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Valorisation potentielle de la menue paille en Belgique

Menue paille pressée, photo Frédéric Douard

Menue paille pressée, photo Frédéric Douard

L’association ValBiom (Wallonie) vient de réaliser un état des lieux succinct de la filière de la menue paille à partir de la littérature disponible. Après une courte introduction présentant notamment la composition et les avantages de la menue paille, des aspects techniques sont abordés (récolte, conditionnement, rendement). Les voies de valorisation, la situation en France et au Luxembourg ainsi que quelques données sur la rentabilité économique sont présentées.

Récolte de menue paille, photo Aile

Récolte de menue paille, photo Aile

La récolte de menue paille fait en effet l’objet d’un certain intérêt en France et au Luxembourg. Composée de grosse et fine paille, de grains (entiers et cassés) et de restes d’enveloppes, elle représente une quantité de biomasse avoisinant la tonne à l’hectare, traditionnellement éparpillée au champ par la moissonneuse. Diverses machines ont été dernièrement développées pour sa récupération. Ses voies de valorisation, sur lesquelles peu d’informations sont encore disponibles, rejoignent celles de la paille : alimentation animale, paillage, méthanisation et combustion. Outre la valorisation de biomasse supplémentaire, la récupération de menue paille permettrait de réduire l’utilisation d’herbicides (export de graines d’adventices) et d’augmenter la densité des bottes.

L’investissement requis pour adapter la moissonneuse n’est pas négligeable (8.000 à 33.000 €) mais doit être mis en parallèle avec l’évolution du cours de la paille, qui atteint épisodiquement des niveaux soutenus, notamment en 2012. Le développement d’une filière intégrée pour la menue paille, comprenant une utilisation en méthanisation après paillage par exemple, pourrait rentabiliser sa récolte et contribuerait aux objectifs de production d’énergie renouvelable de 2020 en Wallonie.

Les valorisations énergétiques

La menue paille peut être utilisée comme substrat de méthanisation.

Le potentiel  méthanogène a été évalué au même niveau que les issues de silo, autour de 200-260 m3/tonne (Decoopman, 2012) (Chambre d’Agriculture du Bas-Rhin, 2008). A titre de comparaison, le maïs ensilage et le lisier de porc possèdent un potentiel méthanogène de l’ordre de 200 et 35 m3/tonne, respectivement. Au moins une installation de méthanisation française (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun Oudet, Ardennes, France) utilise la menue paille à hauteur de 100 t/an et plusieurs autres projets français envisagent l’utilisation de menue paille comme source d’approvisionnement (Ingebos, 2012) (Chopin, 2013). Une perspective intéressante pourrait consister en l’utilisation de la menue paille en paillage, et par après, intégrer le fumier dans la production de biogaz. Le digestat issu de la méthanisation serait ensuite utilisé pour amender la culture débarrassée d’une partie de ses résidus de récolte.

La combustion

Le taux d’humidité constitue un facteur déterminant pour la performance de l’installation. Ainsi, au dessus de 20% d’humidité, l’allumage et la combustion peuvent devenir problématiques et les émissions polluantes augmentent.
La récolte de paille grise (ayant séjourné au champ et subit un lessivage par la pluie) semble à conseiller pour ce type de valorisation au vu de certaines publications sur la paille ; il devrait en être de même pour la menue paille. Ainsi, la paille grise (comparativement à la paille jaune, fraîche) présente un PCI légèrement supérieur, un taux de soufre, de chlore et de cendres inférieur, et un point de fusion des cendres plus élevé (100°C de différence). Le lessivage est néanmoins peu évident à mettre en œuvre : la paille peut notamment devenir trop humide et se dégrader (Bodineau, 2006) et des pertes peuvent avoir lieu.

Propriétés des menues pailles en combustion

La combustion de la menue paille présente certains inconvénients :

  • L’émission d’acide chlorhydrique (HCl) et d’oxydes de soufre susceptibles de provoquer la corrosion des tôles et cheminées. L’installation d’une cheminée en céramique garantit une meilleure longévité du système ;
  • La production d’un volume non négligeable de cendres (jusqu’à 8%) ;
  • La production de mâchefer, à gérer par l’équipement de la chaudière avec des grilles mobiles et un suivi régulier.

La valorisation de la menue paille en combustion, pour les raisons citées ci-dessus, n’est pas forcément évidente et implique l’utilisation d’un équipement adapté (chaudière polycombustibles, cheminée céramique, etc.), de réglages particuliers (température de fonctionnement qui ne doit pas dépasser le point de fusion des cendres) ou d’additifs (1-2% de chaux vive) augmentant le point de fusion des cendres.

Signalons également que du fait de sa faible densité, la menue paille ne sera pas transportable en vrac sur de longues distances. Les balles tendent à augmenter la densité vers 150, voire 200 kg/m3. L’idéal d’un point de vue logistique consiste à densifier la menue paille en granulés, mais cette opération représente un coût énergétique et économique non négligeable (Bodineau, 2006).

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Contact ValBiom sur cette thématique : Laurent SOMER – +32 10 47 38 18 – somer@valbiom.be