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Un entretien de bord de route autofinancé par la valorisation énergétique du bois

Article paru dans le Bioénergie International n°96 de mai 2025

Un entretien de bord de route autofinancé par la valorisation énergétique du bois

Le déchiquetage à Tardinghen, photo Eden 62

Sur le littoral du département du Pas-de-Calais, un littoral encore largement préservé de l’urbanisation et des dégradations malgré une pression humaine très forte, le syndicat mixte Eden 62 est gestionnaire des propriétés du Conservatoire du littoral. Cet établissement public national acquiert des espaces naturels pour les protéger et les met en gestion auprès d’organismes locaux comme Eden 62. Or, de nombreux sites du Conservatoire du littoral sont traversés par des routes comme la RD940 qui longe la Côte d’Opale depuis la Somme jusqu’au département du Nord. Eden 62 se doit donc d’entretenir ces bords de route qui sont sur les propriétés du Conservatoire pour des raisons de sécurité.

Entretenir les bords de route intelligemment

En janvier 2025, le syndicat mixte a été amené à faire réaliser un chantier de débroussaillement routier sur la commune de Tardinghen, une commune à la fois adhérente du Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale, et à la fois l’une des huit communes qui forment le territoire remarquable situé entre les caps Gris-Nez et Blanc-Nez, et labellisé Grand site de France depuis 2011.

C’est dans ces cadres exigeants qu’une attention environnementale toute particulière a été apportée pour contenir la végétation entourant la chaussée de cette route, afin d’une part d’éviter les chutes d’arbres dans un secteur fortement balayé par des vents violents, et d’autre part pour réduire les zones d’ombre, propices au maintien du verglas l’hiver, deux facteurs propices aux accidents.

Les bords de route à débroussailler à Tardinghen, photo Eden 62

Et pour rester dans le sens des efforts menés sur la préservation des paysages et de la biodiversité, Eden 62 a décidé de mener ce chantier de la manière la plus cohérente possible en prenant soin de ne pas abîmer les sols, en rendant un terrain propre et immédiatement prêt à repousser, sans gaspiller la ressource qui s’y trouvait, et le tout en faisant des économies de budget. La valorisation de la matière peut en effet dans certains cas, comme ici avec un temps de pousse suffisant des arbres et arbustes, autofinancer la prestation de débroussaillage.

Une valorisation en bois-énergie

C’est l’entreprise locale Fichaux Bois Énergie, basée à Seninghem entre Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer, qui a été sollicitée. Elle a accepté de réaliser les opérations sans coût pour la collectivité, en échange de la cession du bois à titre gratuit, la quantité de bois valorisable en combustible ayant été jugée suffisante pour autofinancer le chantier.

En janvier 2025, l’entreprise a donc procédé en une semaine, à l’aide d’un sécateur Woodcracker C350 sur pelle mécanique à chenilles ne circulant que sur la voirie, à la coupe des arbres sur les terrains du Conservatoire du littoral qui bordent la RD940 de chaque côté, sur la commune de Tardinghen. La tête d’abattage utilisée est articulée à 360°, peut sectionner des bois jusqu’à 350 mm de diamètre, et est conçue pour couper plusieurs tiges à la suite en les regroupant dans ses pinces, avant de les déposer en gerbes.

L’abattage à Tardinghen, photo Eden 62

La zone de chantier était située au niveau du site protégé de la Carrière du phare près de la baie de Wissant, sur une distance de 1090 mètres sur les deux côtés. Les arbres coupés ont été soigneusement couchés perpendiculairement à la chaussée par l’abatteuse, gros bout vers la route, afin de faciliter la reprise par la grue de la déchiqueteuse.

Pour ce chantier, Alexandre Fichaux a utilisé l’un de ses deux automoteurs Albach Diamant 2000, des véhicules homologués pour circuler sur route à 80 km/h. Equipées d’un tambour à couteaux de très forte capacité et d’un moteur de 700 chevaux, ces machines sont capables de découper des bois mesurant jusqu’à un mètre de diamètre en leur plus gros bout. Leur productivité leur permet de remplir une semi-remorque de 90 m3 en 45 minutes si les bois sont bien regroupés et de diamètres suffisants. Avec cette capacité, l’andain de plus d’un kilomètre a été transformé en plaquettes forestières sur une seule journée de travail.

L’une des chaudières bois de la chaufferie de Calais, photo Frédéric Douard

Les plaquettes forestières ont été livrées le jour même de leur production dans les chaufferies urbaines de Boulogne-sur-Mer et de Calais, respectivement à 20 et 25 kilomètres du chantier. Ces chaufferies sont en effet équipées de chaudières capables de consommer des bois frais tout en conservant un excellent rendement de combustion. Cet avantage permet de travailler en flux tendu et donc moins cher pour la fourniture du combustible.

L’un des deux silos à bois de la chaufferie de Calais, photo Frédéric Douard

Les données chiffrées du chantier

Les 1090 mètres linéaires ont été traités sur une largeur approximative de 5 mètres de chaque côté de la route, qui correspond au global à une surface d’un hectare. Les arbres, jeunes en totalité, avaient entre 10 et 15 ans, n’avaient bénéficié d’aucun élagage de formation et n’avaient donc aucun potentiel industriel : il s’agissait en majorité de saules marsault, d’érables sycomores, ainsi que de quelques aubépines et ajoncs d’Europe.

L’autre déchiqueteuse Albach Diamant des Ets Fichaux, photo Fichaux Bois Energie

Le déchiquetage du tas a produit précisément 640 m3 de plaquettes pesant au total 216 tonnes, ce qui représente une production de 100 kg de bois déchiqueté par mètre linéaire de bas-côté ou encore de 216 tonnes de bois-énergie par hectare, ce qui n’est pas mal du tout pour un boisement de moins de 15 ans !

Le bois a donc été cédé gratuitement à l’entreprise pour compenser ses coûts d’exploitation qui furent de 10 150 € HT :

  • 5 jours de pelle à sécateur à 650 € / jour HT,
  • 1 jour de broyage à 4500 € / jour HT,
  • 1 jour avec trois camions à semi-remorque à fond mouvant : 2400 € / jour HT.

La tonne de plaquettes fraîches a été vendue en chaufferies à 65 € la tonne HT pour un montant global de 14 040 €, ce qui a permis à l’opération de générer 3 890 € de bénéfice pour le prestataire.

Un accord gagnant-gagnant

Au final, cet accord d’échange de bois contre prestation a fourni huit jours de travail à l’entreprise Fichaux Bois Énergie, apportant plus de 200 tonnes de bois à ses marchés de fourniture de bois-énergie. Il a aussi fait économiser une prestation de débroussaillement à la collectivité, qui sans valorisation du bois, aurait dû financer en pure perte un chantier d’abattage et de broyage au sol pour environ la même somme de travaux que celle réalisée par l’entreprise Fichaux, une somme qui aurait juste été dépensée pour détruire 216 tonnes de bois !

Contacts :

Frédéric Douard

Lire également : Ets Fichaux, entreprise de travaux forestiers portée par le bois-énergie

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