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Chauffer au bois déchiqueté, atout économique pour les éleveurs

Infos clés fiche de cas – Maitrise d’ouvrage agricole – Chauffage d’une maternité porcine et d’une habitation – Combustible : 20 tonnes de plaquettes bocagères par an – Chaudière Hargassner de 55 kW – 45 k€ d’investissement – Mise en service 2011 – Article paru dans le Magazine Bioénergie International n°16- Novembre-Décembre 2011

La chaudière Hargassner de 55 kW, photo Frédéric Douard

M. et Mme Guillou sont agriculteurs et éleveurs de porcs à Cavan en Bretagne. Le chauffage de leur maternité porcine représente un poste de dépense important. M. et Mme Guillou, qui possèdent par ailleurs sur leur exploitation des haies à entretenir, viennent de passer au chauffage au bois déchiqueté. Analyse de leur démarche.

Haie bocagère de M. Guillou, photo Frédéric Douard

Une préoccupation écologique collective

L’exploitation s’étend sur 40 ha de cultures, maïs, colza, blé et sarrasin. Comme dans le reste des Côtes d’Armor, une partie du maillage traditionnel de la haie a été préservé. Là où ce n’est plus le cas, le Conseil Général a mis en place une politique incitative de restauration du bocage afin d’une part de préserver ce paysage mais aussi de rattraper un peu les dégâts des remembrements passés, qui depuis 1950 ont accéléré le régime des eaux et ont freiné l’absorption par les haies et les prairies de l’azote apportées aux sols par les déjections. La haie fait donc partie intégrante du dispositif régional de lutte pour la qualité de l’eau potable et doit être maintenue et entretenue.

Le stockage des plaquettes dans la grange, photo Frédéric Douard

Une nécessité économique accrue

L’élevage comporte 140 truies et l’activité consiste à faire naître les porcelets et à les élever ensuite jusqu’à maturité. La maternité est un poste consommateur d’énergie puisque les porcelets doivent y être maintenus à plus de 27°C durant 3 semaines. Jusque là, ce chauffage était assuré par une chaudière à propane, un combustible pétrolier dont le coût a bondi ces dernières années. Parallèlement, M. et Mme Guillou chauffaient leur habitation avec une chaudière à bûches, du bois obtenu sur l’exploitation. La question du remplacement de cette chaudière en 2010 les a incité à faire réaliser une étude vers une solution automatique à bois déchiqueté, avec en perspective quatre questions à résoudre :

  • la chaudière de l’habitation à remplacer,
  • réduire le temps de travail pour le chauffage de la maison (1 mois par an avec la bûche),
  • continuer à entretenir son patrimoine boisé,
  • maîtriser le coût de chauffage de la maternité.

Une étude de ressource, menée avec l’aide du Conseil général, a montré que les 2 230 mètres de haie et les 1,9 ha de plantation résineuse de l’exploitation pouvaient produire plus de 72 m3 de plaquettes par an. L’association AILE a quant à elle réalisé une étude comparative entre la solution actuelle bûches + GPL et une solution automatisée à bois déchiqueté pour l’ensemble des besoins. Ce travail a montré que la ressource était suffisante à la fois pour remplacer les 6 tonnes de propane utiles au chauffage de la maternité mais également pour chauffer l’habitation. Le dimensionnement des besoins a orienté l’installateur, M. Cosson, vers une chaudière de 55 kW de marque HARGASSNER et un réseau de chaleur de 55 m en tuyau flexible pré-isolé pour relier l’ensemble à une nouvelle chaufferie.

L’économie d’exploitation, au départ basée sur un propane à 750 € la tonne, avec un temps de retour inférieur à la durée de vie de l’installation, a suffit pour emporter la décision. Ce tarif, aujourd’hui largement dépassé, garantit même un temps de retour inférieur à la durée de l’emprunt et une économie cumulée sur 15 ans de plusieurs dizaines de milliers d’euros.

En février 2011, la famille Guillou pouvait ainsi mettre en marche sa nouvelle chaudière, installée juste entre les deux bâtiments consommateurs. M. Guillou ne passe désormais plus que deux semaines par an à couper son bois, une tâche qu’il devait faire de toute façon pour entretenir ses haies. Le déchiquetage est réalisé par un prestataire.

Vue de l'exploitation de M. et Mme Guillou à Cavan, photo Frédéric Douard

La plaquette est stockée dans une partie de la grange, d’où elle est extraite une fois par semaine au tracteur pour compléter le silo. La chaudière est capable de consommer toutes plaquettes calibrées jusque 5 cm et d’une humidité inférieure à 40%.

M. Guillou à gauche avec M. Cosson à droite, photo Frédéric Douard

>> Contacts :

Frédéric Douard, Bioénergie International