avantage stratégique pour les agriculteurs consiste en la génération de revenus supplémentaires de la surface cultivée par une culture à faibles niveaux d’intrants, tels que l’eau, dans la perspective de deux marchés d’utilisateurs finaux, l’huile pour le biocarburant et le tourteau pour le bétail.

En parallèle des accords avec les agriculteurs, l’USDA développe des partenariats avec les secteurs aéronautiques et navals
Depuis 2009, déjà la cameline a été utilisée lors de plusieurs essais. Ainsi, début 2009, un vol d’essai a été effectué avec un Boeing 747-300 de Japan Airlines. Un des moteurs était alimenté avec un mélange de kérosène et d’un agro-carburant à base de cameline, de jatropha et d’algues. Le 18 juin 2011, un biréacteur d’affaires Gulfstream G450 a réalisé le premier vol transatlantique, entre le New Jersey et le Bourget, avec du biocarburant produit à base de cameline. Deux jours plus tard, un 747-8 Freighter de Boeing a été le premier avion commercial à traverser l’Atlantique avec tous ses moteurs alimentés en biocarburant à base de cameline.

Le 16 septembre 2011, l’avion de guerre de brouillage électronique légendaire, le EA-6B Prowler appartenant à la Navy, a réalisé son vol inaugural au biocarburant, mélange de carburant d’aviation classique et d’huile de cameline. Ces essais ont montré la potentialité de la cameline pour le développement de biocarburant pour le secteur aéronaval. Toute une série d’accords sont en cours de signature pour obtenir des débouchés viables au biocarburant à base de cameline.

L’USDA a conclu, en juillet 2010, un partenariat avec les sociétés Boeing Corp et Air Transportation Association pour le développement de biocarburants destinés à l’aviation. Ce partenariat a pour objectif d’accélérer la mise à disposition de biocarburants pour le secteur aéronautique aux Etats-Unis, d’augmenter la sécurité énergétique domestique, d’établir un réseau d’approvisionnement régional et de soutenir le développement rural.

Dans cette même dynamique, l’USDA et le département de la Navy (DoN) avaient signé, en janvier dernier, un accord de coopération destiné à développer des biocarburants pour le secteur militaire et l’aviation industrielle. En août dernier, l’USDA, le DoN et le département de l’Énergie (DOE) ont annoncé la mise en place d’un partenariat pour investir, d’ici trois ans, 510 millions de dollars dans le développement du biocarburant à base de cameline.

Les perspectives à partir de 2012
Un vol d’essai avec du biocarburant à base de cameline, prévu au début de l’année 2012, sera réalisé avec un avion Bombardier Q400 appartenant à la Navy. Six partenaires travaillent actuellement sur ce projet afin d’optimiser la culture de la cameline, sa transformation en biocarburant ainsi que son adaptation sur les moteurs du Bombardier.

Ces avancés s’inscrivent dans un contexte général de promotion de l’utilisation de biocarburants. Ainsi, la Navy prévoit d’utiliser 1,7 million de litres de biocarburants à base de graisses animales et d’huiles végétales, mélangé à 50% avec du kérosène, pour sa flotte aéronavale.

Par ailleurs, à partir de 2014, la société américaine Solazyme devrait fournir, selon la lettre d’intention signée entre les deux parties, 75 millions de litres de biocarburants par an à United Airlines, pour ses vols commerciaux.

Origine : BE Etats-Unis numéro 271 (16/12/2011) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68576.htm