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Une électricité-biomasse à Madagascar, deux fois moins cher qu’au gazole

La centrale thermoélectrique d’Andaingo, Madagascar, photo Pierre Montagne, Cirad

A Madagascar, la première centrale thermoélectrique à biomasse, vient d’être mise en route dans la commune rurale d’Andaingo. Cet équipement unique produit une électricité deux fois moins chère qu’un groupe électrogène au gazole à partir du bois issu des plantations d’eucalyptus locales. L’installation devrait permettre de développer les activités économiques et artisanales de la commune et d’accroître l’emploi et les revenus des paysans. Elle a été conçue dans le cadre du projet Gesforcom (Gestion communale, gestion communautaire et développement local) par le Cirad et ses partenaires malgaches.

Dans la commune rurale d’Andaingo, le Cirad et ses partenaires malgaches et brésiliens ont mis en route, le 6 septembre 2012, la première centrale thermoélectrique à biomasse de Madagascar. Cet équipement unique produit de l’électricité au coût de 0,24 €/kWh, soit moitié moins qu’un groupe électrogène au gazole, et fonctionne grâce au bois des plantations d’eucalyptus situées sur la commune. Andaingo, qui compte près de vingt mille habitants, est située à 250 km à l’est d’Antananarivo, dans la région Alaotra-Mangoro. On y exploite 2 500 hectares d’Eucalyptus robusta dont le tiers est traité en taillis à courte rotation pour produire du charbon de bois pour Antananarivo.

Une unité d’électrification rurale décentralisée biomasse-vapeur vient d’y être installée dans le cadre du projet Gesforcom (Gestion communale, gestion communautaire et développement local) soutenu par l’Union européenne, afin d’assurer la production d’électricité à faible coût en valorisant le bois produit localement. C’est l’organisation de l’ensemble de la filière, depuis la gestion des plantations jusqu’à la production de l’électricité, que le Cirad et ses partenaires malgaches et brésiliens ont supervisée.

La chaudière d’Andaingo, Madagascar, photo Pierre Montagne, Cirad

L’unité d’électrification rurale décentralisée biomasse-vapeur
L’installation comprend un foyer et une chaudière, où a lieu la combustion de la biomasse et qui fournit l’énergie thermique portant l’eau à l’état de vapeur sous une pression de 12 bars à 250 °C. Son moteur à vapeur vertical permet de transformer l’énergie thermique en énergie mécanique, qui actionne un rotor d’alternateur d’une puissance de 75 kW pour produire l’électricité.

La vapeur, libérée à une pression plus faible, peut être réutilisée à d’autres fins, notamment avec la cogénération d’eau chaude à 95 °C, pour le séchage de planches de bois ou de fruits, par exemple. L’ensemble a été conçu par l’entreprise brésilienne PSI, qui a testé le moteur.

Une installation et une gestion exemplaires
Cette installation est un exemple d’aménagement et d’exploitation rationnelle et durable des plantations d’eucalyptus, qui sont gérées de telle sorte qu’aucun risque n’est à craindre pour l’environnement et la forêt.

Pour approvisionner la centrale, les besoins s’élèvent à 1 tonne par jour de bois à 30 % d’humidité maximum, soit 400 tonnes par an. Sur la base d’une production moyenne de 35 à 75 tonnes à l’hectare pour des arbres de 5 ans, cela correspond à 6 à 12 hectares récoltés par an, soit une surface totale comprise entre 30 et 60 hectares. Une unité de sciage et de séchage du bois complète cette installation.

Pour fonctionner, la centrale exige de bonnes relations entre tous les acteurs. C’est pourquoi plusieurs réunions de concertation ont été organisées avec des représentants de la commune et de l’administration forestière et les gestionnaires du projet. Ces réunions ont notamment permis de fixer le prix de la biomasse et de l’électricité, et ont abouti à une convention de gestion.

Plantation d'Eucalyptus à Andaingo, photo Pierre Montagne, Cirad

Des retombées économiques pour l’ensemble des habitants
Cette électricité bon marché va permettre de développer les activités économiques et artisanales de la commune, de créer des emplois et d’augmenter les revenus des paysans, qui trouveront là un débouché pour le bois de leurs plantations.

Elle concerne en fait l’ensemble des ménages, qui verront leur confort amélioré. Ce sont, à terme, plus de six cents ménages, une centaine d’activités génératrices de revenus et une dizaine d’infrastructures publiques qui bénéficieront de cette électricité.

Pour apprécier les retombées de cette unité d’électrification, les chercheurs vont réaliser une analyse socio-économique approfondie de la situation des ménages avant et après son installation. Une enquête similaire, conduite dans le cadre d’un autre projet d’électrification rurale malgache, a évalué le niveau de revenus annuels à 800 € par ménage.

Partenaires

  • Centre national de la recherche appliquée au développement rural (Fofifa, Madagascar)
  • Participation à la gestion de l’environnement (Partage, Madagascar)
  • Agence pour le développement de l’électrification rurale (Ader, Madagascar)
  • PSI Thermo Metalurgica LTDA (Brésil)

En savoir plus :

  • www.gesforcom.eu
  • Pierre Montagne, Antananarivo, Madagascar, pierre.montagne@cirad.fr