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Péril pour la filière méthanisation agricole en Wallonie

Installation de méthanisation de la Ferme du Faascht à Attert, photo Lee Sàrl

Installation de méthanisation de la Ferme du Faascht à Attert, photo Lee Sàrl

Les biométhanisateurs wallons viennent de créer une fédération afin d’interpeller les décideurs politiques sur la dégradation économique de leur filière en Wallonie. Dans une lettre ouverte aux ministres concernés, ils appellent à prendre des mesures urgentes de soutien. Sans quoi, la plupart des 15 unités de biométhanisation feront faillite d’ici la fin de l’année. La Wallonie se retrouverait alors sans filière, malgré son potentiel local très important. Une situation d’autant plus interpellante que la biométhanisation est en forte croissance dans les Régions et pays voisins.

Le 2 septembre 2013, les représentants de 9 unités de méthanisation agricoles et non-industrielles wallonnes (sur les 15 existantes), réunis afin d’échanger sur la gestion quotidienne de leurs installations et sur les difficultés rencontrées, ont mis en évidence qu’ils rencontraient tous les mêmes problèmes, et ce, quelle que soit la puissance de leur installation : les conditions économiques se sont dégradées fortement dans un laps de temps très court. Les prix de rachat de l’électricité ont fortement diminué depuis trois ans, tout comme le prix des certificats verts. D’autre part, une taxe d’injection a été appliquée en octobre 2009, et demandée à partir de juillet 2010 (avec effet rétroactif à partir du 01/01/2009).

Alors qu’en 2010, les producteurs de biogaz wallons espéraient 137 €/MWh électrique (sans prendre en compte les certificats verts obtenus par la valorisation de la chaleur, variable d’un projet à l’autre, ainsi que la taxe d’injection qui a été demandée plus tard dans l’année), à l’heure actuelle, ceux-ci ne touchent plus que 98 €/MWhé, soit une baisse de près de 30 %. Le détail se trouve dans le tableau ci-dessous.

Recettes biogaz wallonie 2010-2013

Concernant les certificats verts, ils sont attribué aux producteurs en fonction de la quantité d’électricité injectée sur le réseau. Leur prix a baissé drastiquement ces dernières années. La plupart des producteurs ont démarré leur activité avec des certificats verts à 90 €. La diminution était attendue mais pas aussi brutalement. Le niveau de prix de 65 €/CV qui était supposé être atteint en 2020 selon des études de la CWAPE de 2011, est devenu réalité dès 2013.
Pour obtenir plus de certificats verts, il faudrait valoriser encore plus la chaleur produite, ce qui nécessiterait plus d’investissements, un élément pas forcément anticipé au démarrage des projets alors-même que « la mariée était si belle ».

De plus, les producteurs dénoncent une double pénalisation concernant les certificats verts : « nous payons le transport des matières, comme c’est le cas pour les tontes de pelouse. Et nous sommes pénalisés également par les certificats verts, via le CO2 qui nous est comptabilisé, alors que les économies de rejet de CO2 dues au traitement des effluents agricoles et des économies d’engrais ne nous sont pas décomptées. »

Prix de rachat du MWh en Wallonie

Enfin, les producteurs font remarquer que la guerre pour obtenir des intrants est désormais lancée. Entre 2011 et 2013, le coût d’approvisionnement en matières premières a augmenté en moyenne de 30 €/MWh, toute matière organique confondue. Des négociants spécialisés en déchets agro-alimentaires occupent désormais le marché pour fournir les pays limitrophes, qui ont les moyens financiers d’acheter de telles marchandises. La production de « déchets » organiques wallons est en train de produire de l’énergie dans d’autres régions. Le niveau de recettes des installations étant plus faible, les producteurs wallons ne sont pas en bonne position pour leurs achats d’intrants fermentescibles. Les flux de matière s’orientent vers les zones à meilleurs prix.

Et les producteurs wallons de conclure leur Lettre ouverte : Les installations ne tournent plus dans la plage de rentabilité depuis près d’un an (et plus dans certains cas). Il est urgent de prendre des mesures de soutien appropriées. Si rien n’est fait avant la fin de l’année, la plupart d’entre nous n’existeront plus.

>> Voir l’ensemble de la Lettre ouverte

Une information relayée par www.apere.org