Lien de bannissement

Gecco collecte et valorise les huiles alimentaires en biodiesel

Un dossier du Le Centre Ressource du Développement Durable Nord-Pas-de-Calais

Véhicule de collecte des huiles usagées GECCO, photo D. Bokalo

Véhicule de collecte des huiles usagées GECCO, photo D. Bokalo

Depuis 2007, cette entreprise nordiste collecte et recycle l’huile alimentaire usagée. Demain, elle souhaite accompagner les territoires pour faire du recyclage d’huile alimentaire, une filière locale de biodiesel, depuis la collecte à l’utilisation du produit. La structure juridique choisie est la SARL, avec l’agrément étatique « Entreprise solidaire ». Gecco combine ainsi deux modèles économiques : l’économie circulaire et celui de l’ESS.

Julien Pilette, jeune entrepreneur originaire d’Artres, co-fondateur et gérant de Gecco

Julien Pilette, jeune entrepreneur originaire d’Artres, co-fondateur et gérant de Gecco

En 2007, l’entreprise Gecco est née, avec une collecte innovante de l’huile alimentaire : elle est récupérée gratuitement dans 1500 restaurants (90%) et déchetteries (10%), en triporteur sur Lille ou en camionette dans le reste de la région, en partenariat avec des entreprises d’insertion. Elle est ensuite recyclée chez un partenaire belge qui la revend aux usines de biodiesel en Europe. 300 tonnes sont collectées par an (dont 35 tonnes par triporteur). Dès 2008, Julien va s’associer avec Michel Millares, un scientifique, pour mener parallèlement un travail de recherche et développement dans ce domaine.

Une entreprise de l’Economie sociale et solidaire

Aujourd’hui, deux tiers des ressources de l’entreprise proviennent de la vente d’huile usagée à l’entreprise de recyclage. Le reste provient d’activités d’audit et conseil (ex : réalisation de diagnostic qualité-sécurité-environnement auprès d’entreprises …), activités que Michel Millares réalisait avant son arrivée chez Gecco et qu’il a poursuivies.

Le budget de Gecco (chiffre d’affaires et crédit impôt recherche) avoisinait les 300 000 euros sur 2013. Au capital, on trouve une quinzaine de partenaires comme sept CIGALES, Autonomie & Solidarité et six particuliers, dont trois salariés. La structure juridique choisie est la SARL, avec l’agrément étatique « Entreprise solidaire » : « nous travaillons selon la logique de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) puisque nous mettons l’economie au service de l’homme et de l’environnement et non l’inverse. » Gecco combine ainsi deux modèles économiques : l’économie circulaire et celui de l’ESS.

Vers de nouveau mix énergétiques locaux

La collecte d’huile stagnant depuis quelques années, Julien Pilette pressent que l’entreprise doit changer d’échelle, innover pour continuer à se développer. Il imagine un concept, « un nouveau modèle économique local : que l’huile alimentaire collectée localement soit recyclée en bio-diésel et réutilisée sur le même territoire. Il s’agit de relocaliser ainsi une filière sur un territoire. Cette relocalisation valorise les circuits courts et diminue l’empreinte écologique de la filière. » Pour ce faire, Gecco souhaite accompagner les territoires pour développer ce type de filière de recyclage à l’échelle locale : « il faut que ceux qui possèdent des déchets, se les réapproprient. J’ai conscience que nous ne pouvons pas vivre immédiatement sans pétrole : nous allons vivre avec un bouquet énergétique et le bio-diésel-déchet sera l’une des branches de ce bouquet. » Surtout dans nos territoires gros consommateurs de frites…

Du brevet à la levée de fonds, avec la Troisième Révolution Industrielle en perspective

Pour ce faire, depuis trois ans, Gecco investit dans la recherche, au travers de son laboratoire dirigé par l’associé Michel Millares, et en partenariat avec l’Université Lille 1. L’objectif est de développer un programme de recherche scientifique en matière de recyclage d’huile alimentaire en biocarburant, via un procédé biologique et non chimique, limitant ainsi son empreinte écologique. Soutenue financièrement dans cette démarche, l’entreprise a été également lauréate 2013 du programme Scale-up de la Fondation Rotschild (programme dédié au changement d’échelle des entreprises sociales).

Collecte des huiles usagées par GECCO, photo D. Bokalo

Collecte des huiles usagées par GECCO, photo D. Bokalo

Durant ce premier semestre 2014, Gecco mène un premier tour de table pour lever des fonds : « le travail de laboratoire s’achève, il est temps de passer au semi-industriel pour valider le modèle. ». L’objectif est de financer un pilote industriel dans le Nord-Pas de Calais : la première usine régionale qui va recycler l’huile alimentaire en biodiesel. « Nous n’avons pas encore fixé pour l’instant ni le lieu, ni la collectivité qui va nous accompagner sur ce projet. Mais nous nous inscrivons dans la dynamique de la Troisième Révolution Industrielle (TRI) : le CCI de la région Nord de France soutient notre démarche, nous présente des investisseurs. » Avec à la clé, un probable nouvel élan pour les activités de Gecco et l’élargissement de son activité de collecte auprès des restaurateurs, leur première cible, et des déchetteries gérées par les communes.

Les huiles alimentaires usagées bientôt dotées d’un réseau national de valorisation ?

Pour autant, Gecco ne s’interdit pas de prospecter d’autres régions françaises. A terme, Julien Pilette se voit bien gérer un réseau national de collecte et de transformation d’huiles alimentaires, selon les envies des territoires : « Nous conseillons déjà une association en Ardèche qui collecte et recycle l’huile alimentaire pour des chaînes de tronçonneuses. » L’entreprise est également en réseau informel avec de petites structures qui collectent les huiles alimentaires usagées « A six ans, l’objectif serait d’atteindre un millions d’euros en terme de chiffre d’affaires, généré tant par l’activité conseil que par le recyclage. Notre ambition est de gérer un réseau de franchises de recyclage et d’apporter conseil et ingénierie, aussi bien en recyclage d’huile qu’en développement de nouvelles technologies. »

Une Analyse du Cycle de Vie innovante

Julien Pilette est en tout cas très confiant sur cette filière locale de biocarburant conçue par Gecco : « cette démarche est très innovante en matière d’ACV – Analyse de Cycle de Vie – tant d’un point de vue environnemental que social. » Les recherches ont permis en effet d’imaginer une filière éco-conçue de biodiésel avec un faible impact sur l’environnement et sans impact sur l’agriculture, en capacité de contribuer à l’autonomie énergétique du territoire. Et socialement, l’entreprise propose une relocalisation, mettant en valeur les circuits courts, les usagers locaux et la création d’emplois.

En 2015, le producteur mondial de frites surgelées McCain, implanté en région Nord Pas-de-Calais, s’est associé à Gecco.
https://www.youtube.com/watch?v=-5AmxBakXO4&feature=youtu.be

Sourceswww.cerdd.org et www.gecco.fr