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Biomasse, les écolos, jamais contents

Editorial du Bioénergie International n°25 de mai 2013.

Bulles de biogaz à la surface d'un digesteur, photo Frédéric Douard

Le 29 mars 2013, le gouvernement français annonçait, chose historique, un premier véritable plan national pour le biogaz agricole. Doté de 2 milliards d’euros, ce plan affiche l’objectif de 1 000 méthaniseurs à la ferme en 2020. Pour ceux qui militent pour les énergies renouvelables depuis longtemps, c’est l’ébullition, car cette nouvelle était attendue depuis plus de 30 ans, au point que ce sursaut politique et industriel ait fini par devenir un mirage.

Pourtant, c’est arrivé, et c’est arrivé dans un paquet cadeau à l’agriculture qui devra parallèlement résoudre ses problèmes d’excédents azotés. Ce plan, au joli prénom féminin de EMAA, pour Energie Méthanisation Autonomie Azote, se compose ainsi de deux volets : un volet énergie et un volet pollution, avec l’idée que la méthanisation va fonctionner comme un piège à nitrate dans les régions excédentaires, celles de l’élevage intensif, et qu’une fois piégé, l’azote pourra être redirigé vers les régions en besoin : magique ! Sauf que ce tour de passe-passe ne plaît pas à toutes les organisations écologistes, qui dès le lendemain de l’annonce du plan, faisaient savoir à grands renforts de communiqués, que le biogaz ne serait pas l’alibi pour continuer à justifier l’élevage intensif. Et certains, toujours à considérer la biomasse comme suspecte, de comparer le biogaz à la française, promu par ce plan, utilisant majoritairement des déchets, au biogaz à l’allemande, utilisant des cultures énergétiques …sous entendu non durables. Et d’autres de proclamer que plutôt que de lancer un grand projet biogaz, il fallait d’abord revoir tout le système agricole intensif.

Certes la manœuvre est habile pour une partie de l’agriculture, qui avec la méthanisation, trouve à reficeler une boucle folle qui, s’étant ouverte vers les sols, les rivières et la mer, était devenue incontrôlable, au risque de tuer le système. Pourtant, la méthanisation, c’est aussi l’autonomie énergétique des exploitations, le recours à des amendements non synthétiques, moins énergivores et donc moins chers, la production d’énergie renouvelable et locale moderne pour le chauffage, l’électricité et les transports. Et puis tous les candidats à la méthanisation ne sont pas des méga-éleveurs de bestiaux.

Alors pitié, arrêtons de jeter toutes les initiatives à la poubelle au prétexte qu’elles ne sont pas parfaites, de vouloir toujours faire la révolution, prenons tout le positif de ces mesures, travaillons à les améliorer et avançons. Car à force de hurler que tout est mauvais, l’opinion finit par penser que la tâche est insurmontable, que rien n’est possible, et que donc il n’y a rien à faire, et les artisans de la protestation de décourager les bonnes volontés !

Frédéric Douard


1 réponse
  1. 7 février 2014

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