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Rapport : développer la filière biogaz, c’est possible !

Valorisation du biogaz à Ovilléo, photo MEL

Valorisation du biogaz à Ovilléo, photo MEL

L’Académie des technologies s’est penchée sur la filière biogaz en France dans une étude intitulée « Le biogaz ». Tout en reconnaissant que le contexte économique actuel – local et international – n’est pas favorable à l’essor de cette énergie renouvelable, elle appelle les pouvoirs publics à lever les freins techniques, économiques et réglementaires pour développer la filière biogaz.

Le biogaz connaît depuis une quinzaine d’années un retour sur la scène mondiale comme source d’énergie renouvelable d’origine naturelle (1). Son exploitation industrielle permet le bouclage d’un cycle d’économie circulaire des ordures ménagères et des déchets organiques industriels ou agricoles. Elle peut aussi être intensifiée, à l’image du système allemand de production fermentaire qui utilisait jusqu’à très récemment le maïs comme source de matière première.

L’Académie de technologies a entrepris depuis plusieurs années une revue systématique et sans concessions des technologies de production des énergies renouvelables, sur les plans technique, économique et réglementaire. Elle a auditionné les meilleurs spécialistes français du domaine, tant les chercheurs du secteur académique que les industriels présents dans ce secteur en cours de développement.

Ce rapport dresse un panorama et des perspectives en demi-teinte pour cette filière.

L’Académie des technologies reconnaît que le contexte économique n’est certes pas favorable au développement de cette filière à court terme : le retour sur investissement pour les agriculteurs est long (de 15 à 20 ans), et la récupération des déchets hautement méthanisables reste difficile dans les conditions de collecte actuelles. Ce contexte défavorable explique sans doute que la filière biogaz peine à se déployer en France.

L’Académie rappelle ainsi que la France arrive aujourd’hui en quatrième position en Europe, derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie pour la production de biogaz. Elle estime cependant que les objectifs du Plan Climat, stipulant une part de 23 % des énergies renouvelables dans l’énergie finale en 2020, ne pourront être atteints sans un développement important de la méthanisation.

Il existe en France un fort potentiel de croissance de la méthanisation. Car même si, à terme, l’essentiel des ressources utilisables en méthanisation sera d’origine agricole, les bio-déchets urbains au sens large (des ménages aux gros producteurs) sont intéressants à mobiliser.

Côté R&D, la production du biogaz est une technologie mature et n’a pas besoin de grands programmes de recherche et développement, mais plutôt d’une optimisation des procédés et de perfectionnements technologiques pour faire monter en puissance les installations industrielles.

L’Académie pointe des freins importants dans le développement de cette filière en France :

L’augmentation de la production française de biogaz dépend largement des politiques publiques mises en place et des soutiens, tant réglementaires que financiers dont elle peut bénéficier. Or, si les incitations économiques vont dans le bon sens, l’engagement insuffisant des pouvoirs publics (le bio-méthane était absent du « Grenelle de l’environnement ») et une complexité administrative excessive freinent les porteurs de projet et les collectivités.

Les freins sont également techniques : le rapport cite l’exemple des conditions techniques d’exploitation, notamment la garantie du « zéro rejet liquide » pour les installations de méthanisation, difficile à respecter. Et réglementaires : la commercialisation des substrats organiques, indispensable à l’équilibre économique de la filière de valorisation, est de fait difficile car le statut réglementaire des digestats demeure flou.

En conclusion, l’Académie des technologies estime que ces freins sont surmontables à court et moyen termes. Elle appelle les pouvoirs publics à lever les freins techniques, économiques et réglementaires pour développer la filière biogaz. La mise en œuvre du dispositif de soutien des filières « bois-énergie » et « méthanisation » annoncée en février par la ministre en charge de l’environnement représente une opportunité en ce sens.

>>Télécharger le rapport « Le Biogaz, Académie de technologies 2016 » – 1,3 Mo

Contact : Catherine Côme – 01 53 85 44 30 – catherine.come@academie-technologies.fr

L’Académie des technologies : créée en 2000, elle analyse les grandes tendances et impacts du progrès. Elle émet des propositions et des recommandations auprès des Pouvoirs publics, des acteurs socio-économiques ainsi qu’auprès d’instances de réflexion européennes et internationales. Elle tire son originalité de la diversité de l’expertise de ses membres : technologues, ingénieurs et industriels, mais aussi chercheurs, agronomes, architectes, médecins, sociologues, économistes, avec une forte représentation des directeurs de R&D des entreprises industrielles. Elle mène ses travaux en toute indépendance, en associant à ses réflexions les entreprises, la recherche publique, les élus et les citoyens.

1 réponse
  1. Energie+ dit :

    Bio-méthane et transports (véhicules lourds uniquement)

    C’est très peu évoqué dans le rapport mais pour peu que le prix du pétrole monte un peu plus, ce qui ne saurait tarder, l’utilisation du bio-méthane pour les véhicules lourds type bus, camions, flottes captives etc permet une autre source importante et plus diversifiée de financements de ce secteur et donc sa plus grande rapidité de développement et de sécurisation de ses revenus sur le territoire national comme en Europe. C’est le pari du Club Biogaz et des grands opérateurs du secteur type Engie mais qui à mon avis commettent pour des raisons de marché etc l’erreur d’étendre son utilisation aux véhicules légers (qui ont d’autres modes de motorisation bien plus efficients en vue type électro-solaire), ce qui de facto implique des importations plus importantes de gaz naturel en complément alors nécessaire et ne règle donc ni les problèmes de pollution et climat, ni de balance commerciale et d’indépendance énergétique. Cà ne rend pas non plus service aux pays producteurs type Russie dont l’économie peine à se détacher plus largement des énergies fossiles et crée des tensions et risques géopolitiques pour maintenir les intérêts énergétiques d’une minorité au lieu d’évoluer vers une plus grande diversification comme ce sera de toutes façons obligatoire à terme. Autre service rendu : on constate en effet que les pays producteurs ne sont en outre généralement pas des démocraties et que la concentration des finances des producteurs d’énergie est plus que forte ce qui n’est pas favorable à l’économie dans son ensemble dont l’endettement est massif et à sa stabilité par les écarts de richesses intenables à terme que cela génère !