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Les rencontres IAR au chevet des biocarburants

Rencontres IAR 2014Les Rencontres du Pôle de compétitivité IAR (Industries et Agro-Ressources) s’adressent aux acteurs industriels, académiques et institutionnels. Ce pôle à vocation mondiale, implanté sur les deux régions Picardie et Champagne-Ardenne, organisait cette année ses Rencontres le 30 septembre 2014 à Reims sur le thème des stratégies d’utilisation de la biomasse.

La journée s’articulait autour d’une conférence débat sur les Usages des sols et sur le Développement de la demande pour les secteurs de la chimie, des matériaux et des bioénergies. Mais ce fut sans conteste le secteur de l’énergie qui mobilisa les débats puisque qu’au titre de la seule véritable filière de la bio-économie en place actuellement, il a servi à illustrer les difficultés rencontrées depuis 4 années dans le cadre de la politique européenne et de son débat houleux sur les changements d’affectation des sols et sur le bilan effectif de réduction des émissions de CO2 des biocarburants de première génération.

La discussion fut alimentée par Jennifer DUNN,  de l’Argonne National Laboratory aux Etats-Unis, par Aurélien MILLION, Chef du bureau de la Biomasse et de l’Energie, Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, par Pierre-Alain SCHIEB, Professeur titulaire de la Chaire en Economie Agro-Bio-Industrielle de Neoma, par Jérôme BIGNON, Directeur en charge des relations avec l’administration française et l’Union européenne, Cristal Union.

L'intervention de Pierre-Alain SCHIEB sur les enjeux de la bioéconomie

L’intervention de Pierre-Alain SCHIEB sur les enjeux de la bioéconomie, photo Frédéric Douard

Les intervenants ont en particulier rappelé le retard considérable pris par les européens dans le développement des biocarburants depuis 4 ans, avec les discussions sur leurs impacts environnementaux possibles, discussions qui ont mis un coup de frein brutal au développement. Les discussions avaient ainsi il y a deux ans ramené les objectifs européens de 10 à 5% de biocarburants G1, alors que des pays comme la France étaient déjà à plus de 7%. Après d’âpres négociations, 7 % de biocarburants G1 sont maintenus, plus 3% de G2, pour l’horizon 2020, avec une exigence minimale de 60% de réduction de CO2.

Pourtant, avant ces péripéties, France en tête, l’Europe n’était alors pas en retard par rapport au Brésil ou aux Etats-Unis. Aujourd’hui, le résultat sur la filière éthanol en particulier, est que la production européenne n’est que de 50 millions d’hectolitres par an, alors qu’elle dépasse les 200 millions au Brésil et les 500 millions aux Etats-Unis, une situation qui fragilise considérablement les investissements européens, à la merci du premier dumping venu de la part des méga-producteurs. Parmi les chiffres communiqués, notons les 30 distilleries en Europe contre les 110 aux Etats-Unis, et le million d’hectares de betteraves-énergie en Europe contre les 13 millions de maïs-éthanol aux Etats-Unis. Les intervenants ont également souligné que les américains, du nord comme du sud, bénéficient, outre de l’absence de débat environnemental, mais aussi du recours aux OGM, aux antibiotiques et aux gaz de schistes bons marché, autant d’atouts empoisonnés interdits aux européens.

Intervention de Jean-Pascal HOPQUIN sur  aspects pratiques de la mobilisation de la biomasse

Intervention de Jean-Pascal HOPQUIN sur aspects pratiques de la mobilisation de la biomasse, photo FD

Le travail pour rendre acceptables les biocarburants aux yeux des européens repose donc sur une recherche poussée de tous les facteurs à même d’en réduire l’empreinte carbone, comme l’amélioration de la productivité à l’ha, le renforcement de l’efficacité culturale, l’autarcie énergétique ou encore le non recours aux importations de matières premières dont les qualités environnementales ne sont pas sérieusement vérifiées.

Enfin, parmi les aspects techniques abordés l’après-midi, notons la session sur les conditions de la mobilisation de la ressource animée par Ghislain GOSSE, Président d’Agro-Transfert Ressources et Territoires, par Jean-Pascal HOPQUIN, Sous-Directeur Chambre Régionale d’Agriculture de Picardie et par Marie-Laure SAVOURE, Chargée de mission, Agro-Transfert Ressources et Territoires, une session qui a permis de donner des pistes concrètes de travail sur la base d’expérimentations et de recherches de bonnes pratiques comma par exemple au travers du projet Optabiom.

Frédéric Douard, en reportage à Reims