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L’accaparement des terres en Afrique de l’Ouest continue

En Afrique de l’Ouest le phénomène des terres fertiles bradées à des investisseurs étrangers a atteint des dimensions dramatiques, comme le montre un rapport du conseil des églises de l’Afrique de l’Ouest ACCEAO, partenaire de Pain pour le prochain. Ainsi, dans certains pays, plus d’un tiers des terres cultivables ont été louées pour 100 ans. Les conséquences pour la sécurité alimentaire des populations locales sont alarmantes.

Au cours des années passées, de nombreux investisseurs du Nord ont loué ou acheté des terres soi-disant « inutilisées » en Afrique de l’Ouest, afin d’y produire des denrées alimentaires pour l’exportation ou les agrocarburants. En Sierra Leone, par exemple, l’entreprise Suisse Addax Bioenergy a loué des grandes surfaces de terre cultivable pour une durée d’au moins 50 ans. L’entreprise a mis à disposition des paysans des terres alternatives mais malheureusement celles-ci ont été labourées trop tardivement. Aujourd’hui les petits paysans se trouvent dans l’insécurité alimentaire et souffrent de la faim.

Généralement, lors des négociations de terres, il n’est pas pris en compte que les terres dites « abandonnées » sont en fait capitales pour la survie des populations pauvres des zones rurales. Elles servent à l’économie de subsistance ou comme pâturages pour les animaux, et elles fournissent les couches sociales les plus défavorisés en bois, en fruits et en plantes médicinales.

Les femmes sont particulièrement affectées car selon le droit traditionnel, elles ne peuvent pas posséder de terre. Elles sont souvent réduites à cultiver des terres considérées comme infertiles. Quand ces terres « inutilisées » sont louées à des investisseurs étrangers, les femmes sont renvoyées sans aucune compensation. Au Mali et au Ghana, de nombreuses femmes ont déjà perdu leur terre et donc la base de subsistance pour elles et leurs familles.

Ghana : déjà 37% de la terre « soldée »

Néanmoins, bon nombre de pays Ouest-africains comme la Sierra Leone, le Liberia, le Mali et le Ghana continuent de brader leurs terres à des investisseurs étrangers. Ainsi, ils créent une menace à la sécurité et la souveraineté alimentaire de leurs pays – et ceci pour des générations, puisque les contrats de bail durent entre 25 et 99 ans.

En Sierra Leone, 1.5 millions d’hectares de terres ont déjà été cédés à des investisseurs. Cela correspond à 28% des terres cultivables du pays. Au Ghana, 37% des terres cultivables ont été louées, pour cultiver du jatropha qui sert à la production des agrocarburants.

Pour cela, l’ACCEAO exige des Etats :

  1. De protéger la sécurité alimentaire des communautés locales et de renforcer le droit foncier traditionnel.
  2. De protéger et de promouvoir la sécurité alimentaire plus généralement. Les communautés locales doivent pouvoir manger ce qu’elles produisent et pouvoir produire ce qu’elles mangent.
  3. De donner préférence à des modèles de développement qui ne mènent pas à l’expulsion, qui ne modifient pas fondamentalement le droit foncier et qui ne permettent pas une concentration excessive de la propriété foncière.
  4. D’assurer que le règlement de la propriété foncière favorise les hommes et les femmes de la même façon et de corriger, si nécessaire, des déséquilibres existants.

>> Voir le rapport (en anglais) : Land Grabbing Undermines Food Security in West Africa. FECCIWA, September 2011 (pdf)

Source : PPP