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Stratégie de l’Irlande pour les énergies renouvelables 2012-2020

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Le 28 mai 2012, le ministre irlandais des Communications, de l’Energie et des Ressources Naturelles, Patrick Rabitte, lançait la stratégie du gouvernement pour les énergies renouvelables pour la période 2012-2020.

Cette stratégie définit cinq objectifs – augmentation de la proportion d’électricité issue de ressources durables terrestres et offshore, développement de la production de bioénergie, augmentation de la capacité de R&D dans ce domaine, augmentation de l’utilisation d’énergies renouvelables dans les transports, développement d’un réseau d’énergies renouvelables – à atteindre ou tenter d’atteindre pour ce secteur de l’économie qui emploierait 19.000 personnes, selon le groupe d’expert sur les compétences nécessaires à l’avenir (The Expert Group on Future Skills Needs). Le groupe suggère également qu’à ce chiffre devrait s’ajouter 10.000 emplois supplémentaires si des mesures adéquates sont adoptées.

Le cadre européen, avec la directive 2009/28/EC, oblige les Etats membres à s’assurer que d’ici à 2020, 16% de l’énergie consommée dans le pays provienne de sources durables. L’objectif global qui est à la base de cette stratégie est double : produire une énergie renouvelable sans risques, à un tarif compétitif, et réduire la dépendance énergétique du pays en multipliant les sources d’énergie propre. D’autant plus que la mise en oeuvre de mesures de soutien au développement pour ce secteur ne se ferait pas sans bénéfices pour le marché de l’emploi. Les atouts de l’Irlande pour ce faire sont multiples, une recherche active et de bon niveau au sein d’institutions nombreuses (universités, autorité irlandaise pour les énergies renouvelables – SEAI -, agence de protection de l’environnement -EPA-, Science Foundation Ireland, Marine Institute, etc.), un régime fiscal favorable pour les entreprises et une main d’oeuvre disponible et bien formée. Les ressources disponibles en Irlande pour la production d’énergie renouvelable sont plus importantes que la consommation annuelle du pays. Le développement de la filière devrait donc conduire, en temps voulu, à la possibilité d’exporter entre 6000 et 7000 MW/an d’électricité vers le Royaume-Uni, et éventuellement l’Europe du Nord et de l’Ouest. Le gouvernement annonce qu’il travaillera en collaboration avec le Royaume-Uni, le British-Irish Council, la Commission européenne et les Etats membres pour créer les conditions juridiques favorables à l’exportation d’énergie.

Objectif stratégique numéro 1 : Augmentation de la proportion d’énergie éolienne terrestre et offshore pour le marché intérieur et extérieur

Le gouvernement souhaite que la production offshore soit développée afin d’être exportée, si cette exportation peut rapporter à l’Etat. Dans le même temps, des groupes de travail au sein du British-Irish Council ont été créés en 2009 pour l’énergie, l’un travaillant sur les réseaux d’électricité et le marché de l’énergie, et l’autre sur les énergies marines. L’objectif est de créer une dynamique régionale permettant de mettre en commun les ressources, en recherche notamment, et exercer un poids plus important sur les politiques européennes. De plus, avec en ligne de mire la création d’un marché européen unique de l’énergie, et son étape intermédiaire la création de zone d’échange régional, l’une d’entre elle formée par la France, le Royaume-Uni et l’Irlande. Eirgrid, gestionnaire du réseau irlandais, et System Operator Northern Ireland, son homologue nord-irlandais, travaillent à s’assurer que la transition vers le marché unique se fasse dans des conditions politiques et législatives adaptées à l’île toute entière. La North Seas Countries Offshore Grid Initiative (NSCOGI) est un accord négocié par l’Irlande avec 9 autres Etats membres, la Commission européenne et les associations européennes représentant les régulateurs et les gestionnaires de réseaux de transport d’électricité, destiné à établir les conditions réglementaires et économiques adaptées à l’exploitation la plus efficace possible du potentiel énergétique de la Mer du Nord.

Quelques actions clés :

  • Création de stratégies locales pour les énergies renouvelables en consultation avec SEAI et les régions concernées pour adapter le développement de ces technologies aux besoins environnementaux et urbains des zones concernées.
  • Mise en oeuvre du second plan de tarifs de rachat (REFIT 2) pour les énergies renouvelables terrestres et développement du cadre réglementaire adapté à l’énergie éolienne. Ce plan REFIT 2 a été pensé pour s’adapter et faciliter l’arrivée sur le réseau de nouvelles sources renouvelables d’électricité.
  • Connexion chaque année au réseau d’une capacité minimum de 200 MW d’électricité renouvelable en s’assurant qu’Eirgrid fasse les investissements nécessaires sur le réseau électrique.
  • Trouver un accord avec le Royaume-Uni sur l’échange d’énergie entre les deux pays.

