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Propositions pour l’avenir des biocarburants aux Etats-Unis

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/65801.htm

Le Président Obama, dans son discours annuel « State of the Union », en date du 25 janvier, a réaffirmé la volonté du gouvernement américain d’investir dans les « technologies propres ». Pour tenir compte des priorités du camp républicain, le Président Obama annonçait des investissements non seulement pour le secteur des « énergies renouvelables », comme c’était la priorité avant les élections de mi-mandat, mais plus largement aujourd’hui pour les « énergies propres » qui intègrent le solaire, le gaz naturel, le nucléaire, mais aussi le « charbon propre ». L’objectif fixé est de 80% de l’électricité national produite à partir d’énergies propres pour 2035.

La stratégie pour y parvenir nécessitera, comme déjà évoqué à plusieurs reprises, des investissements dans les domaines de la formation, de la recherche et des infrastructures. Il est important de noter que ces déclarations font suite à la récente visite d’officiels du gouvernement chinois et semblent témoigner d’une volonté de s’aligner sur le concurrent asiatique et sur leurs avancées dans le secteur des énergies propres. Les Etats-Unis, comme d’autres pays occidentaux, cherchent à créer de nouveaux emplois en « boostant » notamment les exportations technologiques. Or, la Chine entend soutenir la R&D et la technologie sur son territoire afin de renforcer la rentabilité industrielle et réduire sa dépendance vis-à-vis du savoir-faire étranger [2].

Dans ce contexte, Bob Dinnen, PDG de la Renewable Fuels Association (RFA) expose, dans un récent article publié dans le BiofuelsDigest, les éléments qui selon lui devraient définir la politique de l’administration Obama sur les énergies propres et les avancées de l’industrie des biocarburants pour atteindre les objectifs fixés par le RFS2 (Renewable Fuel Standard 2).

Tout d’abord il avance deux constats qui devraient dicter la stratégie américaine en matière de bioénergies :

  • Les biocarburants de première génération (éthanol produit à partir de maïs, de blé ou d’orge) détiennent toujours un important potentiel industriel. En effet, avec près de 13 milliards de gallons produits en 2010, les rendements de production peuvent encore être augmentés.
  • Les biocarburants de seconde génération (éthanol cellulosique produit à partir d’épis de maïs, de plantes adventices, de déchets du bois…), ainsi que ceux produits à partir d’algues ou d’ordures, sont nécessaires pour atteindre les objectifs fixés par le RFS.

Pour ce faire, le PDG de la RFA prône que des politiques plus incitatives soient mises en place pour permettre à l’industrie des biocarburants de poursuivre son évolution : l’éthanol domestique permettrait de renforcer à la fois les créations d’emplois, la compétitivité internationale et la discipline fiscale du pays.

Dans le cadre d’une démarche proactive, Bob Dinnen propose une politique en 3 points :

1. Politique fiscale
Selon lui, des efforts devraient être menés pour réformer la politique fiscale s’appliquant à l’industrie de l’éthanol, afin d’encourager la croissance des technologies actuelles et d’accélérer la commercialisation des technologies émergeantes. Actuellement le gouvernement fédéral accorde des crédits d’impôts à hauteur de 1$/gallon de biodiesel et des subventions pour la production et la consommation d’éthanol s’élevant à 45 cent/gallon, mesures adoptées le 17 décembre 2010, et reconduites pour une durée d’un an seulement dans le cadre du H.R. 4853, the Tax Relief, Unemployment Insurance Reauthorization, and Job Creation Act of 2010.

2. Garanties de prêt
Dans le but de soutenir et de répondre aux besoins en capitaux des producteurs d’éthanol cellulosique, l’Administration devrait encourager les programmes de garantie de prêt proposés notamment par l’USDA (U.S. Department of Agriculture) et le DOE (Department Of Energy). L’USDA est en mesure d’accorder aujourd’hui jusqu’à $250 millions de garantie de prêts pour le développement et la construction de bioraffineries à échelle commerciale dans les zones rurales produisant des biocarburants de technologies émergeantes dans le cadre de son Biorefinery Assistance Loan Guarantee Program (the 9003 Program).

3. Infrastructures pour l’éthanol
Enfin, Bob Dinnen affirme qu’il est également nécessaire que le gouvernement des Etats-Unis, en partenariat avec l’industrie, soutienne le développement d’infrastructures permettant la distribution de l’éthanol. A l’automne dernier, le Secrétaire d’Etat à l’Agriculture, Tom Vilsack, annonçait un programme de soutien pour l’installation de 10.000 pompes mélangeuses dans le pays au cours des 5 prochaines années. Cet effort serait à poursuivre.

En conclusion, Bob Dinnen avance que pour un réel changement dans la stratégie énergétique du pays, le Président devrait réévaluer les choix énergétiques et les politiques de soutien associées. Selon lui, les carburants fossiles comme le pétrole et le charbon, ainsi que l’énergie nucléaire ont bénéficié des largesses du gouvernement fédéral depuis des générations. A titre d’exemple, l’industrie du pétrole aurait à elle seule disposé de près de 280 milliards de dollars d’argent public chaque année.

Selon Bob Dinnen, l’éthanol produit à partir de différentes sources de matières premières est de loin le choix le plus évolutif et le mieux avisé pour le mix énergétique américain. Il affirme donc, à travers cette stratégie en 3 points, la nécessité pour le gouvernement de poursuivre les mesures déjà en place afin de soutenir le secteur des biocarburants. Les Etats-Unis détiennent le savoir-faire et la capacité de s’affranchir de la dépendance des importations de pétrole et ceci réside dans la production et l’usage de l’éthanol et d’autres biocarburants. Ces débats interviennent dans un contexte où le cours du baril de pétrole a augmenté pour atteindre les $91 (après avoir brièvement dépassé le seuil des $100) et dont les fluctuations risquent d’être tributaires de l’instabilité politique dans les pays arabes et du Moyen Orient.

Origine : BE Etats-Unis numéro 234 (4/02/2011) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/65801.htm