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Le retour du bois-énergie, une tendance lourde depuis 40 ans

Editorial du Bioénergie International n°41 de janvier-février 2016

En Suède, depuis 2012, 51 % de la consommation énergétique provient d’énergies renouvelables et notamment du bois, photo Frédéric Douard

En Suède, depuis 2012, 51 % de la consommation énergétique provient d’énergies renouvelables et notamment du bois, photo Frédéric Douard

Le bois, énergie première de l’humanité, a été délaissé au cours des siècles derniers par de nombreux secteurs d’activités des sociétés industrielles. Pourtant depuis 40 ans et le début de la prise de conscience des limites des énergies fossiles, fort de sa neutralité carbone, de ses nouvelles performances techniques et de son caractère inépuisable s’il est géré durablement, le bois-énergie reconquiert petit à petit des parts de marché.

Il assure ainsi aujourd’hui la moitié de la production totale d’énergie renouvelable française et européenne. Et dans les scenarii de mix énergétiques à 100% renouvelables, atteignables dans plusieurs pays européens à l’horizon 2050 (dans 35 ans seulement), grâce notamment aux efforts d’efficacité énergétique, le bois assurerait de 30 à 70% du mix énergétique de ces pays !!!

Pourtant, sous l’influence sans aucun doute des cours actuels du pétrole, certains se laissent aller à des déclarations comme quoi le marché du bois-énergie s’essoufflerait ! Il est certain, que pour des gens qui ne connaissent le bois-énergie que depuis 10 ans, c’est à dire depuis que le prix de l’énergie a fait bondir son taux de croissance, un ralentissement relatif et conjoncturel de cette accélération historique peut apparaître comme le début de la fin. Mais ceci est fort mal connaître cette filière.

Car le ralentissement observé en 2015, et qui a pris racine dans la baisse du cours des énergies en 2014, ne concerne que deux secteurs de la filière forts marginaux et très concurrentiels : le chauffage des bâtiments privés en zones urbaines et l’industrie hors filière bois. Sur ces deux marchés, qui n’avaient jamais été auparavant des axes forts de développement du bois-énergie, et qui sont les marchés de prédilection du gaz naturel, cette dynamique est effectivement ralentie en attendant la prochaine remontée des prix. Mais même sur ces marchés, une pause dans les investissements ne signifie pas que la consommation baisse, tout au plus sa croissance ralentie.

Par contre, pour tous les autres secteurs de marché du bois-énergie, qui représentent plus de 97% des volumes de la filière en France, il est tout à fait faux que la croissance du marché soit en panne et notamment après correction des variations saisonnières. Le marché des entreprises de la filière bois ; celui des collectivités qui va continuer à prendre en compte les avantages sociaux et environnementaux ; et surtout celui des particuliers qui à lui seul consomme 80% des volumes de bois-énergie, pour lequel le prix des énergies n’a pas baissé de manière extraordinaire, et pour lequel les questions environnementales pèsent de plus en plus dans le contexte de changement climatique, pour ces trois marchés principaux la dynamique ne se dément pas.

Et pour conclure, moi qui observe assidument cette filière depuis bientôt 30 ans, je peux même affirmer que la filière bois-énergie ne s’est jamais aussi bien portée depuis 200 ans. Elle accède même actuellement, à une maturité et à une massification qui vont en faire, dès le milieu de ce siècle, l’un des piliers centraux du mix énergétique des pays responsables.

Frédéric Douard