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Avec le tarif d’injection réseau, le plan biogaz français est enfin complet

Schéma des filières de méthanisation, Ministère de l'écologie français, cliquer pour agrandir.

Le ministère du Développement durable vient de mettre la dernière main au dispositif français pour le lancement de la filière méthanisation. Les textes réglementaires finalisant ce dispositif sont publiés au Journal officiel le 23 novembre 2011. Encore peu développée en France, la méthanisation dispose d’un potentiel environnemental, économique, industriel et territorial important. Elle permet de valoriser les déchets urbains, industriels et agricoles en une énergie renouvelable, sous forme de biogaz, qui peut, en fonction des contraintes locales, soit être transformé directement en électricité, en chaleur, en biocarburant ou alors être injecté dans le réseau de gaz naturel.

La France s’est fixé des objectifs ambitieux qui prévoient sur une dizaine d’années la multiplication par quatre de la production d’électricité (625 MW en 2020) et par quatre de la production de chaleur (555 ktep en 2020) à partir de biogaz.

Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement s’est attaché depuis le début de l’année 2011 à organiser la promotion de cette filière par la mise en place d’un dispositif de soutien global et adapté à chaque valorisation du biogaz (électricité, chaleur ou injection dans le réseau de gaz naturel). Cette mise en place s’achève avec la création d’un tarif d’achat garanti aux producteurs qui feront le choix d’injecter leur biométhane (biogaz épuré) dans les réseaux de gaz naturel.

Les textes publiés vont permettre de lever un frein majeur au développement de la méthanisation en lui offrant de nouveaux débouchés : il autorise désormais les producteurs de biogaz à injecter leur gaz issu de déchets dans les réseaux de gaz naturel. Il leur sera racheté entre 45 et 125 €/MWh, en fonction de la taille de l’installation, du type d’unité de production et de la nature des déchets valorisés.

« La méthanisation est une opportunité pour atteindre notre objectif de 23 % d’énergies renouvelables en 2020 mais c’est également une solution pour résoudre le problème de traitement des déchets. Alors que la France ne dispose que deux cent installations de méthanisation, contre plus de 3 000 en Allemagne, cette mesure va accélérer le développement de la filière et la création d’emplois dans ce secteur », a déclaré Nathalie Kosciusko-Morizet.

En 2020, la production de biogaz injecté dans les réseaux de gaz naturel devrait représenter un tiers de la production annuelle actuelle de gaz naturel en France, soit l’équivalent de la consommation de près de 200 000 foyers.

Cette nouvelle disposition complète les actions de soutien mises en place par le Gouvernement pour la méthanisation dans le cadre du Grenelle environnement :

  • pour la production d’électricité. En mai, le Gouvernement a revalorisé le tarif d’achat de 15 à 25 % pour les petites et moyennes installations agricoles ; cette mesure doit permette de multiplier par quatre la production d’électricité à partir de déchets en 2020, soit un objectif de 3,7 térawattheures par an en 2020.
  • pour la production de chaleur. Le Gouvernement a doté de 1,2 milliards d’euros un Fonds Chaleur Renouvelable pour la période 2009-2013. L’objectif sur cette période est de multiplier par sept la production de chaleur à partir des déchets, afin qu’elle représente près d’un sixième de l’énergie consommée sur les réseaux de chaleur en France, soit un objectif de 555 000 tonnes équivalent pétrole par an en 2020.

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Au total, à horizon 2020, le soutien apporté par l’Etat à la filière sera de l’ordre de 500 millions € par an.

Biogaz – quelques chiffres

  • En 2010, la production d’électricité à partir de biogaz a été d’environ 1 térawatt-heure. C’est l’équivalent de la consommation moyenne de plus de 200 000 foyers (hors chauffage).
  • La production de chaleur à partir de biogaz a été d’environ 1,6 térawatt-heure, soit 129 000 tonnes équivalent pétrole.
  • D’ici 2020, le nombre d’installations devra passer d’environ 200 actuellement à près de 1 500. La progression sera considérable pour les installations avec une participation agricole sont actuellement près d’une quarantaine sur le territoire alors qu’elles seront près d’un millier en 2020. Le biogaz permettra d’alimenter l’équivalent de 800 000 foyers en électricité renouvelable (hors chauffage) et de produire l’équivalent de 555 000 tonnes de pétrole en chaleur renouvelable.

Frédéric Douard, Bioénergie International