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Un avion propulsé au biokérosène franchit l’atlantique

Un article Gren & Vert du 11 août 2011

Pour la première fois, un vol commercial reliant Mexico à Madrid a pu être effectué en utilisant 30% de biokérosène, extrait des graines de l’arbuste Jatropha. Pionnière dans le domaine, la compagnie Aeroméxico assure également une liaison hebdomadaire vers le Costa Rica avec le même combustible.

Le tarif reste le même

À leur atterrissage à Madrid le 2 août dernier, les 250 passagers du Boeing 777-200ER n’ont certainement remarqué aucune différence avec un vol conventionnel. Ils ont pourtant participé à une première dans l’histoire de l’aviation, puisque 30% du carburant utilisé pour traverser l’océan ne provenait pas du pétrole, mais d’une plante oléagineuse : la Jatropha Curcas.

Cet exploit est le fruit de deux années d’efforts conjoints de Boeing, de la compagnie aérienne Aeroméxico, du Secrétariat d’État à la communication et aux transports et de l’ASA (la société mexicaine des Aéroports et Services Auxiliaires). Aeroméxico prenant à sa charge l’intégralité des surcoûts générés par le coupage au biokérosène du combustible de ses avions, sans aucune répercussion sur le prix du billet.

La compagnie mexicaine a d’ores et déjà annoncé que 52 vols supplémentaires utilisant du biocarburant auront lieu en 2011, puisqu’une liaison hebdomadaire à destination de San José du Costa Rica sera assurée dans les mêmes conditions jusqu’à la fin de l’année.

Un combustible encore trop cher

Alors, est-ce le début d’une nouvelle ère pour l’aviation civile, qui pourrait s’émanciper peu à peu de sa dépendance au pétrole ?

Pas si sûr, car pour l’instant le biokérosène est loin d’être rentable. Selon José Luis Barraza, président d’Aeroméxico, il reste 10 fois plus cher que le kérosène classique dérivé du pétrole. Les spécialistes de l’industrie aéronautique estiment que la production de biocombustible devra couvrir 1% de la demande d’ici 2015 pour que le marché soit viable.

Pour réaliser ce vol transatlantique, 26 000 litres de biokérosène auront été nécessaires, et le surcoût total permettant d’assurer les vols vers le Costa Rica atteint 500 000 $ (environ 350 000 euros).

Les surfaces cultivées doivent augmenter

C’est dans l’État méridional du Chiapas que sont cultivés les arbustes de Jatropha, dont les graines riches en huile permettent de produire le précieux carburant. À l’heure actuelle, la Jatropha couvre déjà 10 000 hectares, mais le gouvernement mexicain compte augmenter la production au maximum afin de faire baisser les coûts.

Juan Rafael Elvira Quesada, ministre de l’Environnement, affirme que le développement de cette activité permettra aussi de créer des emplois et de reboiser les campagnes.

La prochaine étape consistera peut-être à effectuer la transformation de l’huile en biokérosène directement sur le territoire mexicain, l’opération étant pour l’instant réalisée aux États-Unis.

informador.com.mx

Source : Green & Vert le 11 août 2011