Objectif stratégique numéro 2Un secteur des bioénergies durable pour la production de chaleur et d’électricité

Les filières productrices de sources de bioénergie (forêts, récoltes agricoles …) doivent être soutenues, de même qu’une utilisation plus importante de biocarburants et de biomasse pour la production de chaleur. Le plan REFIT 3, annoncé en 2011, de même que la stratégie nationale pour la bioénergie, vont aller dans ce sens, et REFIT 3 comprendra en plus un volet sur la gestion des déchets. Ce programme de tarifs de rachat, combiné aux subventions du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires Maritimes pour la production de biomasse, doit aboutir à la connexion au réseau d’une capacité de production de 310 MW dont 200 MW issus des procédés de méthanisation et de transformation de la biomasse solide.

Quelques actions clés :

  • Consultation des autorités locales pour adapter les plans de développement de ces technologies aux besoins réels du pays.
  • Mise en place du plan REFIT 3, avec des tarifs de rachat de l’électricité produite par la biomasse compris entre 8,5 et 15 centimes du kWh sur 15 ans.

Objectif stratégique numéro 3Croissance durable grâce à la recherche et au développement de technologies, incluant l’intégration sur le marché des technologies marines

Le soutien à la recherche marine doit être maintenu par les agences gouvernementales concernées (Marine Institute, SEAI, Enterprise Ireland, Marine Energy Research Center à University College Cork, etc.), cette filière ayant été désignée comme une priorité dans le rapport gouvernemental sur la priorisation de la recherche (Report of the Research Prioritisation Steering Group) publié en 2012.

Quelques actions clés :

  • Introduction par le ministère de l’Environnement et des Autorités Locales d’une nouvelle législation pour le littoral fournissant les autorisations nécessaires à l’installation de machines offshore.
  • Poursuivre le programme pour les énergies de l’océan (Ocean Energy Roadmap 2010-2050) en collaboration avec les agences gouvernementales.

Objectif stratégique numéro 4 : Un secteur des transports plus propre grâce aux biocarburants et aux véhicules électriques

Forcée d’atteindre une proportion de 10% d’énergie renouvelable consommée dans les transports, comme tous les Etats membres, l’Irlande a mis en place une obligation nationale relative aux biocarburants (Biofuel Obligation Scheme), imposant aux entreprises qui vendent les carburants usuels, de vendre 4% de biocarburants. Par ailleurs, 550 emplacements de recharge de véhicule électrique ont été installé dans le pays et des mécanismes de subventions sont en vigueur pour l’achat de ce type de véhicule.

Quelques actions clés :

  • Evaluation en 2013 du mécanisme d’incitation à l’achat de véhicules électriques et modification de ce système si besoin.
  • Soutenir le déploiement des infrastructures de recharge de véhicules électriques sur le territoire.

Objectif stratégique numéro 5 : Des réseaux d’énergie performants, rentables et durables

Le développement des énergies renouvelables et de certaines zones économiques régionales ont conduit l’Irlande à investir dans le réseau de transport d’électricité. Le but est de rendre le réseau plus ‘intelligent’ et capable de gérer des points de production d’électricité intermittents.

Quelques actions clés :

  • Soutien continu de la recherche sur les réseaux intelligents, en assurant une position de leader international sur ces sujets par des partenariats industrie-recherche.
  • Mise en place par EirGrid du programme DS3 (Delivering a Secure Sustainable Electricity System). Le programme inclut la surveillance et la gestion des sources d’énergie du réseau pour en tirer le meilleur parti.

Ainsi la mise en place de l’appareil destiné à permettre à l’Irlande de respecter ses engagements européens et internationaux en matière environnementale et énergétique se poursuit. La création d’un marché unique de l’énergie en Europe, encore techniquement peu développé, est une idée très étudiée et qui devrait se réaliser dans les prochaines années. Le développement de l’énergie offshore est soutenu par les tarifs de rachat et les financements de la recherche de manière très importante : l’enjeu est double pour l’Irlande puisqu’il s’agit non seulement d’atteindre les objectifs environnementaux auxquels elle est engagée mais de le faire de telle manière que le pays devienne un leader international sur ces sujets.

Pour en savoir plus :

Origine : BE Irlande numéro 48 (12/03/2013) – ADIT – www.bulletins-electroniques.com