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Biocarburants en France : il reste du travail !

Champ de tournesol dans l'Allier, photo Frédéric Douard

Extrait du dossier ADEME & Vous, juillet-Août 2010

Plusieurs filières de production de biocarburants coexistent actuellement. Leurs performances sont variables tant au point de vue écologique qu’économique. La comparaison des bilans énergétiques et environnementaux (émissions de GES) de ces produits permet de les distinguer en trois catégories.

Premier de la classe : le biodiesel obtenu à partir d’huiles alimentaires usagées et de graisses animales. Les résultats sont probants avec une réduction de 90 % des émissions de GES, et une diminution de 80 % de la consommation d’énergie non renouvelable. Les biocarburants issus de l’éthanol de blé, de maïs, de betterave et de canne à sucre, ainsi que les biodiesels de colza, de tournesol, de palme, de soja et d’huile végétale pure sont sur la deuxième marche du podium. « Leur utilisation permet de réduire la consommation fossile de 50 à 85 % et de diminuer les rejets de GES jusqu’à 80 % », commente Jean-Christophe Pouët. Dernier du classement : l’ETBE – éthyl tertio butyl éther, un éther obtenu par réaction chimique supplémentaire entre le bioéthanol et l’isobutène issu de ressources fossiles –, présente un bilan mitigé avec une réduction de 20 % de la consommation d’énergie non renouvelable, et de 25 à 40 % de GES.

Changement d’affectation des sols directs
Des performances contrastées, et une question cruciale : le changement d’affectation des sols au profit de cultures destinées à fabriquer du carburant (passer de la forêt à la culture ou à l’élevage). « La biomasse agricole produite sur le sol européen n’est pas concernée par ce phénomène grâce aux règles d’éco-conditionnalité établies par la PAC, commente Jean-Christophe Pouët. En revanche, dans des pays comme le Brésil, l’Indonésie ou la Malaisie, la culture de la canne à sucre, du palmier à huile ou du soja à des fins énergétiques ou alimentaires peut entraîner des défrichages massifs. Dans ces conditions défavorables, le bilan positif des biocarburants générés à partir de ces produits d’importation peut s’avérer négatif si l’on considère le changement d’affectation des sols. » Pour tenter de résoudre le problème, la Commission européenne doit passer des accords bilatéraux avec ces pays, obligeant à mettre en place des productions certifiées durables, condition indispensable à l’exportation vers les pays de l’Union.

Vers une 2e génération
En France, la recherche sur les biocarburants se décline en deux volets : améliorer l’efficacité de la production de biocarburants de première génération – c’est-à-dire élaborés à partir de la graine des plantes –, mais aussi passer à une deuxième génération qui doit être opérationnelle en 2020. L’ambition est de valoriser l’intégralité de la plante (tige, racines…). Ainsi, l’ADEME, dans le cadre du Fonds démonstrateur de recherche « Biocarburants de 2e génération » créé suite au Grenelle de l’environnement, a lancé en 2008 un appel à manifestation d’intérêt sur ce thème. Deux démonstrateurs de recherches ont été retenus : le programme Gaya doit, à partir de biomasse, permettre de produire du gaz par méthanation destiné à alimenter des flottes de véhicules. Enfin, le projet BioTfuel doit, quant à lui, être source de gazole issu de la torréfaction et liquéfaction de la biomasse.
« Outre le soutien à la recherche, l’Agence anime la filière, favorise les échanges entre industriels et laboratoires. Nous avons un rôle de catalyseur et de conseil auprès de nos ministères de tutelle pour définir les priorités futures », souligne Jean-Christophe Pouët. L’ensemble de ces actions devra permettre de respecter les objectifs fixés par la directive européenne d’avril 2009, fixant notamment aux États membres l’obligation de recourir à au moins 10 % d’énergie renouvelable dans les transports en 2020.

Source : ADEME & Vous, juillet-Août 2010