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Projet de condamnation à mort pour la filière française du biodiesel

Photo Frédéric Douard

Photo Frédéric Douard

La Commission européenne prévoit de réduire de moitié entre 2020 et 2030 la part des biocarburants de première génération dans les transports. Celle-ci est fixée dans la nouvelle directive à 3,8 % à horizon 2030, alors qu’en France elle atteint 7 % depuis 2013. Estérifrance, le syndicat des estérificateurs français dénonce ce changement de cap radical, qui met en évidence l’absence de concertation et le manque de réalisme d’une décision prise sans fondement scientifique et dont les conséquences pour la filière du biodiesel français, principalement issu du colza, seront désastreuses.

Outre le coup inadmissible porté aux agriculteurs qui traversent une crise sans précédent, Estérifrance déclare que le projet de la Commission représente une menace d’une ampleur inédite pour les industries de la filière, déjà fortement impactées par le manque de visibilité et de stabilité réglementaire en matière d’énergies renouvelables en Europe.

Les conséquences de ce projet pour Estérifrance :

  1. Le quasi anéantissement des efforts entrepris depuis plus de 40 ans par la filière pour reconquérir la souveraineté de notre pays en matière de protéines végétales pour l’alimentation animale (tourteaux). Ces efforts ont permis de porter l’autosuffisance de la France de 25 % dans les années 1980 à plus de 50 % aujourd’hui. Le projet de la Commission implique un net recul des surfaces de colza cultivées en France (qui pourrait atteindre 75 % des surfaces actuelles), favorisant ainsi le retour à une importation massive de protéines végétales – une hémorragie dont les producteurs de soja OGM nord et sud-américains sauront tirer pleinement profit, au détriment des agriculteurs français producteurs de colza. Par ailleurs, Esterifrance souligne que la Commission n’a pas distingué les biocarburants issus de plantes riches en protéines comme le colza, de ceux issus de cultures pauvres en la matière.
  2. Un affaiblissement sans précédent d’une industrie créatrice de valeur dont le développement a été voulu et encouragé par l’UE. Le projet de la Commission menace directement 20.000 emplois en France, dont plus de 80 % en milieu rural, et au moins 10 usines réparties sur l’ensemble du territoire national. En faisant le choix de remettre en question l’avenir d’une filière fortement investie dans la recherche et l’innovation, la Commission met également un frein au développement de nouvelles générations de biocarburants, que la nouvelle directive entend pourtant favoriser.
  3. Une augmentation des importations de carburants fossiles en Europe, remettant en question la capacité du bloc européen à respecter les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris. Aujourd’hui, la filière française du biodiesel permet une économie annuelle d’importation de diesel fossile et de tourteaux pour l’alimentation animale d’1,5 milliard d’euros (PwC).

Pour Kristell Guizouarn, présidente d’Esterifrance, « le revirement de la Commission européenne anéantit les efforts entrepris pour la décarbonisation des transports. Cela va inévitablement se traduire dès 2020 par une augmentation des importations d’énergies fossiles aux dépens de notre agriculture et de notre industrie. C’est indéfendable et inacceptable. »

Les sites industriels adhérents à Estérifrance

Les sites industriels adhérents à Estérifrance

Esterifrance est le syndicat professionnel français des producteurs d’esters méthyliques d’huiles végétales, de graisses animales et d’huiles usagées. Il regroupe les sociétés Centre Ouest Céréales, Dielix, Estener, Ineos Champlor, Nord-Ester, Saipol (groupe Avril). www.esterifrance.fr