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Ouvrage : le bananier au Cameroun, une mine de bioénergies

Bananiers au Cameroun, photo Frédéric Douard

Gembloux Agrobiotech en Wallonie vient de mettre en ligne sur le site de la revue BASE (Biotechnologie, Agronomie, Société et Environnement) la totalité d’un ouvrage très complet réalisé en 2010 sur les valorisations possibles des déchets du bananier en bioénergies (Bioéthanol, biogaz et granulés).

Les auteurs : Irénée Kamdem, Kodjo Tomekpe et Philippe Thonart

Le titre : Production potentielle de bioéthanol, de biométhane et de pellets à partir des déchets de biomasse lignocellulosique du bananier (Musa spp.) au Cameroun

Dans le souci de contribuer à la protection de l’environnement et au développement durable du Cameroun, le présent travail met en exergue le potentiel énergétique des déchets de biomasse lignocellulosique du bananier produits et non valorisés sur l’étendue du territoire camerounais. Dans un contexte de changement climatique menaçant, d’industrialisation croissante, de démographie galopante, de menace de notre sécurité alimentaire, de déforestation massive et de réserves d’énergies fossiles limitées, les résultats obtenus montrent qu’une transformation de ces déchets en bioéthanol, biométhane et pellets serait bénéfique pour les pays producteurs de bananes et plantains en général et pour le Cameroun en particulier.

Parallèlement à la pollution biosphérique, le niveau de consommation d’énergies modernes (électricité et énergie fossile) au Cameroun est nettement inférieur à la moyenne africaine qui aussi, est largement en dessous de la moyenne mondiale. La demande énergétique sans cesse croissante est loin d’être satisfaite, alors que les sources de nouvelles énergies renouvelables y sont abondantes. En tant que premier pays africain producteur et exportateur de bananes, le Cameroun génère une importante quantité de déchets de biomasse lignocellulosique du bananier. Nous avons estimé la production actuelle de ces déchets à environ 402 750 tonnes de matière sèche. Avec le projet Prébap à moyen terme, nous estimons cette production à 716 000 tonnes. Par hectare, nous obtenons 19,69 tonnes de matière sèche de déchets (rejets et rejetons compris).

Sans tenir compte du Prébap, la conversion potentielle desdits déchets en biocarburants de seconde génération nous donnerait 93 800, 92 133 et 447 500 tonnes de bioéthanol, de biométhane et de granulés respectivement. Sans tenir compte de la production d’électricité par cogénération, les potentiels énergétiques qui découlent de cette conversion montrent qu’une éventuelle production des pellets (1 950 x 106 KWh) serait énergétiquement plus bénéfique qu’une production du biométhane (1 262,6 x 106 KWh) et de l’éthanol (554,4 x 106 KWh). Le rendement de production d’électricité à partir du biogaz étant techniquement d’environ 1/3, l’électricité produite annuellement (421 x 106 KWh) à partir du biogaz issu des déchets étudiés et sans tenir compte du Prébap, représenterait 10,6 % de la demande nationale actuelle en électricité. Les 2/3 d’énergie dissipée (842 x 106 KWh) seraient exploitées en cogénération pour le séchage des aliments.

Il découle de cette étude que l’énergie potentielle du biogaz issu de la fermentation méthanique des DBA représenterait au Cameroun environ 32 % de la demande nationale actuelle. Tenant compte du Prébap, cette énergie atteindrait environ 50 % de ladite demande.

Compte tenu des multiples usages de l’éthanol et de son prix sur le marché local (environ 1,5 Eur.l-1), il serait économiquement plus rentable de transformer ces déchets en bioéthanol. Cependant, les investissements sont malheureusement élevés, c’est le cas de la société Biowanze en Belgique. Sur le plan environnemental, une transformation desdits déchets en biométhane permettrait non seulement de générer de l’électricité et de la chaleur par une cogénération mais aussi de fournir aux agriculteurs des digestats traités devant être utilisés comme engrais ou amendements agricoles. Comme tout processus de transformation énergétique des biomasses lignocellulosiques, le succès de la transformation des déchets du bananier en un des biocarburants mentionnés dans cette étude dépend aussi bien du rendement énergétique final que du bilan écologique.

Sur le plan pratique, il serait peut être difficile de réaliser la biotransformation de tous les déchets de biomasse lignocellulosique du bananier produits dans tout le pays. Mais en réalisant la conversion de seulement 30 % de cette biomasse, on soulagerait la biosphère, l’économie nationale à travers les créations d’emploi et une bonne partie de la population souffrant du déficit énergétique. Cette biotransformation serait évidemment en phase avec le développement durable du pays.